Je ne sais pas comment j'ai fait pour passer dans cette fente. Certes, je ne suis pas grosse, mais je ne suis pas très adroite en général.

D'ailleurs, ma course avec le dragon aurait pu finir bien plus mal qu'avec une simple entorse. Quand j'étais petite, ma mère disait toujours que je finirais coincée dans un bureau si je ne devenais pas plus sportive. Quand on voit que je suis maintenant assistante juridique, on peut dire qu'elle avait raison.

En parlant d'être coincée, cette fois, je l'étais de façon littérale.

Le dragon faisait les cent pas devant ma cachette en soupirant.

De plus, la cavité que j'avais découverte ne me permettait même pas de me mettre debout. Tout autour de moi, de petites pierres lumineuses et multicolores illuminaient ma prison. Leur clarté m'aveuglait et j'ai été forcée de fermer les yeux.

Seule dans ce trou, je me sentais triste et abandonnée. J'ai pris la vieille balle de Wolfie dans ma poche et l'ai serré contre mon cœur comme un doudou. Son caoutchouc mouillé avait l'odeur d'une chaussette sale oubliée au fond d'une valise, mais ça m'a un peu rassurée. « 

Anaïs, ressaisis-toi ! » me suis-je sermonnée en imitant la voix de ma mère dans ma tête. « Arrête de faire l'enfant et trouve un moyen de quitter cet endroit cauchemardesque avec Wolfie. » J'ai repensé à ma chienne qui dégustait un os gigantesque. Comment allais-je la récupérer ? Avec l'ogre mangeur d'hommes et le dragon, il m'était inconcevable de faire demi-tour. Pourtant, je ne pouvais pas non plus la laisser là-bas. C'était ma meilleure amie.

– Fais-la venir ici, ai-je entendu près de mon oreille droite.

Hormis ce murmure, je percevais désormais des milliers de chuchotements.

(Pas de chiens ici, oh oui, bonne idée...)

– Qui me parle ? ai-je demandé perplexe.

(Chut, on ne parle pas aux humains, Opaline tais-toi...)

– Peu importe. De toute façon, Wolfie ne pourrait pas me rejoindre avec le dragon qui rode.

(Qu'elle est bête, n'importe quoi, c'est absurde...)

– Pourquoi ? Me suis-je agacée.

Silence total.