CHAPITRE XVIII
Samedi matin, j’ai failli me faire surprendre par Stéphane en plein exercice… heu vous voyez, quoi ! Je me suis réveillé avec le sexe au garde à vous et j’avais baissé mon caleçon. J’étais donc tranquillement sous la couette en train de commencer à me faire du bien quand il a frappé à ma porte.
-« Didi, tu te lèves ?
-« Heu oui… heu dans dix minutes !
-« Ah non, tout de suite ! On a rendez-vous dans trois quart d’heure ! » reprend-il en ouvrant la porte. « Allez, lève-toi ! »
J’ai paniqué quand j’ai vu la porte s’ouvrir et je me suis tourné sur le côté en catastrophe. Il s’est rendu compte tout de suite de la situation…
-« Ah… heu désolé…
-« Non mais … » bredouille-je en sentant le caramel me monter aux joues.
-« Heu c’est pas grave, tu sais c’est normal à ton âge…
-« Oui je sais…
-« Bon alors ne sois pas gêné, tu es un ado et c’est normal, tu as des besoins… t’inquiète pas, je sais ce que c’est mais par contre aujourd’hui on n’a pas le temps ! Allez lève-toi et file sous la douche ! »
Il m’a fait un petit clin d’œil et a refermé la porte aussitôt.
‘Purée, la honte ! Enfin, comme il dit, c’est normal mais quand même, se faire griller la main dans le froc, ça craint !’
Je suis sorti du lit encore un peu gêné et j’ai regardé mon sexe qui pendouillait entre mes jambes.
‘En tous les cas, c’est radical, je suis calmé pour la journée !’
…
-« Allez déshabille-toi mon garçon que je puisse t’examiner ; tu peux garder ton slip et tes chaussettes. »
Je m’exécute silencieusement en regardant le tableau ou plutôt la reproduction dans un style moderne d’un tableau de Van Gogh. J’aime bien Van Gogh et franchement je préfère le style original.
Je dégrafe mon pantalon et le fais glisser le long de mes jambes.
-« Parfait, tu me suis. »
Il m’a d’abord mesuré et pesé.1 mètre 65 et demie pour 49 kilos, ça va !
Puis il m’a fait signe d’aller dans le coin de son cabinet où se trouve sa table d’auscultation et m’a demandé de m’allonger. Il m’a ausculté partout, a pris ma tension, m’a palpé dans tous les sens, a même soulevé mon caleçon pour vérifier je ne sais quoi avant enfin de regarder mes genoux.
-« Tu vas me dire quand je te fais mal, d’accord ? »
Il me palpe le genou puis commence à faire jouer l’articulation dans tous les sens et soudain la déplie complètement.
-« Aïe ! Là, ça fait mal !
-« D’accord… »
Il continua puis passa au genou gauche arrivant vraisemblablement à la même certitude quant au mouvement qui me faisait souffrir. Puis, il me fit me lever et me demanda de descendre les jambes comme pour m’asseoir sur mes talons et là aussi j’ai eu mal.
-« Bon, rhabille-toi, je vais chercher ton père ».
Stéphane était resté dans la salle d’attente. Franchement moi, ça ne me dérangeait pas qu’il soit là mais le docteur Dufresne préfère sûrement installer une relation plus proche en étant seul avec moi.
‘Et puis des fois j’imagine qu’il peut y avoir des sujets un peu intimes qu’un jeune n’a pas envie d’aborder devant son père ou sa mère !’
Stéphane s’est assis et le verdict est tombé aussitôt.
-« Bon, le diagnostic est clair ; on pourra faire une radio pour confirmer l’ampleur des dégâts mais c’est parfaitement clair. Diego, tu as ce qu’on appelle la maladie d’Osgood-Schlatter. C’est typiquement la maladie que l’on rencontre chez les jeunes garçons sportifs entre 11 et 16 ans. C’est une maladie liée à la croissance qui touche justement le cartilage de croissance qui est soumis à des microtraumatismes répétés…
-« Et c’est grave ?" l'interromps-je presque.
-« Non, ce n’est pas grave en soi mais il faut du repos à tes genoux pour qu’ils puissent à nouveau fonctionner normalement.
-« Ca veut dire qu’il arrête le sport, docteur ?
-« Ah oui, pour le foot, arrêt total obligatoire !
-« Oh non !
-« Longtemps ?" demande Stéphane.
-« Compte tenu de l’intensité de la douleur et le fait qu’il soit atteint aux deux genoux… trois mois minimum peut-être plus…
-« Ca peut aller jusqu’à combien ?
-« Dans les cas les plus graves, parfois il faut arrêter le sport pendant plus d’un an mais je ne pense pas que ce soit aussi grave Diego, d’accord ? » reprend-il en essayant de me rassurer.
-« Oui…
-« Est-ce qu’il y a un traitement mis à part le repos ? » ajoute Stéphane qui doit voir mon désespoir sur mon visage.
-« Non pas vraiment, même si je vais lui donner des anti-inflammatoires mais c’est juste pour calmer provisoirement la douleur ; le repos c’est ce qui la fera définitivement disparaître ! On verra quand même pour quelques séances de kiné, on peut obtenir parfois d’excellents résultats… »
Quand je suis sorti du cabinet, j’avais le moral dans les chaussettes, ça on peut le dire. Stéphane a bien vu que j’étais désespéré mais il n’a pas réussi à me remonter le moral.
‘Trois mois c’est vite passé, n’importe quoi ! Ca se voit que c’est pas pour lui !’
…
-« Didi, ils sont arrivés, tu viens ?
