Naufrage
Une pression s’exerça contre le dos de Flavia, la poussant contre le meuble-vasque.
Un coup d’œil dans le miroir lui révéla qu’il s’agissait de Leandro, qui la fixait avec un regard sombre qu’elle ne lui avait jamais vu.
Il courba son corps herculéen vers l’oreille de la jeune fille.
— Ton père a été assassiné par la mafia il y a vingt ans, c’est bien cela ?
— Mais comment avez-vous su ? Vous avez fouillé …
— C’est mon boulot de fouiner sur ceux qui tournent autour de Malaspina.
— Mais je ne tourne pas autour…
— Tais-toi ! Bien sûr, c’est une coïncidence que tu sois entrée sur recommandation dans le seul restaurant qui nous appartient notoirement.
— C’est pourtant vraiment le hasard qui a fait que…
— Bien entendu, c’est comme ces questions que tu m’as posées dans la voiture, elles sont purement fortuites, n’est-ce pas ? Tout ton petit jeu, c’est dans le but de retrouver l’assassin de ton père.
Flavia baissa la tête, incapable de mentir. Elle frémissait à la seule mention de l’ordure qui avait brisé sa famille.
— Et quand tu l’auras retrouvé, que feras-tu ?
— Je me vengerai !
A ces mots, elle se retourna vers l’homme de main.
— Est-ce que c’est vous qui avez fait ça, Leandro ? Vous avez vu son visage, est-ce vous qui l’avez tué ?
Leandro esquissa un sourire narquois.
— Non, je ne suis pas le seul mafieux à Naples, figure-toi…
— C’était il y a vingt ans, vous pourriez l’avoir oublié…
— Nous n’oublions ni le visage ni le nom de ceux que nous supprimons, ce n’est pas un acte anodin, vois-tu ?
Puis, après un silence, il reprit, grave.
— Et si c’était Malaspina, l’assassin de ton père ? Je ne dis pas que c’est lui, car nous gardons chacun le secret de nos contrats, mais que lui ferais-tu ?
Flavia lui jeta un regard perplexe.
— Ne fais pas comme si tu n’avais jamais envisagé cette éventualité, sale petite menteuse ! Allez, dis-moi, que lui ferais-tu ?
— Je ne sais pas……sincèrement.
— Sincèrement… si tu projetais de l’éliminer, tu ne me le dirais pas, de toute manière.
— Mais… c’est que… je l’aime, finit par avouer Flavia les yeux baissés.
— Ça, ça ne répond pas à ma question.
Elle se tut, les yeux dans le vague, car elle ne voulait pas penser à la possibilité qu’avait évoquée l’homme de main.
Elle disait la vérité, jugea-t-il à part lui, elle ne pourrait peut-être pas tuer l’assassin de son père, a fortiori s’il s’agissait de Malaspina. Si c’était le cas, elle se confondrait en protestations, mais elle avait l’air profondément déconcertée par la question.
L’aveu de l’amour qu’elle portait à son maître avait l’air authentique, lui aussi, mais il savait mieux que quiconque quel danger pouvait représenter une femme amoureuse.
— Descends dans le salon avec moi, il est hors de question que je te laisse seule avec lui.
Arrivé en bas, il lui montra l’un des sofas.
— Tu peux finir la nuit ici, je te garde à l’œil. Ne me tourne pas le dos.
Et il se posta sur le canapé qui lui faisait face, les bras croisés.
Flavia était effarée de se voir ainsi acculée, dans sa propre maison, mais elle sentait qu’elle était entrée en territoire périlleux avec Leandro et qu’il valait mieux ne pas essayer de contester ses ordres.
Elle s’allongea et ferma les yeux, priant de trouver rapidement le sommeil pour échapper à l’implacable surveillance de son geôlier.
En effet, Leandro l’observait, imperturbable, scrutant attentivement la jeune fille étendue devant lui.
Il s’en voulait de ne pas avoir décelé plus tôt les motivations de Flavia. Toute insignifiante qu’elle était, elle était parvenue à tromper sa vigilance exercée.
