CHAPITRE VI

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Après avoir paressé un instant sur la terrasse nous avons décidé de faire le tour du camping.

A l’accueil, ils nous avaient indiqué où se situaient les blocs sanitaires les plus proches et puis aussi la piscine, le coin des jeux et puis le petit magasin. On a donc fait le tour tous les trois pour découvrir notre nouveau territoire et on n’a pas été déçu. C’est très joli, simple et fonctionnel et puis très bien intégré au cadre naturel. Les bungalows sont en bois comme tous les bâtiments, on sent que les propriétaires ont pris soin de respecter le milieu naturel, c’est très écolo, quoi ! Et avec l’Ardèche qui coule en bas du camping, c’est vraiment superbe.

On a aussi découvert plusieurs terrains de boule à la grande joie de Stéphane et Sébastien qui sont des fervents adeptes de ce loisir l’été.

-« Bon je crois qu’on sera très bien ici !

-« Oui, je propose de passer à la réception pour voir ce qu’on peut faire dans le coin et on fera notre programme pour les premiers jours !

-« Et puis il y a les courses à faire !

-« Heu je pensais qu’ici on pourrait peut-être laisser tomber « Les règles de Nantes », qu’est-ce que t’en dis, Steph’ ?

-« Oui, complètement d’accord mais on n’en fait pas trop quand même…

-« Didi, à ton avis ?

-« Ouais, on la joue naturel et puis on verra comment ça se passe…

-« Ca marche !

-« D’accord, je vous laisse vous occuper du programme et des courses, je vais faire un tour à la piscine !

-« Ah si, avant que tu ne partes justement, une dernière chose… tu sais, quand tu es nu toute la journée, parfois ça va t’arriver d’avoir une érection, surtout à ton âge… »

Je regarde Sébastien un peu embarrassé, c’est vrai que comme tous les ados d’aujourd’hui ça ne me dérange pas de parler de sexe mais avec mes parents, je ne sais pas, je ne suis jamais complètement à l’aise.

-« Et ?

-« Et bien c’est juste pour te dire que c’est normal et que ça ne pose pas de problème aux naturistes sauf si tu t’exhibes exprès …

-« Ouais ça je pense pas, j’aurais trop la honte !

-« Ben justement, c’est pour te dire que t’as pas à en avoir honte ; tu vas piquer une tête dans l’eau ou tu te détournes le temps que ça passe et c’est tout.

-« Surtout que les érections ne sont pas toujours directement sexuelles ; enfin je veux dire, ça peut arriver n’importe où !

-« Et avec n’importe qui !

-« D’accord mais quand même, ça craint un peu !

-« Tu t’habitueras, tu verras ! »

J’avoue que leur discours m’a inquiété plus que rassuré mais j’ai quand même décidé d’aller piquer une tête dans l’eau, j’en ai trop envie !

Je suis donc parti gaillardement vers la piscine, ma serviette sur l’épaule ; c’est un peu ma protection au cas où je sentirai que la nature se réveille ! En fait, je me sens bien, beaucoup plus à l’aise que je ne l’aurai cru. Quand on a fait le tour du camping tout à l’heure, je n’ai pas senti de regards se poser sur nous ; on a croisé plusieurs personnes, des familles avec leurs enfants et aussi un petit groupe de jeunes de mon âge ou un peu plus vieux et ça s’est passé très normalement. On a échangé un bonjour poli et chacun a poursuivi son chemin très naturellement.

‘Après tout, oui, c’est complètement naturel. On ne va pas s’arrêter la truffe au vent et mater comme des chiens de chasse près à se jeter sur leur proie !’

Je rigole à cette idée ; non finalement ça n’a pas l’air trop difficile de vivre nu.

Il y a un peu de monde à la piscine ; elle est grande, le bassin doit bien faire vingt cinq mètres de long et il y a des transats et des fauteuils disposés sur le pourtour carrelé et sur la pelouse sous les arbres.

Je décide de m’installer un peu à l’écart et surtout à l’opposé du coin où se trouvent tous les petits qui font un bruit pas croyable.

L’eau est bonne, très bonne même et je fais quelques mouvements avec délice ; il y a trop de monde pour pouvoir vraiment nager alors pendant une bonne demi-heure, je regarde autour de moi, je plonge, je fais du sous l’eau…

Les petits sont tous partis en même temps ou presque ; il doit y avoir une activité proposée par le camping et ils y sont allés. Du coup, il ne reste plus grand monde parce que les parents qui les surveillaient sont partis eux aussi et mis à part deux familles qui se sont installées à l’ombre, je me retrouve tout seul. Ce qui me chagrine un peu c’est que je n’ai pas vu grand monde, garçon ou fille, de mon âge !

‘Peut-être qu’ils sont ailleurs et qu’ils viendront tout à l’heure… ‘

C’est souvent ça dans les campings, on fait vite connaissance et puis ensuite on traine ensemble toute la journée.

Je suis retourné à l’eau pour nager cette fois-ci et c’est un vrai luxe d’avoir le bassin pour moi tout seul. J’ai décidé de nager le maximum de longueurs pour voir combien je suis capable d'en faire.

