Le bruit du silence
de Plume de Manon
J'étais assise, là, dans la pièce, quatre autres personnes attendaient le docteur, ma soeur avait pris rendez-vous pour moi. Mis à part ma mère, c'était la seule qui savait parler de la famille ! Ma mère. Ma mère qui est partie, en me mettant au monde.
"- Marleine Soupons ?"
Je savais entendre, je comprenais ce qu'on disait, mais ne pouvais parler. Alors, je levai la main, il me fit signe d'entrer.
"-Alors, je vais voir ce qu'on m'a dit, c'est bien votre soeur Régine Soupons qui a téléphoné pour vous ?"
Je fis oui de la tête. Au fond de moi, je me disais, quelle ironie, je dois répondre à toute sorte de questions sans même pouvoir parler ! Ma soeur ne pouvait m'accompagner, car elle était encore à l'université. Elle m'avait bien précisé qu'elle pouvait s'absenter pour une fois, mais je lui avais dit non, qu'elle n'allait pas s'occuper toute la vie de sa grande soeur ! Alors j'étais là, à attendre que le médecin se rende compte que je ne pouvais prononcer des mots pour lui répondre !
"-Ha ! Hé bien, je suis désolé, je ne savais pas. Nous allons, nous allons reprendre si vous voulez bien, alors vous faites oui de la tête ou non. Vous pouvez entendre au moins ?"
Je balançai ma tête de haut en bas. Au fond de moi, je savais que ce n'était pas une bonne idée de venir ici, ça allait plus m'humilier qu'autre chose. Mais j'étais là, je respirai par grand coup, mes yeux étaient rouges et humides, cela faisait une semaine que je n'avais pas dormi, tout ça à cause des voisins, ils frappaient sur les murs sans cesse, mais je n'étais pas là pour ça ! Non, j'étais là car je souffrais d'affreux acouphènes !
"-C'est bien ça ?"
Je réalisai alors que le docteur venait de me parler pendant plus de dix minutes, et que je ne l'avais pas écouté une seconde. Pour ne pas devoir me trouver dans une situation embarrassante, je fis oui.
"-Bien, et ça dure depuis combien de temps ?" Il est bête ou quoi ? Comment veut-il que je lui dise.
"- Ha oui, tenez, vous savez écrire ?"
Je fis encore oui, puis, j'écrivis que cela faisait environ un gros mois.
"- Très bien, et vous n'avez pas de problème de vision ?"
Je m'arrêtai net, quel était le rapport... ? Je notai alors un grand point d'interogation.
"- Écoutez, il, il existe des centres de médecine pour les personnes dans, dans votre cas."
Mon sang ne fit qu'un tour, il ne savait pas dire "muettes" ? Je partis de la pièce et claquai la porte, derrière moi, je l'entendis dire :
"- Personne suivante, Jean Ilusi ?"
J'étais plus qu'énervée, je marchais en faisant des pas d'un mètre. Je voyais les gens autour de moi parler, j'avais l'impression que tout le monde me regardait.
Plus tard, dans la soirée, je fis une visio-conférence avec ma soeur. Elle, me parlait, moi, je lui écrivais. Ma soeur habitait avec mon père, elle n'avait que 19 ans et c'était sa première année en droit. Moi, j'en avais 25, et je n'avais suivi aucune étude supérieure. Par contre, j'habitais dans un appartement en plein centre de Bruxelle. "Boum, boum", je me retournai, les voisins frappaient encore sur les murs, je dis à ma soeur d'attendre. Je sortis dans le couloir, mais bizarrement tout était éteint. J'allai quand même frapper à la porte d'à côté. Personne ne vint. Je ne comprenais pas, dormaient-ils ? Mais alors, qui était-ce ? Je courus dans le couloir, les portes défilaient devant mes yeux, je voyais par la petite fente du dessus qu'il faisait noir. Je revins alors dans mon appart. Toutes les lumières étaient éteintes, je pris le vase sur le meuble de l'entrée, on ne savait jamais !
Une silhouette, imposante, et sombre, se trouvait devant moi... Je frappai dessus, une, deux, trois fois. Soudain, je me rendis compte que je fermais les yeux; je les ouvris, devant moi la table fracassée, mes mains en sang et le vase éclaté, avec certains morceaux dans ma peau...
"-Marleine ?"
Zut, elle était encore là, je courus à la cuisine et attrapai un torchon, je l'entourrai autour de ma main. Le bout de tissu devenait de plus en plus rouge. J'écrivis alors à ma soeur : "j'ai cassé un truc !"
"-Quoi ! Mais pourquoi ?"
"J'ai cru qu'il y avait quelqu'un !"
''-Et donc la solution la plus évidente était de casser ce truc ? Mais c'était quoi ce truc... ?''
-"La table..."
"-Mais t'es folle ?"
Soudain, la lumière s'éteignit, d'un coup. l'ordi aussi était éteint. "Hé merde !" pensais-je.
Je descendis au rez-de-chaussée, j'étais muette et à présent aveugle. Mais je connaissais cet endroit et je me repérais facilement. Un homme était là, à chipoter dans l'encadrement de la borne électrique. Quand il m'entendit arriver, il se redressa... Son visage était recouvert d'un mélange boueux et rouge. Il s'arrêta un moment et puis courut vers moi. J'essayai tant bien que mal dans ce noir de remonter jusqu'à mon appartement, mais soudain, je trébuchai. Tout, à partir de ce moment-là, se passa très vite. Je sentis qu'on me tirait par la cheville, j'étais tétanisée, je ne savais plus bouger. Je repensai alors à ma journée, le médecin qui m'avait posé des questions sur les illusions, l'homme après moi et son nom de famille : Ilusi... Non, tout ça n'était que des illusions, je sentis une force m'envahir, je me relevai et je courus, courus. Mais à un moment je me sentis tomber, et là, et là...
"-Nous somme à l'hôtel Des Anges, c'est ici qu'a été retrouvée Marlène Soupons, morte de manière encore indéterminée."
Table des matières
En réponse au défi
Cinq minutes d'entretien
Une phrase : ''Et donc la solution la plus évidente était de casser ce truc ?'', thème libre.
Pas plus de cinq minutes de lecture, je demande juste un texte sur le vif, si ça vous inspire pour écrire vingt pages tant mieux pour vous mais je ne veux que la scène durant laquelle cette phrase est prononcée.
Pas de contenu sensible.
Essayez de surprendre votre lecteur avec votre contexte.
Commentaires & Discussions
Le bruit du silence | Chapitre | 1 message | 3 ans |
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