Révélation

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Flavia se retrouva devant la porte de l’appartement de Chiara, réalisant soudain qu’elle ne serait peut-être pas là. En effet, il lui revint en mémoire qu’elle lui avait confié passer beaucoup de temps chez son nouveau petit ami. Si cela était, elle serait vraiment démunie car elle avait laissé ses affaires à la bibliothèque et ne disposait pas de son téléphone pour la joindre, ni de ses clefs pour éventuellement retourner chez elle.

Heureusement pour elle, son amie était là. Elle l’accueillit chaleureusement, malgré l’heure matinale.

— Flavia, quel plaisir de te revoir ! ça fait si longtemps… dit-elle en la serrant dans ses bras.

À vrai dire, je crois que nous n’avons jamais passé autant de temps sans nous voir.

Comme son amie restait muette face à elle, essayant de ravaler l’émotion qui la gagnait peu à peu, Chiara devina que quelque chose clochait.

— Tu es passée me voir avant d’aller au travail ? Tu ne dis rien ? Que se passe-t-il ?

Mais Flavia ne soufflait mot, elle tentait de refouler tout ce qu’elle avait vécu sous la surface. Elle avait tellement à dire, mais elle savait qu’elle devait taire le motif réel qui la bouleversait. Un sentiment confus de nostalgie et de tristesse lui donnait la nausée.

D’un autre côté, elle avait cruellement besoin de réconfort. En manipulant habilement son histoire, elle réussirait peut-être à révéler le principal en taisant les détails qui compromettraient sa sécurité, comme celle des mafieux.

— Ils m’ont laissée, c’est tout, commença-t-elle.

— Qui « ils » ? l’interrompit son amie, en la tirant à l’intérieur.

— Est-ce que je peux rester chez toi, ces prochains jours? Je ne me sens pas de rester chez moi seule, demanda Flavia, très lasse, sans tenir compte de la question de son amie.

— Bien sûr, tu peux rester le temps que tu veux, comme ça nous nous retrouverons un peu… accepta-t-elle sans hésitation.

— Merci, mais pour le moment, il faut que j’appelle la bibliothèque, je suis partie hier comme une voleuse, tellement je me sentais mal. Il faut que je les prévienne que je ne suis pas en mesure de travailler. Peux-tu me prêter ton téléphone, enfin…pas tout de suite, car le standard ouvre à neuf heures ?

— Pas de problème, mais viens d’abord t’asseoir et me raconter tes peines…supplia Chiara qui brûlait de savoir ce qui était arrivé à son amie.

Flavia s’affala dans le grand canapé du salon, épuisée par les évènements de la nuit, pendant que Chiara courait préparer des cafés.

Munie de deux mugs, elle revint bientôt et s’installa confortablement en face de Flavia qui luttait contre le sommeil, happée par les coussins moelleux.

Mais elle savait que l’incorrigible curieuse ne la laisserait pas si facilement tranquille. Autant expédier l’interrogatoire tout de suite, pensa Flavia en essayant de se ressaisir.

— J’ai couché avec Leandro, l’homme de main de Malaspina, je crois que je suis tombée amoureuse de lui. Enfin, non, je suis vraiment tombée amoureuse de lui, annonça-t-elle à brûle-pourpoint.

— Mais aux dernières nouvelles, tu aimais Malaspina, non ?

— Oui, je ne me l’explique pas, peut-être que la nature de mes sentiments pour eux diffère en réalité. Toujours est-il que j’ai fini par coucher avec les deux ensemble…C’est Malaspina qui a voulu…

— QUOI ? Tu as couché avec les deux en même temps ? répéta Chiara, estomaquée.

— Oui, c’était un peu imprévu mais ça a fini comme ça…

— Mais comment ? Et pourquoi ? Toi, tu as fait ça…

— Ne me juge pas, s’il te plaît, c’est arrivé, c’est tout. Ce n’est pas le problème.

— Non, pardon, mais c’est juste que tu as grandi si vite, je n’arrive pas à croire que c’est toujours toi, face à moi, qui m’annonce ça si froidement. Dis-moi, qu’est-ce qui t'a blessée, alors ?

— Quand nous avons couché ensemble, je me suis aperçue qu’il y avait quelque chose entre eux deux, quelque chose de fort et de puissant, face auquel je n’étais pas de taille. Est-ce que tu vois de quoi je veux parler ?

— Oui… enfin, non… Tu parles d’amour, là ?

— Je ne sais pas, ça avait même l’air d’aller au-delà de ça…J’avais le sentiment de ne même plus exister, il n’y avait qu’eux qui comptaient…

— Mais tu as essayé d’en discuter avec eux ?