J’aime bien ça mais je dois reconnaître que même si on a une petite piscine à la maison, je ne suis pas un grand nageur. J’ai décidé de tout nager en crawl et je me concentre sur mon corps afin de m’étirer au maximum ; le plus difficile c’est à mon avis de pousser autant avec les bras qu’avec les jambes pour éviter de trop vite se fatiguer et puis aussi d’être bien synchro au niveau de la respiration.

La tête sous l’eau, je vois le bord carrelé s’approcher et je viens toucher une nouvelle fois en fléchissant au maximum les jambes pour pouvoir profiter de la poussée.

‘14’

Je commence à être bien fatigué ; je sens mes bras lourds et durs et j’ai conscience que mes battements ne sont plus aussi rapides qu’au tout début.

‘Aller Diego, encore deux au moins !’

Dans ma tête, je me suis fixé un chiffre spontanément, quinze longueurs, ce qui représente déjà une bonne distance mais j’espère faire un peu mieux. Sébastien dit toujours qu’on doit se surpasser quand on fait du sport et je sais que quand il fait sa muscu, il s’oblige à toujours faire un mouvement de plus que ce qu’il s’était planifié.

’15 ! Purée, j’suis mort !’

Je serre les dents et pousse une dernière fois le plus fort possible pour m’emmener le plus loin ; je jette mes dernières forces et mes bras réagissent comme ils peuvent, ils tombent de façon désordonnée dans l’eau, la tapant plus que la fendant. Mes jambes n’en peuvent plus elles non plus, elles me donnent l’impression d’être deux poteaux de ciment qui m’entrainent vers le bas plutôt que de m’emmener vers l’avant.

C’est dur !

Encore un effort, je vois le bord se rapprocher tout doucement, je ferme les yeux et je m’accroche une dernière fois.

’16 !’

Je me laisse aller et manque de boire la tasse tellement je suis crevé, incapable ou presque de me maintenir à flot. Ma respiration me fait mal à la poitrine et je ne sens plus mes membres quand soudain j’entends des applaudissements…

Je lève les yeux et j’aperçois une petite fille blonde d’une dizaine d’année assise près du bord qui me sourit.

Un rien déconcerté, j’essaye tant bien que mal de contenir ma bruyante respiration et tente au prix d’un grand effort de transformer le rictus de souffrance de mon visage en sourire avenant.

-« Oh merci ! Heu bonjour ! »

Elle me regarde toujours en souriant mais tourne la tête ; je suis son mouvement des yeux et découvre deux autres personnes assises sur des chaises, une jeune fille et un garçon plus âgés.

-« Hallo… bonjour… tut mir leid, wir sprechen nicht Französisch… ("Salut... bonjour... je suis désolé, on ne parle pas français...")

‚Des allemands !’

-„Guten Tag, ich kann ein bisschen Deutsch sprechen …("Bonjour, je parle un petit peu allemand ...")

-„Na ja ganz gut ! Du schwimmst wirklich gut ! Ach Entschuldigung, ich heisse Tobias und meine Schwester Michaela und Lisa. ("Ah oui très bien ! Tu nages vraiment bien ! Ah excuse, je m'appelle Tobias et mes sœurs Michaela et Lisa.)

-„Ich bin Diego…"("moi, c'est Diego...")

Ils étaient nus tous les trois et cette pensée m’a traversé l’esprit avant que je ne la chasse aussitôt.

‘Et alors, moi aussi, j’suis à poil ! Diego !’

Je suis sorti de l’eau et on a discuté un peu. En fait, Tobias et Lisa sont jumeaux, ils ont quinze ans et demie et Michaela, leur petite sœur en a dix. Ils parlent un tout petit peu français parce qu’ils ont commencé à l’apprendre l’année dernière. Ils viennent de Saarbrück et sont arrivés en début d’après midi presque comme nous. On a parlé quelques minutes et puis ils se sont mis à l’eau. J’en ai profité pour m’allonger au soleil pour me sécher et puis bronzer un peu même si pour moi ça ne veut pas dire grand-chose parce que j’ai la peau dorée sans avoir besoin de m’exposer !

J’ai fermé les yeux et j’ai revu les premiers instants de notre rencontre. Deux jeunes de mon âge, blonds comme les blés, assez grands, un peu plus que moi, le corps musclé, encore tout blanc…

Lisa est belle ; elle a de longs cheveux bouclés. Elle a déjà son corps de femme, de beaux seins, une taille plus marquée que son frère… son sexe est dissimulé par une touffe de poils châtains clairs…

Tobias est beau lui aussi ; il a un visage un peu moins rond que sa jumelle et des yeux très bleu ; il est plus baraqué que moi, ses épaules sont puissantes et on voit ses abdos nettement dessinés ; un filet de poils clairs descend de son nombril vers son sexe entouré d’une forêt blonde foncée au dessous duquel pendent deux boules…

Je m’interromps brusquement, tétanisé. J’ai senti mon corps réagir et je découvre que mon sexe a presque doublé de volume. Je tourne la tête vers le bassin mais heureusement, les trois allemands, occupés à nager ne se sont aperçus de rien …

D’un geste vif, je me saisis de ma serviette et je recouvre mon corps.

‘Finalement si, j’en ai besoin de cette serviette !’

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