La chaleur du foyer.
Il est pratiquement dix-huit heures quand j'arrive enfin chez moi. Dans ma banlieue paumée, dans ce quartier où toutes les maisons se ressemblent, copié collé les unes sur les autres.
Et dire que j'ai dû m'endetter sur vingt-cinq ans pour offrir cette maison à ma femme, pour l'entendre râler cinq ans plus tard que la région ne lui plaisait plus.
Je rentre, pose ma veste et mon sac, me dirige vers la cuisine où bien sûr j'entends les éclats de voix de ma femme, hurlant sur mon fils assis calmement à table, un sourire narquois au coin des lèvres, content d'avoir encore réussi à mettre sa mère hors d'elle. Bon sang mais ça ne s'arrêtera donc jamais ?
- Dis à ton fils qu'il est puni ! hurle-t-elle face à moi.
- T'es puni. (Qu'est ce que je peux répondre d'autre ? J'ai pas envie d'en prendre plein la tête moi non plus)
- Ouais c'est ça, tu vas me punir de sortie ? De télé ? De téléphone peut-être ? me répond t-il avec dédain.
Je me pince l'arête du nez, une tarte ? Je peux lui en coller une ? Non ça se fait pas. Si ?
J'en arrive à me demander ce que j'ai pu faire dans une vie antérieure pour m'en prendre plein la tête dans celle-ci.
Je regarde ma femme, aussi énervé qu'un yorkshire sous stéroïde face à mon fils aussi mou qu'un koala sous atarax.
Même chez moi je ne trouve pas une once de bonheur, de bien être. STOP, faut que tout ça s'arrête et maintenant. Mon cerveau se déconnecte et je me retrouve en mode automatique.
Je me lève et me dirige vers la cuisinière où se trouve la poêle en fonte remplie du repas de ce soir. J'attrape le manche et me retourne, balançant un coup fulgurant dans la tête de ma femme. Elle tombe instantanément et le bruit de ses cris s'arrête aussitôt.
Mon fils la regarde ahuri. Il ne réalise pas encore ce qu'il vient de se passer mais quand il relève les yeux du corps inerte de sa mère pour les plonger dans les miens, c'est déjà trop tard, le coup est parti aussi vite et le bruit sourd de son corps s'écrasant au sol emplit la pièce puis enfin le silence.
C'est tellement calme, ça fait du bien. Je me dirige vers le frigo, en sors une bière et en profite pour me préparer un sandwich jambon beurre cornichon sans me faire houspiller par madame car j'ai mis trop de beurre ou bien deux tranches de jambon.
Je me délecte de ce repas arrosé d'une bière fraiche. Enfin je souris. Je me sens bien. Je sais ce qu'il me reste à faire.
Une fois fini, je me lève, allume les gaz de la cuisinière et j'attends, j'attends un moment dans le silence de notre maison puis je sors les allumettes du tiroir et en craque une.
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