VII
Laurine n’aimait pas rentrer tard le soir. Attendre dans les couloirs lugubres du quartier d’affaires de La Défense n’était pas son passe-temps favori, encore moins quand il n’y avait pas un chat et qu’elle se raidissait chaque fois que quelqu’un passait un brin trop près. Les trains étaient de moins en moins fréquents plus l’heure avançait et pour le coup, il commençait à faire froid.
Ils n’étaient pas nombreux. Elle patientait en fin de quai pour éviter de se placer près d’un groupe de jeunes qui sortaient manifestement d’une fête bien arrosée. Elle se retrouvait au lieu de quoi non loin d’une autre personne tout aussi peu engageante et un peu trop statique, un bout de papier dans les mains, sur la bordure blanche. Une fille, au moins. Elle n’avait rien à craindre.
Laurine ne voyait pas son visage car elle lui tournait à moitié le dos. Sa chevelure rouge disparaissait sous un joli bonnet bleu turquoise orné de motifs d’oiseaux colorés. Laurine aurait aimé en avoir un de ce style, mais elle avait peur qu’il ne siée pas à ses cheveux blonds trop clairs.
Elle fut soulagée lorsqu’elle vit sur le panneau d’affichage que le train approchait. Sur sa droite, la fille au bonnet n’avait pas bougé. Les phares éclairèrent faiblement la pénombre et allaient bientôt arriver à son niveau. Et puis un mouvement capta son regard.
Elle eut juste le temps de voir la fille se jeter sur les rails.
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