XXII. La déclaration
Je n’ai jamais été douée pour déclarer mes sentiments.
À vrai dire, la plupart du temps j’évite les histoires d’amour, préférant davantage mes études et mes relations amicales.
Dans votre petit système neurologique, vous pensez sûrement : Elle exagère encore, tout le monde aime l’amour voyons ! Tomber amoureux c’est le feu, c’est la vie, c’est magnifique, magique !
Alors voici une petite anecdote.
Il fut un temps où j’étais la pire ennemie d’un homme, puis sa confidente, puis sa meilleure amie et enfin son amante.
Pour passer du statut de meilleure amie à amante, il m’a fallu une sacrée dose de remise en question et surtout d’acceptation de l’adjectif amoureuse qui n’était, jusqu’alors, jamais entré dans mon champ lexical et que j’essayais ( note à moi-même: à mettre aussi au présent parce que j’essaye toujours aujourd’hui) de repousser l’amour de toutes mes forces.
L’amour et moi, c’est un peu comme si Cupidon me transperçait de ses flèches d’amour pendant que je tentais de m’enfuir dans une forêt amazonienne.
Comme si j’avais dix-milles flèches plantées sur chaque minimètre de ma peau et que les lianes me fouettaient le visage et emprisonnaient mes membres.
Comme si j’essayais d’avancer tranquillement avec ce poison alors qu’en réalité, je me vidais de mon sang à l’instar d’une hémorragie externe.
Comme si j’étais un ver de terre qui se prenait pour le centre de l’univers en relevant la tête paisiblement.
Un ver de terre qui dirait au dieu de l’amour avec un air de défi :
« Pfff, tu m’as raté, pauvre naze »
Le jour où je me suis décidée à franchir le pas, à prendre mon courage à deux mains, à lui dire enfin que je l’aimais…
C’était une soirée en plein mois de juin. Un bel été 2016, une déclaration d’amour sous le chant des cigales. J’étais vraiment très nerveuse...
J’étais tellement nerveuse…
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Que je lui ai avouée mes sentiments en espagnol.
J’ai littéralement parlé espagnol face à un homme qui ne comprenait rien et n’avait jamais appris le moindre mot de cette langue latine de sa vie.
Un homme qui a dû utiliser google traduction pour comprendre que je lui disais que j’étais amoureuse de lui.
Après tout, il était hors de question que j’aie le courage de le dire une seconde fois, en français.
Pour ce qui est de sa réaction, il s’est simplement mis à rire en me disant :
« Aaah ! Mais je le savais déjà ! Cela fait neuf mois que j’attends que tu te décides à sauter le pas. »
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