Partie 1
Bonjour, bonjour !
Cette petite fanfiction traite d'un sujet qui me tient en haleine la nuit et qui me rend complètement dingue ... A savoir :
la relation entre Frollo et Esméralda.
Evidemment, mon texte est loin d'être parfait alors n'hésitez pas à me faire des remarques constructives :)
PS : je n'ai point lu l'oeuvre (ouiiiii, il FAUT que je le fasse un jour, I know ...) donc il se peut qu'il y ait des différences et/ou des ressemblances avec l'ouvrage original. Toutefois, chacun des mots écrit dans ce passage est de moi donc pas touche les amours <3
Allez, je vous laisse à votre lecture ...
***
Les flammes de la cheminée léchaient le bois noir dans un souffle brûlant, projetant sur les murs des ombres tremblantes et capricieuses.
Devant la sourde lueur de l'âtre, une haute silhouette drapée d'un long manteau de feutrine se dressait telle une épine au centre d'un immense sofa ouvragé. Frollo, les chevilles croisées sur un grand tapis rougeoyant, tentait de poursuivre sa lecture en ignorant les crépitements incessants du feu.
Ses longs doigts pales glissaient sur le papier pour suivre les mots, ses ongles éraflant par moments la rugosité du parchemin. Avec dévotion, l'homme récitait sa prière et son esprit trouva la paix un instant.
« Loin de ce monde terrestre et de ses tentations »
À cette pensée, les yeux mi-clos du prêtres, enfin concentrés, finirent par se perdre à nouveau dans le labyrinthe des veines qui parsemait le dos de sa main, quittant ainsi la mélodie religieuse des tournures de phrases pour se perdre dans les méandres veloutés de la chair.
Elle hantait son âme.
Frollo agita sa main à la mine cadavérique et la détailla comme si elle l'avait giflée. De telles pensées ne pouvaient, ne devaient troubler encore sa quiétude du soir.
Passant une autre main décharnée dans sa chevelure noble mais dégarnie, il inspira profondément avant de se jeter, une fois de plus, corps et âme dans sa récitation des complies.
Ses lèvres aux courbes insolentes murmuraient le latin de plus en plus fort, arrachant aux mots leur sainteté et leur douceur. Ses dents semblaient mordre tandis qu'il parlait à voix haute, la poitrine soulevée par la rage et la précipitation. Le prêtre serrait son missel d'une poigne de fer, cinglant les phrases, bousculant les lignes ; et ses yeux écarquillés le brûlaient, tant il fixait désespérément les pages.
Soudain, le livre saint s'envola à travers la pièce et s'écrasa dans un fracas d'étincelles au centre du brasier.
Le souffle court et l'œil luisant, l'homme dévot se leva comme si une bête affamée l'avait mordu. Une goutte de sueur perla à sa tempe et glissa sur la bordure de sa joue. Ses pupilles folles se perdirent un instant dans l'avidité des flammes qui rongeaient l'ouvrage, réveillant brièvement les couleurs de la pièce.
Ce ne pouvait être vrai ...
Une fois de plus, son attention était détournée, sa méditation ruinée. Son esprit, torturé et brouillé, se tournait sans cesse vers la prison du Palais de Justice, dont les entrailles détenaient en ce moment même la plus ancienne et la plus vile des tentations de l'homme.
Frollo regarda derrière son épaule d'un mouvement de dément. Sa position crispée lui interdit tout mouvement et il demeura là, immobile mais bouillonnant de l'intérieur. Il guettait chaque ombre de l'endroit, redoutant d'y voir une silhouette à la chevelure folle. Traqué comme une proie, il s'accula au feu et posa une main sur sa poitrine.
Son cœur, doté d'une volonté qui dépassait la sienne, battait bruyamment sous sa paume, vacarme assourdissant à ses propres oreilles. Le souffle court, le prêtre fit glisser la pulpe de ses doigts contre ses pommettes puis sur son front trempé. Le regard perdu.
Sa main descendit le long de son nez en forme de bec et atteignit ses lèvres fines. Caressant leur surface, Frollo se prit à penser à d'autres doigts à la place des siens. À d'autres lèvres. Un frisson le parcourut et son ventre se serra à cette idée. Son souffle chaud butait contre sa peau, en suspension devant son visage. Après une hésitation, l'homme écrasa ses lèvres contre ses doigts, les yeux fermés en une supplique silencieuse.
Quand il ouvrit les paupières, son regard se durcit et il se retourna brusquement, comme pris en faute. Calant ses mains sur le rebord de la cheminée, il arc-bouta ses épaules et contempla le brasier qui lui faisait de nouveau face. Son regard jaune suivit chaque flammèche, chaque larme de feu, chaque braise rouge. Croyant déceler des formes, Frollo laissa son esprit vagabonder et tout à coup ...
