21 - La traque
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Xenthores disait que Thauroji parlait trop dans ce livre... Eh ! j'ai écrit qu'une seule fois en vingt-et-unes parties, moi ! Alors peut on dire que je n'ai pas... la voix au chapitre ?
Ok d'accord je me calme.
La journée qui a suivi, plusieurs fois j'ai voulu m'approcher de Thauroji, en oubliant que la personne qui était dans cette robe était Kitsune Miku. Il faut dire que l'illusion était convaincante ! Si on excepte les bosses sur la capuche trahissant la présence d'oreilles animales, le grand arrondissement vers le fessier qui était traduite par ses six queues et les étranges chaussures de bois qu'elle avait au pieds, vraiment, on aurait cru voir Thauroji ! Bon, une version vachement plus féminine, mais Thauroji quand même !
Une journée classique. On a rien de plus a dire qu'on a déjà dit donc bah voilà au revoir c'est la fin de l'aventure.
Non désolé c'était de l'humour.
Ouais, cette journée a été chiante. Monotone, tout juste perturbée par un peu de pluie. Au moment où on s'est arrêté pour poser notre campement de nuit, Miku annonça qu'on était pas très loin —c'est-à-dire à cinq "décakilomètres"— du District Irakien.
Réveil avec la voix orageuse de Ferd' qui, décidément, se faisait une joie de nous gâcher notre sommeil. Puis encore ce ****** de cycle.
Pour faire le point quand même : oui, j'étais toujours jaloux des autres. D'autant plus que Thauroji a reçu la bénédiction d'Aurora et pas moi. Je sais que cela voulait dire que je n'avais pas besoin d'aide, mais bordel, on reçoit l'équivalent d'un empereur qui vient nous aider, et le truc vient à peine offrir sa bénédiction à quatre personnes sur quatorze. Si ce machin n'était pas venu vers moi, c'est qu'il ne pouvait rien faire pour m'aider. Donc le Chi ne pouvait pas m'aider. MAIS AU CONTRAIRE ! Il faut une certaine paix intérieure pour pouvoir manipuler tous les éléments. Et le Chi EST la paix intérieure ! Aurora aurait pu m'aider à manipuler l'air, l'eau, le Limon Ardent juste en me donnant un tout petit peu d'attention. Alors pourquoi ne l'avait-il pas fait ???!!!???
Bon, on va pas prendre racine... C'était le soir quand ça s'est passé. Pendant toute la journée, N0-V04 semblait plus agité que d'habitude, et Thauroji jetait fréquemment des coups d'oeil partout avec son électrolocalisation. Les signes divins avaient l'air de vouloir nous prévenir... Un corbeau s'est posé sur la tête d'Entia, qui, la mine grave, lui donna des graines à manger. Lorsqu'on passa près d'un village, un coq se fit entendre en plein jour ―ce qui, pour la culture romaine, est un signe de mort―. Il pleuvait. Le vent lui-même semblait gémir au travers des branches.
Si vous vouliez des blagues, désolé y en aura pas trop.
Du coup c'était le soir. Deuxième tour de garde, c'est moi qui suis au poste. ça aurait dû être Thor' mais pour la raison qu'il a beaucoup veillé ces temps-ci et qu'il est parano, il est resté tranquille dans son nid douillet. Pfff, le chançard.
J'étais en train de jouer avec une flèche lorsque j'entendis Alexandra pousser un cri. Comme il était assez faible et court, je ne me suis pas inquiété, elle devait avoir fait un cauchemar. En effet, un instant plus tard, elle prononçait, faiblement, à répétition et avec peur "ils sont là".
Je la laissai, croyant qu'elle allait se calmer. Ou bien qu'elle avait un réel soucis et qu'elle allait m'en parler. Mais non, dix minutes passèrent, et j'en avais marre. "Ils sont là... Ils sont là... Ils sont là..." qu'elle répétait en sanglotant. J'ai décidé d'aller aller voir.
Alexandra n'était pas couchée. Elle se trouvait en position foetale, les mains bien plaquée sur ses oreilles, je ne pouvais voir ses yeux mais je me doutais qu'ils devaient être rouges de pleurs. La pauvre ne m'avait pas encore remarqué...
-Alex, t'as besoin d'aide ?
D'un geste vif, son visage se tourna vers moi. Ses mains tremblotantes étaient toujours plaquées sur ses oreilles. Ses émotions étaient entièrement cachées dans la pénombre. Craintivement, elle me regardait. Amicalement, je la surveillais. Je la fixais, elle me fixait. Elle me fixait, je la fixais.
-Tu sais, je peux t'aider... La rassurai-je en tendant la main.
