~ Chapitre 6.2 ~

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*

Joakim revient chez lui à vingt heures, après avoir passé la journée avec Kristofer.

Il culpabilise d’avoir laissé les jumeaux si longtemps et songe que leur aide-ménagère a du leur préparer à manger avant de rentrer chez elle. Pas de quoi s’inquiéter. En cas de souci, Erika l’aurait appelé !

Bien qu’il se souvienne de cela, un terrible pressentiment l’envahit dès qu’il réalise le salon vide. Pas de quoi paniquer. Ils habitent un quartier calme, dans une maison protégée par trois alarmes connectée à une société de gardiennage. Son frère et sa sœur trainent surement ensemble, dans la chambre d’Erika !

Il se dépêche donc de grimper les escaliers afin de les rejoindre.

— Erika ? appelle-t-il vivement en toquant à sa porte.

À l’époque, il entrait sans frapper et cela lui avait valu des hurlements stridents qui avaient manqué de lui vriller un tympan. Depuis ce jour, il ne pénètre plus dans cet antre par surprise, en souvenir à cette fois où un dictionnaire a volé dans sa direction parce qu’il avait fait sursauter sa cadette…

— Je révise ! Qu’est-ce qu’il y a ? lui répond Erika, avant d’ajouter dans un soupir, — c’est à cette heure ci que tu rentres, toi ?

— Est-ce qu’Alarich est avec toi ? questionne Joakim, avec une angoisse palpable au creux de la voix.

— Je révise ! Donc non ! Jolie esquive, sinon, trouduc !

Joakim ignore sa dernière réplique et se presse vers la chambre de son frère, pour la constater rapidement vide. Stressé, au bord de la panique, il décide de fouiller attentivement la maison, quand son téléphone vibre soudain pour lui indiquer la réception du SMS d’un expéditeur inconnu.

« Faut pas laisser les trisos seuls sur la plage lol ! »

Son palpitant bondit violemment dans sa poitrine alors qu’il découvre cet odieux message et tandis qu’il réfléchit à l’identité de celui qui pourrait être l’auteur de cette blague de très mauvais goût, il détale vers la plage à toute allure.

Il court ainsi pendant une dizaine de minutes, autour et aux alentours de chez lui, cherchant du regard une silhouette qui ressemblerait à celle de son cadet. Son cœur s’emballe de nouveau. Il est terrifié par ce qui a pu arriver à celui qui reste l’incarnation de la bonté humaine. Criant son nom de toutes ses forces, il essaie de comprendre qui aurait pu oser toucher à son frère et surtout, comment celui-ci aurait procédé?

Alarich ne sort jamais de chez eux sans raison et surtout pas sans Erika.

« Et si une tierce personne l’avait attiré à l’extérieur, pour ensuite l’emmener ailleurs ? » Joakim réfléchit à cette hypothèse en continuant toutefois de le chercher avec détresse dans les environs. Il prévoit d’élargir progressivement son champ d’action.


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♪ Tell me why - Declan Galbraith ♪

Dans mes rêves, les enfants chantent
Une chanson emplie d’amour, pour les garçons et les filles
Le ciel est bleu et les champs sont verts
Et le rire est le langage universel des hommes
Puis je me réveille et me rends compte
Que ce monde est empli de gens dans le besoin


La cruauté est le remède de l'orgueil blessé [Friedrich Nietzsche]

Dites moi pourquoi, ce monde doit-il être ainsi?
Dites moi pourquoi, aurais-je raté quelque chose?
Dites moi pourquoi, parce que je ne comprends pas
Vu que tous ont besoin de quelqu'un
Pourquoi ne nous entraidons nous pas?
Dites moi pourquoi?

L'homme n'est qu'un animal, qui pendant des générations a gouverné les autres par la fourberie, la cruauté et la violence [Charlie Chaplin]

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Joakim retrouve finalement son frère, couché, face contre terre, dans un coin reculé de la plage ou personne ne traine jamais.

