~ Chapitre 2.3 ~ (017) (018)

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*


Angoissée à l’approche du concours qu’elle souhaite remporter, Erika trouve difficilement le sommeil ce soir, au point de finalement décider de se relever de son lit pour se préparer un lait chaud. 

Il est 23 h 30 quand elle pénètre dans la cuisine, en faisant le moins de bruit possible. Arrivant sur place, son attention est immédiatement attirée par la télévision allumée, car ses parents regardent avec émotion le DVD de sa victoire à StarQuest, dans la catégorie Mini-Junior. Ces deux-là n’avaient-ils donc pas réalisé son stress, pour vouloir lui infliger la vision de leurs visages béats d’admiration devant ses anciens exploits ?


— Ma chérie !! s’exclame aussitôt Éva dès qu’elle l’aperçoit. Viens voir la vidéo avec nous, tu « étais trop mignonne ! »


Gênée, Erika ronchonne, puis se décide finalement à se préparer un macchiato au caramel sur leur merveilleuse machine à expressos ; sans aucun doute l’un des meilleurs achats de cette maison ! 


— Arrêtez, c’est la honte, souffle-t-elle en fixant son breuvage qui coule dans sa tasse.


En effet, « lorsque l’on décroche une première place grâce à un air de bébé attendrissant qui vole l’âme des juges, on s’en vante rarement par la suite ! » C’est en tout cas ce que songe l’adolescente qui ne retire aucune fierté dans cette victoire. 


— Du tout ! Et si tu as obtenu ce trophée une fois, tu peux le refaire ! poursuit sa mère, les yeux brillants d’admiration.

— Le niveau est très élevé, cette année. Et je ne suis plus en Minijunior.

— Oui, mais tu es la meilleure, ajoute paisiblement Raphaël avec naïveté et candeur, ce qui terriblement son enfant.

— Non ! Je n’ai encore jamais gagné réellement Starquest ni même été classée parmi les meilleurs ! grogne Erika en commençant à s’exaspérer.

— Mais.. Mais il y a quatre ans, avec Jonathan, vous avez été sixième… ose timidement Éva, craignant de se prendre une balle perdue.

— Sixième en couple junior ! Et on a été minables, en plus, notre chorégraphie était médiocre !

— Si on t’écoute, toutes tes danses sont nulles, et patati, et patata, mais tu remportes tout de même des compétitions, le Hall of Fame par exemple, soupire Raphaël, las.

— Le Hall Of Fame, ça ne prouve rien ! Je sais que je n’ai pas encore le niveau pour Starquest, c’est tout ! boude toujours Erika dans la cuisine. 

— Je te signale qu’il y a deux ans tu as été classée deuxième lors des nationales, chérie !! Se presse d’intervenir Éva en se précipitant vers sa fille pour lui faire un câlin, avant d’ajouter, l’air affectueux :

— Arrête de douter de toi, ma chérie, tu es très douée ! Et même si tu n’es pas toujours première, tu es toujours très bien classée !


Et c’est justement là que se situe le souci d’une sportive ambitieuse qui considère comme une défaite, le fait de ne pas grimper sur un podium.


*



Le lendemain, en milieu d’après-midi, Andreas Cobain bouillonne de rage alors qu’il se précipite chez son ami Noah, animé par une fureur qui lui donne l’énergie de presque rivaliser avec les plus grands marathoniens ! Il arrive de l’université, à pieds, car on lui a confisqué son vélo ! « Soi-disant qu’il valait mieux pour lui qu’il rentre en bus désormais ! » Ou en voiture avec ses parents… « Jamais de la vie ! » avait-il hurlé. « Plutôt crever sur le champ que de subir cette humiliation ! » Il préfèrerait mourir que de voir un adulte venir le récupérer sur le campus. « Ses géniteurs sont complètement tarés, ou quoi ? » Il fulmine de colère et pourrait tout casser ! 

