Chapitre 41 - VP Laetitia

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Les idées se bousculent dans ma tête.

- Il semble que tu ne puisses pas t’enfuir. Il a entièrement raison, je ne rêve que de pouvoir m’échapper. Là je suis prise au piège. Parle-moi.

- D’accord. De quoi pouvons-nous parler ?

- De toi.

- Je t’ai déjà raconté ma vie, tu te rappelles ? J’étais sur ses genoux et il me donnait une fessée, il doit bien s’en rappeler. Il m’attrape par les poignets en manquant nous faire chavirer, il me regarde dans les yeux.

- Je te préviens, si tu ne me parles pas normalement, tu sais que je n’hésiterais pas à te mettre à l’aise !

- Mais qu’est-ce que tu crois, que j’ai envie d’être avec un mec qui menace de me cogner dessus dès que quelque chose ne va pas ? Je m’en veux d’être toujours aussi cassante avec lui. Avec les gens en général je sais toujours quoi dire pour être gentille, avec lui je sais toujours quoi répondre pour lui faire mal. Il ne dit rien pendant un moment.

- Alors moi je vais parler. Quand tu as passé ton entretien d’embauche, j’ai tout de suite su qui tu étais. En fait j’avais suivi ton parcours, celui d’une jeune fille pas comme les autres qui se révoltait contre son père et qui avait toutes les chances de travailler un jour dans ma boîte, j’attendais juste que tu ais un peu plus d’expérience pour te débaucher. Je savais même que tu étais partie en Inde. Quand je t’ai vu là, j’ai craqué pour ton aplomb, pour la force qui te permettait de venir en étant tellement sûre de toi. Pendant plusieurs mois, j’ai réussi à me concentrer sur mon travail mais plus le temps passait et plus j’avais besoin de plus de toi. Je te faisais faire des journées interminables parce que dès que tu quittais ton bureau, je me sentais seul. Je t’en voulais un peu de ta froideur. Il m’arrivait de fantasmer sur le fait de te donner une fessée quand j’étais trop frustré, ou quand un mec te regardait un peu trop. Au bout de trois longues années ce cher Thomas Maillot m’a donné une occasion inespérée, et je me suis un peu emballé. Je t’ai enfin possédée. J’avais des bribes de toi, le peu que tu me donnais.

- Tu ne sais pas de quoi tu parles.

- D’accord, tu me donnais beaucoup, mais sur de très courtes périodes. Juste le temps que je te domine et tu me filais entre les doigts. J’avais peur de te parler, je pensais que si je te disais que j’en voulais plus, tu partirais au bout du monde, alors je me retenais. J’ai essayé de t’amadouer au gala parce que je voulais voir ta réaction pour aller plus loin. Rien qu’avec ça, tu es partie à Montréal puis tu es partie tout court, j’aurais dû me contenter de ce que j’avais, n’est-ce-pas ? J’en aurais crevé de ne plus te voir pendant des mois. Si tu veux le savoir, j’ai sauté au moins six nanas depuis que tu m’as abandonné, et les six te ressemblaient.

- Charmant ! Tu sais très bien pourquoi je ne souhaitais pas tomber amoureuse de toi, tu ne peux pas dire que ce n’est pas important, qu’elle serait notre vie si on se lançait là-dedans ?

- Mais je m’en moque complètement ! Les journalistes vont en parler trois semaines et ce sera fini !

- Et la suite ? Je veux me marier, avoir des enfants, comment on ferait ?

- Comme tout le monde !

- Non, pas comme tout le monde, les autres couples ne sont pas décortiqués dans des émissions financières dès qu’ils vont à un gala ensemble !

- Je pourrai peut-être faire une OPA sur ton père ?!

- Non tu ne pourrais pas. Tu n’aurais pas le droit.

- Je pourrais t’attacher dans mon appartement jusqu’à la fin de notre vie, ce serait le plus commode, je rentrerais le soir m’occuper de ton derrière et personne ne nous embêterais.

- On ne devrait pas se parler sérieusement ?

- On pourrait vivre ensemble sans être marié, et on ferait plein de bébés pour qu’ils se battent l’héritage entre les deux groupes.

- …

- Maintenant que ce point-là est réglé, je veux bien que tu me racontes pourquoi réellement tu étais aussi froide avec moi, vu que tu n’étais pas amoureuse de moi.

- En effet, c’était uniquement sexuel.

- Charmant !