C’était son innocence, qu’il avait crue sincère, qui l’avait induit en erreur mais désormais, elle était devenue une menace, et il était hors de question qu’il transige avec la sécurité de son maître, même si le danger semblait minime.
Dès l’aurore, Malaspina redescendit et trouva Leandro dans le salon, dans la même position que la veille, et Flavia endormie sur le canapé opposé.
— Bonjour, bien dormi ? demanda l’homme de main, sans aucune ironie dans la voix.
— Ça va. Que fait-elle là ?
— J’ai pensé que c’était plus prudent, vu ce que j’ai découvert hier soir…
Devant le silence du capo, il poursuivit.
— Cette fille a perdu son père, un avocat, il y a vingt ans, visiblement assassiné par la mafia. Ça m’a rappelé des questions qu’elle m’avait posées une fois dans la voiture, pendant que je la raccompagnais. Elle avait manifesté une franche hostilité à l’encontre des mafieux en général. Dès le début, je l’ai trouvée étrange, cette façon maladroite d’essayer d’attirer ton attention…
Le capo se taisait toujours, attendant l’exposé complet de son subordonné, ne laissant transparaître aucune émotion.
— Je l’ai coincée cette nuit, et elle m’a avoué que son dessein était de se servir de nous pour retrouver l’assassin de son père, et ensuite se venger de lui.
— Je te félicite pour ton intuition. Bien… De toute façon, je ne comptais pas la revoir après ce soir.
Pendant cette discussion, Flavia s’éveillait graduellement, mais elle ne discerna clairement que la dernière phrase.
Elle ne put retenir un mouvement qui révélait sa stupéfaction.
Les deux hommes portèrent leur regard sur elle, et il lui sembla recevoir de ces deux-là simultanément la gifle de leur écrasant mépris. Cela lui fit monter les larmes aux yeux, mais elle essaya de les réprimer de toutes ses forces. Autant faire face avec dignité à cette chute brutale en disgrâce.
Malaspina prit alors la parole, détachant soigneusement chaque mot.
— La chose que je hais le plus au monde, c’est le mensonge. Il aurait suffi que tu m’en parles ouvertement et peut-être t’aurais-je aidé, tu as eu quelques occasions de le faire. J’étais venu te voir hier pour t’inciter à aller de l’avant, reprendre tes études, et te proposer du soutien dans ce but, pour remettre les compteurs à zéro. Nous devions nous quitter en bons termes, car tu m’as bien diverti.
Flavia le considérait, ébahie par cette déclaration. Elle voulait protester, se justifier, s’excuser, mais aucun son ne parvint à sortir de sa bouche.
— Comme tu es une femme, je vais t’épargner le traitement habituel que je réserve aux personnes qui me trahissent, mais veille bien à ne plus jamais recroiser mon chemin, car je ne sais pas si je pourrais faire preuve une seconde fois d’une telle mansuétude.
Leandro, assure-toi qu’elle prenne bien sa contraception, ajouta-t-il, jetant un comprimé emballé sur le buffet.
Sur ce, il tourna les talons et disparut sans jeter un regard en arrière.
Flavia laissa échapper les sanglots qui étaient restés coincés jusqu’à ce moment dans sa gorge et s’effondra face contre le sofa.
Leandro attendit qu’elle se calme un peu et s’assit près d’elle, lui apportant le cachet accompagné d’un verre d’eau.
— Prends ce mouchoir, sinon tu ne vas pas y arriver, proposa-t-il, mais sa voix ne marquait aucune aménité.
Flavia se moucha, puis avala péniblement le médicament car des hoquets entravaient la déglutition.
— Tiens, hier soir, ton voisin est venu te rendre visite pour savoir comment tu allais, je lui ai dit que tu n’étais pas visible pour le moment. Ce mec a l’air d’un vrai hypocrite, précisa-t-il d’un ton indifférent avant de la quitter lui aussi.
Flavia se ramassa sur elle-même, abandonnée à sa solitude, le regard dans le vide, hébétée par la nouvelle perte qu’elle venait de subir.