Ses barrières éclatèrent dans un fracas de tonnerre.
Frollo, rendu fou, céda à ses démons, abandonnant toute forme de piété.
Là, dans les flammes tournoyantes, une femme dansait dans sa robe de feu. Sa crinière sauvage de bohémienne virevoltait autour de son visage étincelant. Ses hanches tanguaient dans un rythme du diable, ses pieds nus tapaient le sol au martèlement de son tambourin. Le menton fier, l'épaule provoquant, la fille ondulait comme un serpent dans les flammes, consciente de son emprise.
_ Infernale ...
Le désir saisit Frollo à la gorge et l'obligea à reculer. Il pouvait presque sentir la langue d'Esmeralda contre la sienne, son puissant regard vert dans le sien. Il lui fallait cette peau si douce, ce parfum d'encens mêlé à la senteur des fruits qu'elle vendait parfois sur la place de Notre-Dame. Le creux de ses seins attirant son regard, sa clavicule saillante et son port de tête si altier pour une sauvageonne.
S'il le pouvait, Frollo la dévorerait sur ce canapé qu'il fixe sans voir. Il ferait glisser ses dents contre son épiderme sombre, lécherait ses muscles tendus par la répulsion qu'elle aurait de le sentir contre elle. Il jouirait de la chair de poule qui pointerait sur son corps, trahissant des désirs qu'elle réfuterait elle aussi. Elle serait sienne, juste pour une nuit. Assouvissant la moindre de ses envies, offerte à toute forme de blasphème contre son corps dédié à Dieu. Elle le condamnerait, elle le souillerait de son impureté, de ses pêchés.
Comment cette sorcière envoyée par l'enfer lui-même avait-elle tant d'emprise sur lui ? Quelle diablerie était assez puissante pour ébranler sa foi et remettre en question tout le sens de sa vie pieuse et consacrée ?
Le Malin s'amusait avec ses sens, envoyant cette femme impie le tourmenter jusque dans son sommeil. Qu'aurait-il donné désormais pour sentir sa petite main chaude passer sous sa chemise et remonter jusqu'à son torse ? La sentir glisser, cette main insidieuse, sur ses flancs pour se loger finalement dans le creux de ses reins, là où la chair est tendre et fragile.
Frollo désirait le contact d'une autre, il voulait qu'elle le touche, qu'elle s'accroche à lui. Il rêvait toutes les nuits de savourer sa bouche mutine, de sentir son souffle heurté contre son visage, son corps brûlant plaqué au sol par la force de ses bras. Il la dominerait, penché sur elle comme un père au chevet de sa fille.
Abandonnant toute paternité en grimpant sur ses genoux, écartant ses cuisses, il pèserait de tout son poids contre le ventre de cette sorcière, appuyant avec son bassin et forçant le passage pour mieux l'écraser. Alors, la tenant sous son joug, il s'arrêterait un moment pour contempler cette abomination, cet ange déchu, allant jusqu'à jouer avec quelques unes de ses boucles brunes éparpillées sur le sol. Le regard fou.
Les images de ce couple maudit, et ô combien maudit, défilaient comme des saltimbanques en parade dans les yeux épris de Frollo. Une salive amère abondait sous sa langue. Tout son corps n'était que tremblements et attente, au mépris de la raison.
« Va donc la voir, t'assurer qu'elle est encore en vie » lui susurra une voix graveleuse dans son esprit.
_ Non !
L'homme se recroquevilla tel un vieil arbre tordu, craignant un coup imaginaire. Prostré dans cette position, sa propre trahison lui sauta à la gorge et il suffoqua sous l'assaut sans pitié de ses pensées les plus horribles. Son corps, ce traître, fit ployer ses genoux qui vinrent heurter violemment le sol dallé. Dans une posture qui lui était si familière, le prêtre prit son crâne dégarni entre ses mains rêches et gémit de souffrance. Sa foi toute entière, ses convictions, son éducation se battaient contre sa conscience pervertie, friande de rébellion et d'interdit.
Frollo était en train de perdre contre son propre camps, submergé par l'incertitude et la peine. Torturé, il releva lentement la tête en serrant les dents.
_ Oh oui ...
Appuyant ses paumes contre la pierre glacée, il sentit la sauvagerie renverser toutes ses barrières mentales et serpenter le long de sa peau pâle jusqu'à la pointe de ses doigts. Il la sentit traverser son corps en ondes dévastatrices, élancer son bas-ventre d'une douleur profonde et primale.
À cet instant, il ressemblait à une bête sur le point de bondir, s'armant de férocité et laissant sa faim bousculer ses pensées les plus cohérentes. La noirceur de son œil, rongé par sa pupille, aurait fait fuir tout fauve averti, même en chasse. Une lueur prédatrice y régnait, ondulant doucement dans la pénombre ; seule source de lumière sur ce visage plongé dans les ténèbres.
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