CHAPITRE CXXVII

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Jimmy était dans le hall, il m'attendait. Je suis passé au bureau des éducateurs signaler que j'étais arrivé et puis nous sommes allés directement au réfectoire. Les trois filles étaient déjà installées à une table et nous nous sommes approchés.

-"Bonsoir, pouvons-nous nous joindre à vous ?

-"Salut Diego, oui bien sûr !" répond Clarisse.

-"Quel beau parleur celui-là !" ajoute Pénélope avec me faisant un clin d'œil.

-"Tu as amené un copain, tu avais peur qu'on te mange tout cru ? " reprend Julia avec un grand sourire.

-"Ha ha non mais Jimmy brûlait de mieux faire votre connaissance...

-"Allez, asseyez-vous !"

Jimmy d'habitude si sûr de lui, a brièvement salué les filles, s'est assis et a commencé son entrée sans plus rien dire. Il paraissait tétanisé et sentant qu'il n'oserait pas parler, j'ai lancé la conversation.

-"Alors, qu'avez-vous fait de passionnant aujourd'hui ?

-"De passionnant ? Comme si une journée d'école pouvait être passionnante !

-"Oui, c'est vrai ! Moi, je suis allé à la piscine en sport, c'était sympa !

-"Moi, je ne sais pas nager !

-"Ah bon, et toi tu te débrouilles, Jimmy ?" relancé-je en essayant de l'inclure dans la conversation.

-"Ouais pas mal... et toi, Clarisse ?" rebondit-il.

-"Bof pas terrible...

-"Moi j'aime bien aller à la piscine pour mater les mecs dans leur petit maillot moulant !" déclare Julia .

-"Ha ha rassure-toi, nous aussi on aime bien y aller pour mater les filles !" reprends-je en mentant effrontément.

Petit à petit, j'ai senti Jimmy se décontracter et il a pris part à la conversation. J'ai remarqué qu'il ne s'adressait presque qu'à Clarisse et j'ai donc fait participer Pénélope et Julia puis j'ai laissé la conversation s'alimenter toute seule. Elles ont parlé de leur copine Olivia qui venait de quitter le foyer pour retourner chez sa mère et ça nous a conduit à faire un tour de table sur notre situation à chacun. Jimmy a dit qu'il attendait que la bataille judiciaire entre sa mère et son père se termine pour savoir où il allait vivre et moi, j'ai expliqué en quelques mots ma situation en ne parlant que du coma de Stéphane et de ma famille lointaine.

Pour une fois, les filles étaient sérieuses et pas du tout provocantes comme elle le sont d'habitude quand je suis seul à leur table et cela m'a surpris.

'Peut-être que c'est un rôle qu'elles jouent avec moi parce qu'elles ont compris que je n'étais pas dangereux pour elles...'

A la fin du repas, elles nous ont demandé de rester traîner en bas avec elles et j'ai accepté pour permettre à Jimmy de continuer à discuter avec Clarisse. On est allé dans la salle télé ; Julia a mis France 3 et les filles se sont mises à discuter de Plus Belle La Vie et à ma grande surprise, Jimmy s'est joint à leur conversation. Lui aussi avait l'air de suivre ce feuilleton alors que moi, je ne le connais que de nom !

Je suis resté en bas avec eux jusqu'à la fin de l'épisode, je n'ai pas compris grand-chose à l'intrigue mais c'était agréable de passer un moment avec des amis sans penser à rien de sérieux.

'Des amis ? Non pas vraiment, mais des jeunes de mon âge avec qui je partage provisoirement un toit !'

...

J'ai appelé Sophie pour avoir des nouvelles de Sébastien ; elle a trouvé une clinique à Vigneux, pas très loin de Nantes où ils vont le garder jusqu'à la fin de la semaine prochaine.

-"Je l'ai emmené ce matin. Il va se reposer et se refaire une santé...

-"Oui... je l'ai eu au téléphone hier soir et il avait l'air de comprendre que c'était ce qu'il y avait de mieux à faire.

-"Il avait l'impression de t'abandonner mais c'est bien si vous avez pu parler et qu'il est rassuré.

-"De toute façon, je verrai monsieur Frot demain et on fera un point sur le dossier.

-"C'est ce que je lui ai dit ; c'est aux avocats de travailler et il ne peut pas vraiment aider alors autant qu'il se repose et qu'il se remette sur pied pour être d'attaque dans le bureau du juge.

-"On peut aller le voir ?

-"Non, pas de contact, ni de visite pendant le séjour mais s'il se passe quelque chose d'important, je peux appeler la clinique pour lui faire passer un message. L'important c'est qu'il coupe complètement de tout ce stress et qu'il retrouve une bonne hygiène de vie.

-"Oui, je comprends. Merci Sophie !

-"De rien, c'est mon grand frère et toi, tu es mon neveu préféré alors c'est normal ! Allez, courage et tu m'appelles si tu as besoin de quoi que ce soit !

-"D'accord !"

J'ai raccroché pensif. Je me demande si ce que je m'apprête à faire ne va pas provoquer une panique chez mes proches.

'Il faudra que j'envoie un message à Sophie pour qu'elle ne s'inquiète pas et puis peut-être prévenir monsieur Frot aussi...'

J'ai réfléchis encore à tout ça mais je ne suis pas parvenu à trouver d'autre solution. Si, il y en a bien une, ne rien faire mais j'en ai assez de tout subir et je veux faire quelque chose, être actif dans la recherche d'une réponse à nos problèmes.

'Après tout, c'est ma vie, non ? C'est un peu normal quand même que je fasse quelque chose !'

Quand Jimmy est remonté, j'étais en train de finir mes maths. Il avait l'air content parce qu'il est rentré dans la chambre avec un grand sourire.

-"Alors, comment ça c'est passé en bas ?

-"Bien, je suis resté à la salle télé avec Clarisse et c'était bien...

-"Bien comment ?

-"On a pas mal discuté et je lui ai fait comprendre qu'elle me plaisait...

-"Et alors, qu'est-ce qu'elle a dit ?

-"Elle n'a pas dit non, elle a dit qu'il fallait voir...

-"Oh, c'est encourageant !

-"Ouais je crois que je lui plais ! J'espère..."

Il s'est allongé sur son lit ; il avait l'air tout chose...

'Finalement sous ses dehors de petit dur, il est comme tout le monde, quand il est amoureux, c'est un grand romantique !'

-"Tu devrais lui écrire un poème, ça marche avec les filles !

-"Un poème ?

-"Oui comme les poètes romantiques, Baudelaire, Lamartine...

-"Heu, j'sais pas...

J'ai préparé mon sac pour demain et je me suis déshabillé. Il est près de 22 heures, Philippe ne va pas tarder à passer ramasser nos portables. Jimmy n'avait pas toujours pas bougé ; il arborait un sourire béat qui transformait son visage d'habitude plutôt fermé.

-"Ca va, Jimmy ?

-"Ouais super, merci Diego !

-"De rien, j'espère que ça va marcher entre vous...

-"Moi aussi, à ce qu'il parait elle suce super bien..."

Je me suis presque étranglé quand je l'ai entendu dire ça de manière crue et aussi détachée, comme si pour lui c'était le seul objectif de cette relation.

'Bon, je crois que finalement on va laisser tomber la poésie romantique !'

C'est vraiment un autre monde ici, et j'ai bien compris que ce n'est pas le mien !

...

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