C’est ainsi que Chiara la retrouva deux heures plus tard. Flavia réussit tant bien que mal à expliquer ce qui venait de se passer, et son amie comprit instantanément la gravité de la dépression qui menaçait de s’abattre sur elle. Elle fit venir ses affaires et emménagea pour quelques jours au manoir, afin de ne pas laisser Flavia seule ne serait-ce qu’une seconde.
Pendant ce laps de temps, où Flavia demeura mutique, ressassant sans cesse les derniers moments passés avec le capo, Chiara s’occupa de tout. Elle se donna grand mal pour lui changer les idées, n’évoquant jamais l’évènement malheureux qui avait plongé Flavia dans une langueur mortelle.
Malaspina occupait toutes ses pensées. L’illusion de sa dernière nuit d’amour avait été un coup fatal pour elle.
Le troisième jour, enfin, elle parvint à arracher un sourire à Flavia et en profita pour entamer une discussion sérieuse avec elle.
— Je sais que c’est difficile à entendre mais tu ne subis là que ton premier chagrin d’amour, et oui, ça fait très mal. Ça peut ne pas beaucoup t’aider, mais sache que nous sommes toutes passées par là. Je pourrais t’engloutir sous des paroles de consolation que ça ne changerait rien à la chose, il n’y a que le temps qui atténuera la douleur. Fais-moi confiance, il faut prendre son mal en patience, c’est la seule solution.
D’ici là, il va falloir te forcer à sortir, continuer à vivre comme si de rien n’était. Tu verras, ça ira mieux jour après jour, même si le processus est long. Déjà, et je suis désolée de te le dire, ce salopard a raison quand il a dit qu’il fallait poursuivre tes études. Donc, pour commencer, tu vas te replonger dedans car cela fait longtemps que tu n’as plus pratiqué, ça va te donner du grain à moudre. Pendant ce temps, tu penseras moins à lui.
— Je n’arriverai jamais à l’oublier, protesta Flavia.
— Non, tu ne l’oublieras pas, mais tu apprendras à penser à lui sans t’en émouvoir. On n’oublie pas son premier amour, mais on le laisse derrière soi, voilà tout. Et maintenant, tu vas mettre toute ton énergie à te construire un avenir radieux. Tu voulais devenir écrivain, n’est-ce pas ? C’est le moment de t’y mettre.
Flavia acquiesça car le bon sens de son amie était infaillible, elle avait compris que le chemin serait long et pénible, mais la perspective de se remettre à ses études lui donnait de l’espoir.
S’appuyant sur cette lueur, elle remit la maison en ordre, la verrouilla, et regagna Naples en compagnie de Chiara.
Celle-ci la comblait de marques d’amitié, l’entourant de soins continuels et afin de favoriser la convalescence de son amie, elle lui proposa d’emménager chez elle.
Flavia refusa néanmoins car trop de changement risquait de déstabiliser le fragile équilibre qui s’était mis en place.
En rentrant, elle avait appelé le restaurant pour savoir si elle pouvait reprendre, même si elle était persuadée qu’elle serait renvoyée sur-le-champ. A sa surprise, M. Giolitti lui confirma qu’elle pourrait réintégrer l’équipe, ce qu’elle fit le soir même.
Revoir les lieux où elle avait rencontré Malaspina la bouleversa naturellement, mais elle parvint à ravaler sa tristesse pour se concentrer sur le travail.
Par contre, elle ne fut plus affectée à l’arrière-salle réservée aux VIP, elle ne pourrait donc plus croiser le groupe de mafiosi car un couloir distinct desservait cette pièce directement depuis l’entrée. Elle en fut à la fois déçue et soulagée.
En effet, elle craignait sérieusement d’être foudroyée par la douleur si elle revoyait le visage de l’être aimé.
Elle allait et venait au restaurant, n’échangeant avec personne, ne s’attardant jamais, et fuyant dès le service accompli.
En apparence, elle avait réussi à surmonter sa peine, mais un observateur averti aurait décelé dans ses absences le combat qu’elle menait contre elle-même pour rester à flot.
