Chapitre 25 : Retrouvailles (3e partie)
Gaëlliane :
C'était l'instant de vérité, le moment où j'allais devoir tout déballer en espérant qu'il ne me rejette pas comme une merde alors qu'il en aurait toutes les raisons. La terreur m'habitait, reflet de la colère que j'avais perçu monter en lui quand j'avais laissé entendre que non-seulement il y avait eu Geralt mais aussi d'autres…
Mon corps entier me semblait trembler de l'intérieur et ma voix était mal assurée quand je répondis à sa question :
– De fois, je ne sais pas, je n'ai pas tenu le compte... De personnes : trois, dont une femme… Je suis désolée… Je n'avais jamais imaginé te faire ça un jour...
Je baissai les yeux, honteuse et triste.
– Est-ce que ça en valait la peine au moins ?
– Ou.. Oui…, soufflai-je. Je ne regrette que de t'avoir trahi, blessé…
– Je suis surtout déçu… Je te faisais confiance…
Cet aveu me fit plus mal encore… Sa colère m'aurait semblé moins douloureuse. Il voulut alors tout savoir, chaque relation, chaque détail et docilement je racontai, à la fois honteuse et soulagée de pouvoir me mettre en paix avec ma conscience. Je n'avais plus rien à perdre dorénavant : il tenait en son pouvoir l'avenir de notre couple. J'avais probablement perdu sa confiance et tout ce que je pouvais lui offrir c'était de l'honnêteté et de la transparence.
Un grand silence se fit à la fin de ma confession. C'était glaçant. Je baignais dans le malaise, réalisant tout ce que j'étais peut-être sur le point de perdre. Bien-sûr j'aurais pu détourner son attention pour lui parler des Dryades mais je ne me sentais tout simplement pas légitime : contrairement à lui j'avais eu pleinement le choix. Lui ne me regardait pas. Il semblait absorbé dans ses pensées. Je murmurai d'une toute petite voix :
– Je n'ai jamais cessé de penser à toi… Tu es le seul que j'aime.
Il happa mon regard, ses yeux étaient durs, je ne pouvais pas m'en détacher. Sa voix rauque claqua comme un fouet brûlant :
– Et tu es à moi!
– Je sais… Je l'ai pleinement compris quand j'ai assisté à tes ébats avec Taänië… murmurai-je en jouant machinalement avec mon amulette. La douleur que j'ai ressenti en te voyant prendre plaisir avec elle m'a fait un électrochoc… Je suis à toi et tu es à moi, affirmai-je en le regardant dans les yeux.
Il se rebiffa :
–Tu ne vas pas avoir le culot de me reprocher l'accord de ton aïeule ?! Tu m'as envoyé ici en toute connaissance de cause. N'essaie surtout pas de retourner la situation !
Je posai délicatement ma main sur son avant-bras :
– Je ne te reproche rien. Je suis la seule et unique coupable dans cette situation. Je me dois d'assumer la conséquence de mes choix et de mes actes. Tu es libre de décider si tu veux encore de moi ou non. La forêt est bien assez grande pour ne pas se croiser si tu le souhaite. Mélusine pourrait venir tantôt chez l'un, tantôt chez l'autre. Elle n'en souffrirait pas je pense…
Moi, je souffrais de lui tendre cette perche pour me sortir de sa vie. Mon coeur était comme broyé dans ma poitrine, mes mains tremblaient, mes jambes auraient menacé de s'effondrer sous moi si je n'avais pas été assise, les larmes me montaient aux yeux et j'essayais de ne pas le laisser couler. Je ne voulais pas qu'il fasse son choix par pitié. Soit il arrivait à passer au dessus de ma faute, même si rien ne serait plus comme avant, soit il choisissait de rompre.
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