Flavia leva les yeux au ciel, tout cela ne servait à rien, elle ne comprendrait jamais.

— Comme si on pouvait parler de ça avec eux, tu n’imagines même pas de quel genre de personnages il s’agit…Enfin, j’ai eu le sentiment de m’anéantir entre eux. Depuis, ils ont coupé les ponts, je ne sais pas s’ils se sont servis de moi pour … pour… se connecter l’un à l’autre, d’une certaine façon…

— C’est ça qui te chagrine ? Mais, crois-moi, c’est mieux pour toi…Ce sont des ordures…

— Non, ce ne sont pas les salauds que tu imagines.

— Mais tu disais au début…

— J’ai appris à les connaître et il ne faut pas se fier aux apparences, ils sont au fond bien meilleurs que beaucoup qui proclament partout leur vertu. Et je t’arrête avant que tu ne me dises que c’est dû au syndrome de Stockholm.

Chiara était interloquée, elle n’avait jamais vu Flavia aussi affirmative.

— Mais ils t’ont fait souffrir…

— Le monde ne tourne pas autour de moi, ils peuvent être bons indépendamment de leurs relations avec moi.

— Si tu le dis…

Chiara n’osait plus argumenter avec son amie, tellement elle la sentait sûre d’elle. Comme elle avait changé en l’espace de quelques semaines…

Mais elle s’allongea sur le ventre, se tenant la tête de ses mains, avide d’en apprendre plus.

— Allez, dis-moi ce que ça fait de coucher avec deux hommes à la fois…l’implora-t-elle.

Après avoir extorqué à Flavia quelques détails croustillants à grand renfort d’imprécations diverses, Chiara la quitta à contrecœur, car il lui restait quelques cours à suivre avant la césure d‘août. Elle lui promit d’aller récupérer ses affaires à la bibliothèque dans la journée.

Flavia, se retrouvant seule, s’occupa de rasséréner Giustina et M. Ruggiero qui se faisaient un sang d’encre pour elle, n’arrivant pas à comprendre comment elle avait pu s’évaporer en laissant derrière elle son travail inachevé et toutes ses affaires dans la salle du personnel.

En se justifiant auprès du directeur, elle s’étonnait de constater avec quel aplomb et quelle facilité elle mentait, alors qu’auparavant, elle culpabilisait dès qu’elle s’accommodait un peu avec la vérité. Sa mère devait être navrée si elle voyait cela, car elle avait toujours été très stricte sur ce point de son éducation.

Flavia pouvait enfin aller se coucher après avoir réglé cela, mais une question cruciale méritait encore toute son attention. Cependant, elle était exténuée et comprit qu’elle n’était pas en état de prendre une décision lucidement. Elle se laissa glisser dans un sommeil réparateur dans la chambre qu’elle avait auparavant occupée, la tête vide.

Elle s’éveilla vers seize heures, et fut soulagée de constater qu’il lui restait un peu de temps avant que son amie ne revienne pour pouvoir réfléchir à la proposition que lui avait faite le capo.

Elle devait être honnête avec elle-même. Au fond, sa décision était déjà arrêtée sur le principe, car elle avait la ferme conviction que son père était un homme digne d’estime qui ne méritait pas le sort qui lui avait été fait. La vie de sa mère avait été détruite, elle se souvenait avec mille détails de son éternelle mélancolie, sans compter qu’elle s’était usée à la tâche pour subvenir à tous leurs besoins et même au superflu. Devant à son tour endosser ce rôle, elle avait pu mesurer le courage dont avait fait preuve sa mère. D’autant qu’elle avait depuis découvert l’amour, et l’intolérable vide que laissait celui-ci quand il disparaissait. Les souffrances qu’avait endurées sa mère seraient vengées.

Les modalités d’exécution lui répugnaient profondément, mais comme l’avait dit le capo, elle ne pouvait obtenir réparation en gardant les mains propres.

Après avoir pris une profonde inspiration, elle décrocha le téléphone et composa le numéro de la Tavolo Marmoreo.

On lui passa immédiatement M.Giolitti, dès que la réceptionniste comprit qui appelait.

— Monsieur Giolitti, je vous appelle pour vous demander mon solde de tout compte déclara-t-elle d’une voix presque impérative.

Elle était tellement agitée qu’elle avait du mal à se contrôler.

— Je comprends, nous prenons immédiatement nos dispositions, est-ce que le comptable sait où vous le faire parvenir ?

— Oui, il le sait, même si je ne suis pas chez moi pour le moment, précisa-t-elle avant de prendre congé en adoucissant autant qu’elle put son ton car elle ne voulait pas se montrer malpolie avec cet homme qui avait été un patron très correct.