Pendant son temps libre, elle s’était jetée à corps perdu dans la révision des cours qu’elle avait suivis les années précédentes en vue d’aborder correctement les apprentissages de la seconde année de Master.
Elle s’accordait quelques moments de répit, laissant son esprit errer sur les airs languissants d’Aegis ou Lake of sorrow, laissant Liv Kristine et Anita chanter sa mélancolie, et le violon se lamenter pour elle.
Mais la nuit venue, dans le noir, elle revivait toutes les caresses qu’elle avait données et reçues. Il était toujours là, quelque part dehors, mais elle ne pourrait plus le voir, entendre sa voix profonde, se plonger dans son intense regard, le toucher, le sentir en elle… Cette pensée l’obsédait, la torturant avec une volupté cruelle. Elle serrait parfois contre elle la chemise qu’elle conservait en espérant y retrouver le parfum de sa peau.
Le week-end, elle persistait à refuser de se joindre au groupe de Chiara pour sortir, elle ne sentait pas capable de se contraindre à sourire alors que son cœur pleurait toujours son amour perdu.
Les semaines s’écoulèrent ainsi, seules les entrevues avec son amie jetaient un peu de joie dans sa vie monotone.
Un évènement vint troubler la relative tranquillité de Flavia. Tandis qu’elle se rendait chez Chiara pour y passer un de ses soirs de repos, elle prit un raccourci par une rue qui abritait un certain nombre de boîtes de nuit.
Elle remarqua dans l’encadrement d’une porte une silhouette de haute carrure couronnée de cheveux argentés, et reconnut Leandro. Celui-ci semblait attendre comme il l’avait attendue autrefois. Une femme sortit à ce moment-là, une magnifique brune aux longs cheveux dont la robe rouge épousait les plantureuses formes. Flavia s’arrêta net, et, effarée, empoigna son tee-shirt de douleur. Un coup de poignard n’aurait pu la faire souffrir davantage. Que croyait-elle ? Qu’il allait passer le reste de sa vie chastement ?
Leandro tourna la tête de son côté et Flavia fit un mouvement pour se rejeter derrière un passant mais l’homme l’avait aperçue.
Mais il l’ignora et prit la taille de la femme pour la guider vers la berline de luxe qui était stationnée un peu plus loin.
Il fut très difficile à Flavia de reprendre sa routine à la suite de cette rencontre, mais au prix d’une violence inouïe, elle tint ses objectifs.
Cependant, le destin s’évertuait à réduire ses efforts à néant en déjouant ses plans.
Ainsi, deux semaines plus tard, alors qu’elle longeait distraitement le Corso Umberto I pour rejoindre son lieu de travail, elle sentit deux mains la retenir. Elle réalisa alors qu’elle s’apprêtait à traverser alors que le feu dédié aux piétons était rouge et que les voitures roulaient à toute vitesse. Elle se retourna pour remercier le bon samaritain qui lui avait évité un accident. Il s’agissait de Fabio, le plus jeune compagnon de Malaspina, qu’elle avait souvent entendu égayer les repas à la Tavolo marmoreo.
Il la gratifia d’un grand sourire.
— Il faut faire attention, Flavia ? C’est Flavia, c’est ça ?
Flavia opina de la tête.
— On ne te voit plus d’ailleurs, tu travailles toujours au restaurant ?
— Oui, mais on m’a retiré le service de l’arrière-salle.
— Et pourquoi ? A part ta boulette de la première fois, ça se passait plutôt bien.
Le jeune homme semblait sincèrement tout ignorer de la situation, Flavia pensa que Malaspina n’était pas du genre à s’épancher sur ses affaires privées.
— J’ai offensé M. Malaspina, je lui ai menti… Je l’ai déçu, répondit-elle d’un air navré.
— C’est vrai qu’il ne supporte pas les mensonges, dit Fabio d’un air pensif, mais ça ne peut pas être si grave, hein ? Tu as un moment, tu veux prendre un café ?
