CHAPITRE CLXV
Nous sommes restés perplexes quelques secondes devant la porte avant de réagir.
-"Bizarre, cette histoire !
-"Oui, j'avoue que je ne comprends pas trop...
-"Bon, on va bien voir."
J'ai introduit la clé dans la serrure et j'ai ouvert la porte.
-"Oh !"
C'est une petite chambre avec trois lits seulement, deux accolés dans un coin et un troisième sur lequel était disposé nos valises.
-"Oh... tu crois que c'est ce que je crois ?" déclare Thibaud en me regardant.
-"Ha ha ha, je ne sais pas ce que tu crois mais j'ai l'impression qu'on nous a attribué la suite nuptiale de l'auberge !"
J'ai vu Thibaud s'empourprer tandis que ses yeux se mettaient à briller.
-"Attends, regarde, il y a un mot sur le lit !"
Il s'est approché et s'en ai saisi.
Bienvenue dans votre chambre !
Nous sommes sûrs que vous apprécierez cette magnifique chambre privative.
L'idée a germé dans certains esprits que vous pourriez certainement mettre à profit un peu d'intimité dans la ville du romantisme...
Bonne nuit, les amoureux !
P.S.
Les premières ont réussi à obtenir une demi-heure supplémentaire de sommeil auprès de monsieur Zeiger, le rendez-vous pour le petit déj' est à 8 heures.
re P.S.
Ne soyez pas en retard, ça risquerait de faire jaser !
-"Waouaw ! C'est dingue !" m'exclamé-je
-"Qui est au courant à ton avis, à part Boris ?
-"Je sais pas... tous nos amis, plus les trois qui devaient dormir là !
-"Autant dire tout le monde !" conclut Thibaud
-"Je n'ai rien vu venir, je suis vraiment naïf !
-"Moi non plus ! Je n'en reviens pas...
-"Et si on en profitait plutôt que de rester à discuter ?"
-"Absolument et ce soir, c'est moi qui vais te faire un strip-tease !"
...
Ce que nous avons vécu dans cette chambre, restera entre Thibaud et moi. Peut-être plus tard en donnerons-nous une version édulcorée à nos amis très proches mais aucun détail. Non, cela nous appartient et seulement à nous !
C'est la plus belle nuit que j'ai jamais vécue. D'ailleurs, d'habitude je ne vis pas mes nuit, je me couche et je dors. Tout le contraire de ce qu'il s'est passé. Nous nous sommes couchés, mais pas tout de suite. Thibaud m'a réellement fait un strip-tease, il voulait me remercier de celui que j'avais improvisé pour lui la veille, et ça a lancé la nuit !
J'avais déjà vu le sexe de Thibaud, c'est vrai. Une première fois, flaccide, dans les douches de la piscine avant qu'il ne réagisse excité par ma propre nudité et qu'il le cache à la vue de tous avec ses mains et s'enfuie précipitamment. Et puis bien sûr, une seconde fois, dans ma chambre, l'après-midi où il était venu me rejoindre sous le fallacieux prétexte de venir m'aider à faire le ménage qui avait fait bien rire sa mère ! Mais c'était différent, nous étions empruntés, gênés je crois, et nous nous étions maladroitement donnés du plaisir en guettant malgré nous l'arrivée de Sophie.
Cette fois, c'était le véritable moment, comme je l'avais imaginé. Enfin non, c'était encore beaucoup plus beau et tellement plus fort...
...
C'est très tard que nous nous sommes glissés sous les draps. Les deux lits accolés ne nous permettant pas d'être réellement ensemble, nous avons décidé de mettre les matelas par terre afin qu'ils ne forment qu'une seule couche. Nous nous sommes blottis, nus, l'un contre l'autre, encore abasourdis et émerveillés de ce que nous venions de découvrir.
-"Je t'aime..." murmure tendrement Thibaud dans la pénombre de la chambre qui a retrouvé le calme.
-"Oh, moi aussi je t'aime, Thibaud ! Je n'ai jamais rien connu de comparable à ce que nous venons de vivre... c'était magique !
-"C'était ce dont je rêvais depuis que je t'ai rencontré, en mille fois plus fort !
-"Oui, c'est exactement ça, en mille fois plus fort..."
Sa main est venue prendre la mienne et l'a serrée doucement.
-"T'inquiète pas, je ne partirai pas...
-"Je sais... oh mon Dieu, je suis le plus heureux au monde et je voudrais que le temps s'arrête...
-"Moi aussi, j'aimerais qu'on soit dans une cabane dans le grand nord et que cette nuit dure six mois...
-"Six mois plus une demi-heure ! reprend-il en riant doucement.
-"Ah oui ! Ils ont été forts les premières de réussir à négocier ça auprès de monsieur Zeiger.
-"Tu crois que les profs sont au courant ?
-"Pour la chambre ? Oh non, connaissant Boris, il a tout organisé dans leur dos !
-"Je n'aurai jamais imaginé qu'un jour j'aurai tant envie d'aller remercier Boris...
-"Oui, je sais que pour toi c'est difficile mais c'est un gars génial et sous des abords un peu directs, il a un cœur en or. Tu sais qu'il avait deviné que j'étais gay alors que moi je n'en avais même pas conscience ?
-"Et il ne t'a rien dit ?
-"Non... il m'a laissé le comprendre tout seul...
-"Il a eu raison, c'était à toi de faire le chemin. Moi aussi, j'attendais que tu le comprennes enfin plutôt, j'espérais que tu le sois...
-"Mon pauvre Thibaud, j'ai mis ta patience à rude épreuve !
-"Oui mais je crois que j'aurai pu attendre encore très longtemps pour vivre juste cette nuit avec toi !
-"Oh c'est beau ce que tu dis et c'est tellement gentil...
-"C'est juste ce que je pense !
-"Je sais..."
Nous nous sommes encore plus rapprochés, s'il était possible de le faire, je me suis tourné sur le côté et il est venu se coller tout contre moi, ses jambes sont venues s'encastrer contre les miennes, son ventre contre mon dos et son sexe contre mes fesses...
-"Hé, je te vois venir, toi ! Sous couvert de romantisme, tu en veux encore plus !
-"Oh oui, je veux tout de toi mais je suis patient...
-"Je sais...
Tout à coup, je crois qu'il a pensé à demain et j'ai retrouvé le Thibaud peu sûr de lui.
-"Et qu'est-ce qu'on va leur dire, demain matin ?
-"Dass wir auch sehr gut geschlafen haben ! Qu'on a aussi très bien dormi !" réponds-je en riant.
-"Oui, c'est ma plus belle nuit, je t'aime Diego !
-"Je t'aime Thibaud !"
...
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