— Alarich !!! hurle-t-il avec effroi et en se précipitant vers lui.

Tremblant de tous ses membres, la gorge nouée et ayant l’impression que le sol s’effondre sous ses pieds, il se réalise pour la première fois de sa vie, impuissant et terrifié. Perdu.

Sans attendre, il court s’agenouiller auprès de son cadet pour lui balbutier avec une angoisse palpable dans la voix, tout en le tapotant délicatement, le suppliant.

— Dis-moi que tu es vivant… Al » ?

— Joakim… lui renvoie Alarich en reprenant doucement connaissance, l’air apeuré.

L’ainé de la fratrie pousse une longue inspiration de soulagement en attrapant son jeune frère pour l’aider à se relever.

Rapidement, il lui nettoie ensuite le sable qui salit son tendre minois et l’observe de haut en bas pour s’assurer qu’il va bien. C’est à ce moment-là qu’il découvre une écorchure sur son arcade sourcilière droite.

Joakim sent de nouveau le sol s’ouvrir sous ses pieds. Il suffoque et manque de s’étouffer de rage. « Qui a osé ? »

Son impuissance à défendre les siens lui serre la gorge alors qu’il se consume lentement dans de sombres idées de vengeance. « Qui est le fou qui a souhaité le blesser ? »

Il tente cependant de garder son calme devant son frère afin de ne rien laisser transparaitre. Il ne faut pas effrayer Alarich…

— Est-ce que tu peux me raconter ? lui demande-t-il doucement en lui remettant en arrière une mèche de cheveux bruns mal placée.

— Donné mot, lui balbutie son cadet en ouvrant sa main droite pour dévoiler un papier froissé. Joakim le récupère vivement pour le consulter.

— Toi pas méchant, ajoute aussitôt Alarich, les larmes aux yeux devant la haine qu’il voit bruler dans le regard de son frère.

Désespéré, il sanglote en lui agrippant son sweat shirt tandis que son ainé commence à ricaner de façon machiavélique devant le message… dont l’auteur vient de signer sa perte !

« Reste loin de Trisha et le triso vivra heureux ! »

Joakim reste béat et choqué de réaliser l’absurdité de cette agression. Un abruti jaloux aurait donc osé toucher à son frère en s'imaginant lui dicter sa conduite, par la peur et les menaces? Joakim hallucine et serre ses poings si forts que les jointures de ses doigts en blanchissent.

— Joakim ? Toi pas méchant, répète Alarich, inquiet, pleurant encore.

Il ne veut pas que son aîné s’énerve, il cherche à rassurer, lui garantir qu’il va bien. Alors et de son plus tendre sourire, il lui demande de revenir chez eux. « Qu’il a froid et souhaite retrouver Erika ! »

Dans un état second, enveloppé par cette haine qui le consume lentement, Joakim réfléchit déjà aux futurs sévices de Joey Sanders pour avoir osé toucher à son Ange. « Ce type va payer pour sa connerie ainsi que sa folie ! »

— Joakim ! l’appelle de nouveau Alarich en fronçant son petit regard affectueux – Maison !

— On rentre, oui, réagit enfin Joakim en revenant à la réalité. Il attrape doucement la main de son cadet pour retourner chez lui d’un pas tranquille.

— Toi pas méchant ! insiste Alarich avec anxiété.

— Bien sûr ! Ne t’inquiète pas, ment Joakim pour rassurer son frère, tout en se faisant à lui-même une très sincère promesse…

« Je te détruirais Joey Sanders, je vais tout te retirer, t’arracher tout ce que tu chéris le plus, jusqu’à ta liberté et c’est dans ta gerbe, tes larmes, que je te regarderais te rouler, implorant la mort de venir te sauver de l’horreur de ta vie anéantie. Tu as signé ta perte, ce soir ».

« Si la haine répond à la haine, comment la haine finira-t-elle ? »

[Bouddha]

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