L’occasion était trop belle de pouvoir reparler de l’homme qu’elle aimait, elle fit taire la petite alarme qui s’était déclenchée en elle, et elle accepta avec empressement, d’autant que Fabio avait vraiment l’air sympathique. Son tempérament franc et chaleureux lui faisait un bien fou.
Elle le suivit dans un snack qui se trouvait à proximité, où il lui offrit un de ces fameux cafés dont les napolitains étaient si fiers, le considérant comme le meilleur du monde.
Elle le demanda allongé, suprême hérésie qui fit beaucoup rire Fabio, car il était d’usage de le consommer très serré, et de le boire d’un trait.
— Est-ce que ça fait longtemps que vous le connaissez ? Quel genre d’homme est-ce ? demanda-t-elle, dévorée par la curiosité.
— Hé bien, tu l’as vu non ? Il est tout ça bien sûr, mais il a aussi beaucoup de grandes qualités, enfin grandes pour nous, c’est-à-dire que c’est un homme en qui on peut faire confiance, solide, avec un jugement toujours juste, bref, c’est un leader qui attire la fidélité. On peut le suivre les yeux fermés.
Puis il raconta en quelques mots sa propre histoire, qui l’avait conduit de l’orphelinat dont il avait fugué à la rue où il survivait de petits larcins. Il avait alors été recueilli par Malaspina. Celui-ci l’avait forcé à reprendre ses études jusqu’à la fin du premier cycle, pour acquérir au moins quelques connaissances rudimentaires, et sur l’insistance de Fabio, l’avait intégré dans l’organisation. Ils étaient visiblement plusieurs avec un parcours similaire au sien. Il en parlait avec une véhémence qui démontrait son attachement pour son bienfaiteur.
Le capo s’était ainsi constitué une garde rapprochée très fiable, puisque ces hommes lui étaient redevables de tout. L’avait-il fait par pur intérêt ou avait-il était motivé par la compassion? se demanda Flavia.
— Mais ce que vous faites est extrêmement dangereux, fit remarquer ouvertement Flavia, touchée par la personnalité de Fabio. Vous jouez votre vie, et ce serait dommage de la perdre si jeune.
— Ho, ne t’inquiète pas, je n’en ai pas l’air, mais je suis redoutable ! plaisanta Fabio.
— Je vous crois volontiers, vous avez l’air de beaucoup l’apprécier en tout cas…
— Oui, tu parlais de mourir, mais je me ferais tuer pour lui sans sourciller, affirma-t-il fièrement.
En ce qui te concerne, tu penses que tu l’as déçu, ça a l’air de te rendre malheureuse…
— Oui, il ne veut plus me revoir…
- Quel bourreau des cœurs, celui-là ! Enfin, ça ne peut pas être bien méchant…
— J’ai bien peur que si.
— Voyons, ça m’étonnerait, tu as l’air bien inoffensive, sans vouloir te vexer. Est-ce que tu veux le revoir ? Je peux t’arranger ça, si tu veux.
Cette proposition fit bondir le cœur de Flavia dans sa poitrine. Elle n’en avait pas le droit, Malaspina le lui avait interdit, elle en était consciente… Cela réduirait à néant tous les efforts qu’elle avait fournis depuis plus d’un mois, de plus, il lui avait fait comprendre qu’elle risquait le pire si elle se trouvait à nouveau en sa présence.
Mais au fond d’elle-même, elle savait qu’elle était prête à en payer le prix.
— C’est certain que j’aimerais le revoir, souffla-t-elle, la pondération des paroles démentant le ton sur lequel elles les avaient prononcées. J’ai peur que vous vous attiriez ses foudres si vous intercédez pour moi.
— Tu exagères, là. Attends, je passe un coup de fil, cela ne devrait pas être trop difficile.
Il sortit quelques minutes, et revint, le visage rouge.
— Bon, je me suis pris une volée de bois vert, mais il a fini par accepter. Il est possible que j’aie un peu forcé le trait. Leandro passe te prendre ce soir au restaurant après le travail.
A ces mots, Flavia faillit défaillir, la joie se mêlant à l’appréhension. Ce ne serait pas d’heureuses retrouvailles, c’était la seule certitude qu’elle avait.
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