-« Oui, j’arrive ! »
Je pose mon stylo, il me reste encore un exercice mais ça va j’ai bien avancé. Je m’extirpe de mon fauteuil de bureau et me dirige vers la porte de ma chambre. Je suis un peu nerveux parce que c’est la première fois qu’on reçoit du monde à la maison, à part Sophie bien sûr mais Sophie, elle fait partie de la famille, ce n’est pas pareil…
Je jette un coup d’œil dans le miroir à côté de la porte et réajuste mon jean qui tombe un peu. J'ai rangé ma chambre, ça va tout est nickel.
-« Bonjour !
-« Ah voilà Diego, rentre que je te présente… »
Ils sont trois, Gaë,l le collègue de mon père, sa femme Valérie et Mathieu, leur fils de quatorze ans environ.
‘Ah au moins il y a un gars de mon âge !’
J’affiche un sourire de circonstance mais un peu forcé. Les repas d’amis, je n’en ai pas du tout l’habitude mais si c’est pour entendre parler du boulot de prof pendant deux heures, ce n’est pas vraiment ma tasse de thé !
Gaël est prof de français comme mon père et sa femme prof aussi mais de maths en collège. Ils ont trente cinq - quarante ans et paraissent sympas.
‘Remarque pour venir manger chez un couple gay, il faut au moins qu’ils aient un minimum d’ouverture d‘esprit !’
On a pris l’apéro sur la terrasse pour profiter du soleil de ce début septembre et on a échangé les banalités d’usage qui permettent de faire connaissance en douceur. Les adultes ont parlé de leur métier, trois profs sur quatre, ils ont quelques intérêts et préoccupations communs et puis bien sûr, Gaël et Valérie m’ont posé quelques questions, sur mon lycée, mes loisirs …
Comme il commençait à faire frais, on a décidé de manger à l'intérieur. C’est Stéphane qui a tout préparé et c’était super bon. Après le plat principal, du poulet basquaise, j’ai demandé si nous pouvions sortir de table pour aller dans ma chambre en attendant le dessert.
-« Heu pourquoi pas, si vous ne prenez pas de fromage ?
-« Moi non !
-« Moi non plus merci ! » répond Mathieu
-« Et bien d’accord, allez vous amuser, je viendrai vous chercher. »
On a donc pris congé et on est allé dans ma chambre.
-« Ca va, c’est pas trop lourd ?
-« Non mais ça commençait à le devenir… enfin tu vois, les histoires de profs, moi, j’ai ça tous les jours à la maison !
-« Avec deux parents profs, tu m’étonnes ! T’as intérêt à assurer en cours, dis-donc !
-« Ouais ça va, là-dessus, ils m’emmerdent pas trop mais cette année j’ai le Brevet… »
Mathieu aura quinze ans en mars, on a presque le même âge puisque je suis né en février, et il est en troisième.
-« Et toi, le lycée, ça va ? C’est comment par rapport au collège ? »
Je lui ai donc livré mes premières impressions qu’il a écouté attentivement parce qu’il ne veut pas aller dans le lycée où son père est prof ; déjà au collège, il commence à trouver ça un peu lourd avec sa mère et il risque d’aller dans mon lycée l’année prochaine.
On a discuté d’un peu tout, des vacances, lui est allé en Italie avec ses parents, du foot et puis nous sommes arrivés sur le sujet classique entre deux ados qui apprennent à se connaître, les filles ! Enfin je sentais qu’il était un peu gêné. C’est donc moi qui lui aie posé la première question.
-« T’as une copine ?
-« Heu non… j’suis un peu trop timide…
-« Je trouve pas mais c’est vrai t’as le temps…
-« Et toi ? Enfin non… » en essayant de se rattraper comme après avoir dit une bêtise.
-« Quoi non ? Tu crois que j’aime pas les filles parce que mes parents sont gays ?
-« Heu… ben j’me demandais…
-« Y a pas de rapport tu sais, c’est pas parce qu’ils sont homosexuels. Ils m’ont expliqué depuis longtemps que l’homosexualité, c’était pas lié aux parents, d’ailleurs autrement les hétéros n’auraient jamais de fils gay !
-« Ouais c’est vrai, j’y avais pas pensé mais alors, ça vient de quoi ?
-« J’en sais rien, c’est comme ça et pas que chez les hommes ! Tu sais les scientifiques ont trouvé des animaux qui avaient des comportements homosexuels dans toutes les espèces ?
-« Ah bon ! Mais quand même ça doit faire bizarre non ?
-« D’avoir des parents gays ?
-« Heu oui…
-« Non je t’assure ! Moi, j’ai été adopté par Stéphane et Sébastien et je les aime comme si c’était mes vrais parents et je m’en fous qu’ils soient gays. J’aurai pas été plus heureux dans une famille héréro…
-« Ouais je comprends… mais tes copains, ils disent rien ?
-« Ils savent pas !
-« Ah bon ?
-« Ouais, disons qu’on a eu des expériences malheureuses avant d’arriver à Nantes et en fait tu es le premier à qui j’en parle !
-« Ah bon et pourquoi ?
-« C’est Stéphane qui disait que ton père était digne de confiance mais…
-« T’inquiète pas, mes parents, ils trahiront jamais ton père et moi non plus, j’te le jure !
-« Ouais merci, c’est important pour nous … »
Il me regardait très sérieusement de ses yeux marron foncés ; il a fait un petit sourire et a relevé une mèche de ses cheveux bruns.
-« Et alors, t’as une copine ?
-« Heu non… enfin j’suis sorti avec une fille au camping…
-« Ah ouais ?
-« Ouais mai …enfin c’était pas sérieux, c’était juste comme ça…
-« D’accord… »
Je ne suis pas très à l’aise de parler de cette aventure de quelques jours et lui non plus n'avait pas l'air de vouloir continuer là-dessus alors je décide de changer de conversation.
-« Je vais voir s’ils ont fini de discuter pour qu'on passe enfin au dessert…
…
Annotations