CHAPITRE CXCIX

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C'est tout excité que je suis allé chercher Thibaud chez lui juste après les cours. C'est Stéphane qui m'a emmené puisqu'il n'a pas encore repris le travail.

-"Et d'ailleurs, tu vas reprendre quand ?" lui demandé-je sur la route.

-"Il faut que mon dossier passe devant une commission et mon médecin l'a envoyé hier donc, bientôt je pense.

-"Ah oui, ils veulent vérifier que tu es encore capable de citer des auteurs ou de déclamer des vers !

-"Ca doit être ça mais en tous les cas, je suis impatient de reprendre !

-"Je te comprends et en plus tes élèves seront très contents de te revoir !

-"Oui, ça va être un moment sympa..."

Sonia a absolument tenu à faire entrer Stéphane et lui a proposé un café. J'avoue que quand j'ai vu qu'il y avait de la brioche, cela a complètement recueilli mon adhésion. Les adultes se sont installés dans le salon tandis que nous restions dans la cuisine.

-"Diego, tu sais, nous, on va aller en Grèce pendant les grandes vacances et on va faire du bateau ! " s'exclame Hugo tout excité.

-"Oh super, vous avez de la chance !

-"Mon père nous a annoncé ça hier soir et depuis il ne tient plus en place." m'explique Thibaud.

-"On va louer un voilier et on va se balader d'île en île, ça va être génial !" reprend Alexis visiblement aussi excité que son petit frère.

-"Mais vous savez naviguer ?

-"Nous, non mais mon père est marin et quand il était jeune, il avait un bateau.

-"Ca doit être une super expérience, vous avez vraiment de la chance... moi, je vais aller dans le sud de la France.

-"C'est bien aussi.

-"Et sinon, Thibaud m'a dit que les Oui, l'avaient largement emporté ?" m'interpelle Alexis.

Ca m'a surpris encore une fois parce que ça veut dire qu'ils en ont parlé ensemble.

-"Oui, c'est génial !

-"Et ça va, personne ne vous embête au lycée ?" reprend-il

-"Tu veux dire parce qu'on est gays ?

-"Oui, dans mon collège il n'y a aucun gay et heureusement pour eux...

-"Non, dans ton collège, il n'y a aucun gay déclaré ! Il y a certainement des gays ou des lesbiennes mais ils ont trop peur..." intervient Thibaud.

-"Oui, c'est exactement ça ou alors ils sont comme moi et ils ne savent pas encore qu'ils sont gays !

-"Peut-être mais je crois que c'est surtout la peur. Franchement, les années collèges, c'est ce qu'il y a de pire ! Enfin, pour les gays...

-"Tu as raison, il faudrait qu'on fasse quelque chose, tu te rappelles, on en avait parlé dans les projets de début d'année, faire une intervention en collège pour parler d'homosexualité...

-"On ne serait pas crédible devant une classe de 3èmes, il y en a qui sont plus vieux que toi !

-"Oui, peut-être pas cette année mais l'année prochaine, et puis on peut demander à quelqu'un du club Arc-en-ciel de venir avec nous si ça te fait peur ?

-"Tu veux dire qu'on ferait ça tous les deux ?

-"Oui, enfin, si tu en as envie...

-"Oui, pas cette année mais l'année prochaine d'accord et on commencera par Jules Verne !"

...

Stéphane nous a conduits jusqu'à la gare routière, en centre-ville et nous avons pris le car de 17h27, direction Locmariaquer.

J'avais planifié le week-end avec Edouard et Marie et, avec Thibaud, nous avions décidé de ne pas solliciter mes parents pour qu'ils nous y emmènent. Ca leur avait d'ailleurs mis la puce à l'oreille.

-"Et pourquoi voulez-vous y aller en car ? On pourrait vous emmener !

-"Oui, je sais et c'est très gentil mais c'est aussi pour que vous passiez un week-end juste tous les deux, en amoureux...

-"Pas mal comme réponse, on n'y croît pas un instant mais bien trouvé, Didi !

-"Ben si !

-"Et comme ça vous allez vous retrouver tranquille avec juste les grands-parents ! On a eu quinze ans avant toi, on sait ce que c'est !"

J'ai préféré ne pas répondre. Bien sûr qu'on y a pensé Thibaud et moi mais c'est aussi vrai que j'aime bien l'idée qu'ils se retrouvent tous les deux.

'Bon, c'est vrai, ce n'était pas ce que j'avais en tête en premier...'

Sébastien a appelé ses parents pour voir avec eux comment ils envisageaient notre séjour et finalement, nous avons eu gain de cause.

J'avoue que sur ce couplà, j'étais assez content d'avoir réussi à contourner l'avis paternel !

On s'est installés au fond du car et ça m'a rappelé le voyage à Sarrebruck, que de souvenirs ! Et autant quand je fais ce trajet seul, je le trouve interminable, autant avec Thibaud, il est passé en un clin d'œil !

...

-"Ah vous voilà !" s'écrie Marie tandis que je descends le premier du car.

J'embrasse affectueusement mes grands-parents et je me retourne pour leur présenter Thibaud. Il se tient un peu derrière moi et a l'air tout intimidé.

-"Papy, Mamie, je vous présente celui qui fait battre mon cœur plus vite, mon amoureux, Thibaud !

-"Bonjour jeune homme, quel plaisir de vous rencontrer !" s'exclame Marie en l'embrassant chaleureusement.

Edouard s'approche à son tour de Thibaud et lui serre vigoureusement la main.

-"Bonjour Thibaud, très heureux de faire ta connaissance !

-"Moi aussi, Monsieur ! Merci d'avoir permis à Diego de m'inviter...

-"Tu parles, depuis le temps qu'on entend parler de toi, on tenait absolument à te connaître. Si je peux me permettre de te tutoyer..." reprend Marie avec un grand sourire.

-"Oh oui, bien sûr."

Nous sommes montés dans la voiture et avons pris la direction de la maison. Pendant le trajet, j'ai fait l'essentiel de la conversation sentant que Thibaud était encore un peu crispé. J'ai pris sa main dans la mienne et je lui ai souri pour essayer de le décontracter mais il paraissait toujours très en-dedans.

-"Allez déposer vos affaires dans vos chambres et on passe tout de suite à table. Diego, tu montreras sa chambre à Thibaud, on l'a mis dans la chambre de Sophie."

J'ai essayé de ne pas montrer ma déception en entendant les dispositions prises pour la nuit. Bien sûr, je m'y attendais, c'est logique. On n'attend pas de ses grands-parents qu'ils vous mettent dans la même chambre que votre petit ami, garçon ou fille d'ailleurs, pas à quinze ans ! Mais j'ai tout de même été déçu et Edouard a dû s'en rendre compte.

-"Tu ne voulais tout de même pas qu'on vous mette dans le même lit !"

Je n'ai pas répondu car j'ai vu que Thibaud commençait à rougir dangereusement et je n'ai pas voulu prolonger cette conversation qui le mettait mal à l'aise.

-"Pas de problème ! Viens Thibaud, je vais te montrer..."

Nous avons pris nos sacs et sommes montés à l'étage.

-"Donc voici ta chambre, c'est celle de ma tante Sophie. Et moi, je suis là, juste en face.

-"Et tes grands-parents dorment dans la dernière chambre ?

-"Non, ils dorment en bas...

-"Ah oui...

-"Donc je te préviens, je risque d'avoir peur tout seul cette nuit et d'être obligé de me réfugier dans ta chambre..." glissé-je en souriant.

-"Oh d'accord, tu es le bienvenu, je ne fermerai pas la porte..."

...

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