- Depuis 3 ans, je ne rêvais que de toi en train de me prendre dans ton bureau.

- C’est ça que j’appelle être amoureux en fait.

- Charmant aussi. Tu t’es enfin intéressé à moi. J’ai aimé ça. J’ai eu honte d’aimer ça. Je te l’ai déjà dit, j’ai eu honte que tu ne m’embrasses pas, que tu ne me regardes pas et que tu ne me parles pas. Ça m’a brûlé à petit feu. J’ai perdu confiance en moi. J’ai voulu plus, et en même temps j’ai voulu que ça s’arrête, peu importe ce que je voulais, toi tu as continué à me sauter comme une pute, moins qu’une pute.

- Tu n’exagères pas un peu ? Tu aimais ça ! Si je restais trois jours sans te prendre, tu avais l’air frustrée !

- Je voulais juste que tu t’intéresses à moi !

- D’accord, on devrait peut-être accepter tous les deux que nous avons eu une longue période de mécompréhension et passer à autre chose, non ?

- Très bien, je ne vois toujours pas où notre futur nous mène.

- Je crois que j’ai évoqué les trois possibilités qui s’offrent à nous : la séquestration me paraît la plus tentante, le rachat de ton père la plus ambitieuse et le concubinage la plus rationnelle. Nous sommes un couple normal qui peut essayer de construire quelque chose et si nous décidons d’aller plus loin, nous affronterons les difficultés ensemble, ce qui est l’essence même d’un couple.

- J’admire ta manière de simplifier les choses. Nous ne serons plus jamais tranquilles, ni libres.

- Pour ma part, je suis assez peu libre ou tranquille.

- Et moi ?! Je veux garder mon indépendance et ma vie. Je veux rester comme je suis !

- Tu parles de ta dépression ?

- Je t’emmerde, d’accord ?

- Oui, je suis tout à fait d’accord, nous allons rentrer et reprendre chacun le cours de notre vie comme tu le souhaites, je t’inviterais même au gala Shop and Read tous les ans et tu ne viendras pas pour ne pas me voir. Tu finiras toute seule et moi entouré de très nombreuses jeunes filles d’une vingtaine d’année. Vers cinquante-cinq ans je passerais peut-être aux nanas de trente ans pour ne pas être trop dépaysé. Ou alors tu vas enfin finir par briser ta carapace qui me casse sérieusement les choses et tu vas enfin accepter de faire un essai avec moi. Est-ce que tu risques quelque chose de pire que ce qui t’es arrivé ces six derniers mois ??

- … Je me relève tout doucement.

- C’est ce que je constate ! Tu m’as même complètement oublié ! …

- Si tu acceptais de me laisser tranquille pendant les deux prochaines années, je t’oublierais certainement !

- Pour vivre quoi ?

- Ma vie, pour vivre ma vie libre sans crainte de toi, sans crainte de te décevoir, de te fâcher, sans crainte que tu m’abandonnes au bout de deux semaines pour une gamine de vingt ans. Une vie sans risque.

- Dans la bouche d’une fille qui est partie vivre seule au bout du monde dès l’âge de dix-neuf ans, ça sonne faux non ? Regarde-moi dans les yeux.

- …

- Nous allons continuer cette journée comme un couple normal. Je suis en train de réfléchir pour savoir si je veux te mettre une fessée demain soir pour te corriger de tout le mal que ton indécision nous a causer ces derniers mois, et tu accepteras ma décision. Ce soir, je ne veux pas le faire car je veux passer une journée simple avec toi.

- Ça aussi ça me fait peur. Je ne vois pas comment construire une relation sur une telle base. Quand on commence comme ça, comment est-ce qu’on finit ? Est-ce qu’on passe forcément au sadomasochisme ?

- Je t’ai déjà dit que tu n’y connais rien au SM. Il semble qu’il y ait beaucoup de couples qui ont régulièrement recours à la fessée sans jamais passer à autre chose. Ce sont des gens tout à fait normaux qui n’ont aucun problème, qui n’ont pas été violenté d’aucune manière et qui peuvent être fidèles comme n’importe quel couple. J’aime te mettre des fessées et tu aimes les recevoir, c’est assez simple. Et ce n'est pas comme si on parlait de vraies fessées, j'imagine que tu as bien compris que je ne t'ai absolument jamais mis une seule vraie fessée.

- Contrairement à moi.

- Tu ne m'as pas fait vraiment mal non plus. Passe à tribord, nous retournons à terre.

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