Mais en raccrochant, elle réalisa qu’elle allait revoir sous peu Leandro, puisque le capo lui avait spécialement confié cette mission. Cela la mit davantage sous pression, si cela était encore possible.

Elle alla fouiller dans la garde-robe de son amie pour mettre des vêtements qui seraient plus appropriés à cette si singulière opération. Mais si Chiara avait la taille fine, elle avait aussi une poitrine et des hanches trop développées pour qu’elle puisse lui emprunter autre chose qu’une robe. Elle décida donc de rester telle qu’elle était.

Puis, elle s’étendit sur le canapé, essayant de se vider l’esprit pour retrouver sa tranquillité.

Son esprit commençait à divaguer quand la sonnerie retentit, la tirant de sa rêverie.

Ce ne pouvait être Chiara, mais peut-être s’agissait-il du fameux Vittorio, supposa Flavia en plaquant son œil contre le judas.

Mais elle recula, prise d’un mouvement de surprise. C’était Leandro dont le corps imposant occupait tout l’œilleton.

Elle ouvrit la porte en retenant son souffle. Il était si beau, vêtu de noir à son habitude. De plus, il portait sa veste à même la peau, comme le faisait souvent Malaspina, ce qui rappela à Flavia d’excitants souvenirs. Il semblait si accessible et si lointain à la fois…

En effet, il la dévisageait du même air froid qu’il arborait les premières fois où il était venu la chercher à la Tavolo.

— On y va ? demanda-t-il sans préliminaire.

Cette entrée en matière si sèche attrista profondément Flavia. Bien que son cœur se soit endurci, il demeurait vulnérable aux aléas de l’amour. Les prunelles de glace de Leandro l’avaient fait fondre aussi sûrement que s’il avait montré son ardeur de jadis.

— Attends-moi, il faut que je laisse un message, le pria la jeune fille.

— Sois la plus évasive possible, recommanda-t-il en retour.

Elle prit un morceau de papier et y indiqua qu’elle était partie à son studio pour travailler un peu et qu’elle y resterait cette nuit. Puis, elle préleva le double de ses clés dans la console de l’entrée pour donner le change.

Elle claqua la porte et suivit Leandro, remarquant amèrement qu’il ne jetait pas un regard en arrière pour s’assurer qu’elle ne prenait pas de retard. Le fait était qu’elle avait beaucoup de mal à suivre son allure, car il dévalait les marches deux à deux.

Elle s’engouffra dans une Lancia Delta noire qui n’avait pas l’air de première jeunesse, directement sur le siège passager.

— Monte derrière, il vaut mieux que l’on ne te voit pas, lui enjoignit l’homme, en désignant les vitres fumées à l’arrière.

Flavia s’exécuta et Leandro démarra sans attendre. La jeune fille nota au son du moteur que le véhicule avait dû être optimisé pour gagner en puissance.

Le véhicule sortit rapidement de la conurbation napolitaine pour se diriger vers le nord. Flavia était absorbée par la danse de la chevelure argentée dans le courant d’air formé par les vitres ouvertes, et par les yeux gris qu’elle entrapercevait dans le rétroviseur, toujours ourlés d’un discret trait de crayon noir. Ils ne cillaient pas, fixés sur la route. Leandro ignorait superbement la jeune fille.

Flavia rompit le silence, en se rendant compte qu’ils avaient pris la route du Benevento, la province de sa ville natale.

— Mais où va-t-on ? s’exclama-t-elle.

— J’avais fini par croire que tu ne le demanderais jamais, s’amusa Leandro.

Comment avait-elle pu s’oublier à ce point ? Elle était pourtant là pour percer le mystère de la mort de son père et la venger.

— Nous allons à Areggio, si tu veux tout savoir, mais d’abord nous ferons un petit arrêt, dès que nous aurons trouvé un coin tranquille.

— Nous allons à Areggio ? L’assassin de mon père se trouve à Areggio ? répéta-t-elle, abasourdie.

Ainsi, le serpent se lovait dans l’environnement immédiat de sa famille.

— Qui est-ce ? reprit-elle, à bout de souffle.

— C’est que j’ai d’abord quelque chose à t’expliquer, et j’ai besoin de toute ton attention. Je sais que tu vas t’énerver, du coup tu seras moins attentive, temporisa-t-il.

Flavia, se tut, il fallait bien reconnaître qu’il avait raison. Elle ferma les yeux pour retrouver son calme. Elle aurait besoin de se dominer pour faire face à la situation calmement.

Arrivé sur une petite route de campagne, Leandro fit une embardée pour rejoindre un chemin de terre. Il roula sur environ un kilomètre, puis constatant qu’ils ne pouvaient aller plus loin et qu’aucune construction n’était visible, il arrêta le véhicule.