Les mains tremblantes de rage, il doit parler au blond de son Crew au plus vite. Logiquement et selon ses souvenirs de l’emploi du temps du jeune Beckers, celui-ci devrait le trouver chez lui à cette heure-ci, puisqu’il ne trainait pas avec les autres Drifterz. Andréas craint évidemment que ce traitre soit allé flâner ailleurs… Il aurait alors parcouru tout ce chemin pour rien ! Autant avouer que cette possibilité l’énerve encore plus. L’explosion approche ! Sans attendre, il sonne en trépignant sur le tapis « bienvenue » des Beckers.


— Yo tonton Spaguetti ! s’exclame joyeusement Noah en ouvrant la porte de chez lui, tu as eu de la chance, un peu plus et tu ne croisais pas la star ! J’ai rendez-vous avec mon club de fans ! 

— Je suppose que tu sais pourquoi je suis là ! fulmine Andréas en commençant à serrer les poings jusqu’à en ressentir de la douleur, vu que tu sais tout au sujet de ton Bff, binôme, et blablabla !

Une palpable aigreur, jalousie, rancœur, s’échappe des lèvres du jeune Cobain.

— Je suis censé savoir quoi, au juste ? nie aussitôt Noah en tentant de ne pas perdre sa bonne humeur, mon petit doigt me dit que tu es en colère contre Joakim ! Alors, qu’est-ce qu’il t’a fait cette fois ?! Il t’a piqué un cahier pour colorier des bites dessus ?

— J’ai pas envie de rire Noah !

— Ah zut, dommage…

— Par sa faute, je dois rentrer chez moi immédiatement après les cours, désormais ! Je n’ai plus de vélo et ne dois plus trainer avec le groupe ! Et si je désobéis, ma mère me fera suivre par quelqu’un qui se chargera de me ramener dès la sortie du campus, déballe Andréas dans une tirade nerveuse et désespérée, c’est un connard, pourquoi il m’a fait ça ? Pourquoi ? Est-ce que tu étais au courant, toi ? DIS-MOI LA VÉRITÉ ! 

— Je ne suis au courant de rien… Mais tu es sûr que ça vient de lui ?

— Oui ! Il a dit à ma mère que trainer avec le groupe est mauvais pour ma santé, soi-disant que je n’arrête pas d’abuser avec vous, que je fais des crises d’asthme à répétitions et que je vous inquiète terriblement !

— Sérieux… ? s’interloque Noah en se retenant un rire face à une évidente et ridicule plaisanterie.


Il reprend ensuite gentiment pour réconforter son interlocuteur qui trépigne de nervosité :


— Eh bien… Peut-être qu’il s’inquiète réellement pour toi…

— Joakim ne s’inquiète pour personne ! crache Andréas.

— Du calme… Je comprends que tu sois en colère, mais il a surement ses raisons.

— MAIS JE N’AI JAMAIS FAIT DE CRISE AVEC LE CREW ! éclate-t-il furieusement, où est-il allé chercher, ça ? Tu veux que je te dise, il est mauvais et ne voulait que m’évincer ! Il m’a toujours détesté !

— Non, il ne te déteste pas, rassure le blondinet, bref, si je comprends bien, tu veux que je lui parle, c’est ça ?

— Ça serait gentil, oui ! S’il te plait ! Je veux qu’il m’explique ! 

— Dans ce cas, va le voir et demande-le-lui toi-même… ? ironise Noah d’un air taquin.


En effet, le jeune Beckers sait bien que dans leur groupe, personne ne s’adresse jamais directement à Joakim, même lorsqu’ils nécessitent certains de ses services…


— Tu as plus d’influence sur lui, se justifie honteusement Andréas dans un raclement de gorge, du coup c’est mieux que tu lui parles, toi.

— Et du coup, qu’est-ce que tu aimerais que je lui dise ? 

— Je voudrais qu’il change d’avis sur l’intérêt de son acte… s’il pouvait parler de nouveau à ma mère pour retirer ses mensonges, elle me rendra surement ma liberté ! Parce que là, je vais devenir fou… je t’en prie, aide moi… je suis à deux doigts de finir à l’asile…

— Je comprends et je pense que je peux faire ça, conclut Noah, peiné par l’évidente détresse de son ami et interlocuteur.

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