CHAPITRE CLXI

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Lundi matin a été le moment des au revoir. Je ne suis resté que trois jours chez les Neumann mais je m'y suis bien plu ; ça me donne envie de revivre ce genre d'expérience, c'est très formateur et sympathique en même temps. Dans le car, je n'ai pas eu l'impression que tout le monde partageait mon point de vue mais je crois que c'est parce qu'ils étaient deux dans les familles et de ce fait n'ont pas partagé autant.

J'ai repris ma place à côté de Thibaud pour un tout petit déplacement. Monsieur Zeiger nous a expliqué que nous faisions un petit crochet en France pour visiter la mine Wendel, à côté de Forbach. C'est la mine la mieux conservée de la région et elle était en service jusqu'en 2001.

La visite se fait en français et c'est reposant car nous n'avons pas besoin d'être hyper-concentrés pour suivre les explications. Nous sommes divisés en deux groupes et c'est avec essentiellement des élèves de seconde que nous découvrons les à côtés à savoir différents ateliers, les vestiaires, les douches, avant de descendre dans la mine. En fait, nous n'y descendons pas mais l'illusion est parfaite et en sortant de la cage-ascenseur nous avons l'impression d'être dans de véritables galeries. Tout est reconstitué à l'identique et le guide, un ancien mineur, nous explique qu'à part le bruit et la poussière, c'est exactement l'environnement dans lequel il évoluait il y a un peu plus de dix ans.

Nous nous sommes laissés légèrement décrocher du groupe et j'en profite pour embrasser Thibaud dès que j'en ai l'opportunité ; je découvre que visiter avec son amoureux n'est pas forcément compatible avec le rythme imposé d'une visite de groupe. Moi, ce que j'aimerais c'est m'attarder dans les coins sombres quand, bien au contraire, on nous impose les regroupements dans de vastes salles éclairées. Nous cheminons à travers un dédale de galeries jusqu'à ce que le groupe se retrouve devant la cage qui est censée nous ramener à la surface.

-"Tout le monde est là ?" interroge madame Ravier.

-"Attendez, je crois que les amoureux se sont perdus !" s'exclame un élève.

Nous n'étions pas loin derrière mais quand nous avons rejoint le groupe, tout le monde nous a regardés d'un air entendu.

-"On ne vous demande pas ce que vous faisiez..." dit Léa en rigolant.

-"On était restés en contemplation devant la foreuse, elle est impressionnante !

-"Bien sûr, la foreuse... ça vous a donné des idées ?"

Tout le monde a éclaté de rire et j'ai senti que je prenais ma teinte caramel fétiche contrairement à Thibaud qui a éclaté de rire.

Pendant la visite, j'ai remarqué que Corentin se tenait toujours près de Léa et Marine et quand je l'ai vu plusieurs fois dévisager cette dernière en souriant comme un benêt alors qu'il ne pensait pas être observé, j'ai eu une soudaine révélation.

'C'est de ça dont Boris parlait, Coco est amoureux de Marine !'

Je me suis rapproché de Boris et je lui ai discrètement posé quelques questions.

-"Dis donc, j'ai l'impression que Coco cherche à sympathiser et plus si affinités avec Marine, je me trompe ?

-"Ah ah bien vu !

-"Et tu le coaches ?

-"Oh non, la dernière fois que j'ai coaché quelqu'un, il a fini gay..." me répond-il avec un grand sourire.

-"Ah oui, tu as raison, il ne faut pas interférer avec la sexualité de Corentin, ça risquerait de le chambouler...

-"Tu l'as dit !

-"Et il progresse ?

-"Oh oui, dans un an ou deux, je pense qu'il arrivera à lui faire comprendre !

-"Oh le pauvre ! Ca me rappelle quelqu'un... je peux demander à Thibaud de se renseigner auprès de Marine pour voir s'il a une chance ?

-"Ca pourrait aider... mais c'est ton idée, pas la mienne !

-"Pas de problème, j'assume..."

Corentin s'est retourné et nous nous sommes tus ; je lui ai fait un petit clin d'œil et je l'ai vu rougir.