— Sors, il faut que je te montre quelque chose, ordonna le nervi.

Ils firent encore quelques pas jusqu’à un sous-bois d’arbousiers, qui filtrait les rayons du soleil, encore très chaud à ce moment de la journée.

Leandro sortit de sa poche un petit revolver à crosse de bois.

— Ceci est un Colt calibre 38 Détective. C’est une des armes les plus simples d’utilisation qui soient.

Voici le chien, il te suffit de commencer par le tirer en arrière, puis tu appuieras sur la queue de détente. Prends-le pour te familiariser avec. Ne t’inquiète pas, il n’est pas chargé.

Pleine d’appréhension, Flavia le saisit, et frissonna sous la froidure du métal. Elle le considéra un moment en silence, il était si petit, cet instrument de mort.

Leandro passa derrière elle et plaça ses mains sous les siennes, la forçant à saisir correctement le revolver, et à viser un point devant elle. Flavia frissonna de se retrouver à nouveau tout contre son corps. Mais l’homme la rappela à l’ordre.

— Tu vises, tu armes le chien, puis tu appuies sur la queue de détente, réexpliqua-t-il doucement.

Flavia assura son geste et fit comme le lui avait indiqué l’homme de main.

— Je vise, j’arme le chien et j’appuie sur la détente, répéta-t-elle, étonnée par le son de sa voix qui lui parut appartenir à quelqu’un d’autre.

— N’hésite pas à recommencer, on y va quand tu sens prête, lui conseilla Leandro.

Consciencieusement, la jeune fille abattit plusieurs fois un ennemi imaginaire, sa main tremblait de moins en moins.

— Mais le bruit ? s’inquiéta-t-elle soudain.

— Ça ne posera pas problème, tu verras, la rassura-t-il sans paraître s’en soucier le moins du monde.

— On peut y aller. Par contre, quand me diras-tu de qui il s’agit ? s’enquit-elle une nouvelle fois.

— On aura le temps d’en parler ce soir, déclara-t-il, toujours aussi froid.

Ils reprirent la route vers Areggio, et, de plus en plus intriguée, Flavia vit Leandro s’orienter vers le manoir familial.

— Y a -t-il quelque part où nous pouvons stationner en retrait de la route, sur ta propriété ?

— Il y a plus loin un endroit où le muret d’enceinte est tout à fait éboulé, tu pourras même t’enfoncer dans un petit bosquet de lentisques à proximité. Ma mère les avait plantés et les avaient taillés en haie car elle ne pouvait faire remonter le mur et que cela protégeait le parc des regards.

Leandro suivit les indications de Flavia, et gara le véhicule derrière les arbustes qui le camouflaient parfaitement.

— Vas-tu maintenant me révéler le fin mot de l’histoire ? questionna Flavia, fébrile.

— Bien. Si nous sommes ici, tu dois deviner qui est notre cible ce soir ?

— Mais personne ne vit ici, à part, à côté…

Paradoxalement, maintenant qu’elle touchait à son but, Flavia n’osait prononcer le nom de cet homme, si proche de sa famille depuis toujours, qui avait vu son propre père grandir…Comme si le nommer équivalait déjà à creuser sa tombe. Mais des souvenirs l’assaillirent, il était pourtant très impliqué dans l’entretien de son domaine, en plus du sien propre, déjà à l’époque où son père vivait encore, puis il avait continué après sa mort.

— Oui, c’est ton voisin, Samuele Lucchesi.

— Mais pourquoi ? s’écria-t-elle, pleine d’incompréhension.

— Apparemment, il convoitait la terre de ta famille, probablement pour étendre son propre domaine. Je ne sais pas si ton père lui avait promis quelque chose à l’époque, ou s’il l’avait mal compris, mais il a contracté un prêt pour acquérir vos terres auprès d’une mafia concurrente de la nôtre, à qui il payait déjà le pizzo pour être protégé. Je pense que ton père s’est finalement refusé à effectuer la transaction et, se retrouvant avec sur les bras un prêt usuraire, Lucchesi l’a fait liquider. Il pensait peut-être que ce serait plus facile de forcer ta mère à vendre, une fois seule. La dernière fois que je suis venu, je le trouvais louche, il était trop insistant. De plus, j’avais interrogé les représentants de la société de promotion qui m’avaient dit que c’était lui qui leur avait suggéré que ta propriété serait bientôt en vente. Je pense qu’il les avait envoyés pour te sonder et voir si tu serais disposée à la céder.

Enfin, je ne sais pas vraiment pourquoi cet homme a fait une fixation sur ton domaine, mais c’est la cause de la mort de ton père. Voilà, tu sais tout.

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