J’aimais conduire vite la nuit, le Rock métal à fond dans ma voiture. L’asphalte qui défilait. Les lumières blafardes des néons qui s’oubliaient dans le néant. Ne penser à rien. Juste rouler droit devant comme si c’était un dernier voyage.

   Puis, je rentrais chez moi. Vidé. Et, je m’écroulais sur le lit chiffonné de la veille et je dormais quelques heures.

   Au radio réveil sonnant, je me levais comme un zombie. Je traînais mon corps fatigué jusqu’à la cuisine et j’avalais vite fait quelques nourritures.

   Après, je branchais mon ordinateur et je quittais ce monde pour l’autre, celui de mon imaginaire.

   Et, je reprenais l’écriture de mon roman.

    Sur la page, vide, de mon écran, je regardais glisser quelques lignes sombres comme spectateur de mon esprit en marche. Des phrases coupées à la serpe. J’allais à l’économie de mots, essayant de trouver le verbe juste ou de choisir un nom qui claque. Une habitude prise avec l’écriture sur Twitter : la limitation à 140 caractères obligeant à faire court ! C’était un exercice de concision volontaire, même au risque de limiter sa pensée.

   Ensuite, je ne m’étonnais pas vraiment d’avoir produit de la merde.  Et donc, j’élaguais, remaniais, coupais, revenais en arrière, pour finalement supprimer des pages entières.

  A ce rythme, au soir venu, je m’apercevais du néant de ma production du jour. Donc, je déprimais, buvais, allumais la télé, en déplorais une nouvelle fois le vide sidéral et finalement sortais… Et, buvais encore.

  Au bout de plusieurs mois de ce régime, je constatai que j’allais finir cette année sabbatique complètement alcoolique et déprimé mais, surtout, sans n’avoir rien créé.

    Cependant, un évènement inattendu changea la donne.

    C’était un matin d’hiver dans la période précédant la présidentielle de 2012. Toute la twittosphère était en émoi car, @laddin, l’un des plus influent blogueur du net, venait de décéder dans de mystérieuses circonstances…