Je crois qu'on est tous pareils quand il s'agit de faire les premiers pas avec une personne qui nous plaît, gauches et tellement peu sûrs de nous mais c'est ça aussi qui fait le charme de ces instants...

'Enfin, ce n'est pas moi qui lui donnerait des leçons !'

...

Nous avons repassé la frontière et nous nous sommes dirigés vers Kaiserslautern pour déjeuner et ensuite y visiter une brasserie qui fabrique une bière locale car bien sûr, impossible de faire un voyage en Allemagne sans y découvrir la boisson nationale. Au moment de la dégustation, monsieur Zeiger a pris la parole.

-"En Allemagne, l'âge légal de consommation de boissons à faible teneur en alcool est de 16 ans donc pour les élèves de première, pas de problème !"

Des cris de joie et des sifflets ont retenti marquant l'enthousiasme des plus âgés.

-"Pour les secondes, désolé, il faudra revenir l'année prochaine !"

Cette fois des cris de dépit se sont élevés.

-"Moi, j'ai 16 ans monsieur !

-"Moi aussi !"

Ils étaient une petite dizaine à protester et finalement monsieur Zeiger a permis à ceux qui pouvaient prouver qu'ils avaient effectivement l'âge révolu de participer à la dégustation.

Enzo et Léa sont revenus triomphalement vers nous, un verre à la main.

-"Elle est bonne, vous voulez goûter ?

-" Heu oui pourquoi pas ?

-"Diego ?

-"Heu, moi je suis loin d'avoir l'âge légal puisque j'aurai 15 ans dans deux jours alors je sais pas...

-"Oh, faudra fêter ça ! Allez goûte, juste une gorgée..."

Je n'ai pas aimé du tout. C'est amer et je me demande ce que tout le monde peut trouver à cette boisson. J'ai avalé difficilement ma gorgée et tout le monde s'est moqué de moi en riant. Après quelques achats dans la boutique de la micro-brasserie, nous sommes repartis pour Heidelberg, la dernière étape de notre séjour.

Nous sommes arrivés une heure plus tard à l'auberge de Jeunesse et j'ai pu constater avec amusement que les vertus diurétiques de la bière n'étaient pas une légende car il a eu foule à se précipiter aux toilettes !

Nous ne passerons qu'une nuit dans cette auberge mais quand monsieur Zeiger a commencé à nous expliquer la répartition des chambres, j'ai écouté avec beaucoup d'attention.

'J'espère que ce sont des chambres de deux !'

J'ai regardé Thibaud et le sourire qu'il m'a retourné m'a confirmé qu'il pensait la même chose que moi !

Hélas, trois fois hélas, nous avons appris quelques secondes plus tard que nous dormirons dans deux dortoirs de 16 et 12 lits pour les garçons et l'équivalent pour les filles.

-"Dommage, les gars, pas de nuit torride en perspective !" s'exclame Léa.

-"Ah non ou alors ça s'appelle une orgie !"

Sébastien m'a appelé alors que nous descendions du car.

-"Allô Séb, ça va ?

-"Oui, je te dérange pas ?

-"Heu non, on vient juste d'arriver à l'auberge de Jeunesse. Tu mets le haut parleur ?

-"C'est bon !

-"Guten Tag, Stéphane, es ist Didi. Wir sind gerade in Heidelberg angekommen. Heute haben wir..."Bonjour Stéphane, c'est Didi. Nous venons juste d'arriver à Heidelberg. Aujourd'hui nous avons...

Tout le monde était descendu du car, il ne restait plus que madame Ravier et je me suis dépêché de sortir. Thibaud m'attendait à l'entrée, il avait récupéré ma valise et nous sommes allés découvrir notre dortoir.

Franchement ça va, c'est très propre et la pièce est grande mais c'est vrai que question intimité, ce n'est pas génial. Il n'y avait plus que deux lits inoccupés, et malheureusement très éloignés l'un de l'autre. Il y avait quelques gars en train de déballer leurs affaires mais la plupart étaient déjà partis, monsieur Zeiger nous ayant donné quartier libre ce soir.

J'ai souri tristement à Thibaud et je lui ai murmuré dans l'oreille.

-"C'est pas ce soir qu'on fera des folies de notre corps !"

...

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