Elle devait être en crise d'angoisse car au lieu de prendre ma main, elle me projeta un rayon d'ombre à la gueule. Suite à mon violent recul, je la laissai tranquille, pensant qu'elle allait se calmer. Tout s'était passé en silence, personne n'a été réveillé, cependant... Je savais pas que l'ombre était aussi violente. La décharge d'ombre avait subitement sapé mon moral et m'avait pratiquement gelé... Reprenant mes esprits, je revins près du feu, alors qu'Alexandra continuait ses incantations bizarres : "Ils sont là... ils sont là... Ils sont là...".
Lorsque je cessai de me concentrer sur Alex, je discernai une respiration bruyante... En fait, si Dark Vador lui-même était subitement apparu devant moi... j'aurais carrément sursauté déjà, mais ensuite ça ne m'aurait pas plus étonné. Mais ça voulait dire qu'à la lisière du camp... Il y avait quelqu'un. Pas un animal, ni une chose, mais quelqu'un.
Mon sang ne fit qu'un tour : je n'avais pas de magie, mais j'avais une arme. J'encochai une flèche sur la corde de mon arc et visai la mystérieuse respiration en m'avançant.
En face de moi, dans la noirceur de la forêt, un Exanthrope. Ses yeux grands ouverts brillaient dans la nuit. Sa respiration hachée malaisaient même les chauves-souris. Ses poings énormes touchant le sol intimidaient même les plus durs.
-Qui est là ? Fis-je, déterminé, quoiqu'en panique totale.
Pour toute réponse, il tapa l'arbre juste à côté. En un seul coup, le végétal se mit à craquer sinistrement et à tomber en ma direction. Affolé, je n'osai pas bouger d'un poil... Des lianes sorties de nulle part agrippèrent l'arbre pour écarter sa trajectoire ; alors que, distrait, je regardait le tout, je ne vis pas l'inconnu foncer vers moi à une vitesse folle, armant ses poings...
Ma vie défila devant mes yeux... C'était la fin.
-YAARGH ! fit une voix bourrue et familière entre moi et l'inconnu.
Dverg s'était entreposé entre moi et l'Exanthrope... Tiwaz et Algiz, les runes de Tyr et de la protection, scintillaient tant dans l'espace qu'on se serait cru un jour d'été.
L'Exanthrope, voyant que son coup de poing avait été paré, tapa de plus en plus fort sur le bouclier de Dverg.
-PARS, WITZ ! JE LA RETIENS !
-QU'EST-CE QU'IL SE PASSE ? s'écrièrent tous nos compagnons en se levant.
-elles sont là... fit N0-V04, celui qui m'avait sauvé de l'arbre, en reniflant l'air avec un air d'épouvante suprême. Fuyez... Fuyez... FUYEZ POUR VOS VIES !
Chirutll rangea les tentes d'un coup, laissant Alexandra, la dernière couchée, sur le sol. La pauvre, toujours prostrée, nous regardait tous un par un avec un air d'effroi, toujours les mains sur ses oreilles, en criant de plus belle : "ILS SONT LA ! ILS SONT LA !"
Ametara voulut tous nous téléporter... Elle n'eut pas le temps de faire son sortilège que Ferdinand entra en crise de folie. Un éclair gigantesque barra l'espace, alors qu'il nous ordonnait de fuir, dans un dernier élan de lucidité ; Ametara, elle, était tombée à terre, inconsciente. On ne pouvait rien y faire.
Alors on a fui comme des lâches. Olivia essaya bien de nous porter, mais elle était trop fatiguée ; ce fut de courte durée. Au lieu de tous nous porter, elle s'envola avec Chirutll, le plus lent d'entre nous, et Ametara. Une odeur pestilentielle se répandit dans l'air... Pouah ! Un mélange infect de pourriture et de carcasse qui auraient macéré pendant des mois dans une cuve fermée... Un rire se fit entendre, par où était-il ? Un rire sadique, un rire psychopathe qui venait de partout à la fois... Une voix onirique, irréelle chantait un air de mort, un air sinistre d'une voix totalement indifférente, voire satisfaite.
On a tous couru comme des dératés. Seuls Miku et sa magie arcanique, Dverg, alimenté par le courage de Tyr, Kernn, sentant le pouvoir de la baston, et Ferdinand, fou à lier, étaient à l'arrière-garde pour tous ―ou presque― couvrir notre fuite. Thauroji peinait à avancer, puisqu'il portait Alexandra... Qui visiblement ne voulait pas de lui. La ténébrienne était comme un chat non-consentant porté par son maître, et hurlait en direction de Thauroji comme s'il était un monstre.
Tout le monde ralentissait... J'ai fini par rejoindre Tarek, suivant de près le peloton, qui fut très surpris de voir que j'étais seul. Regardant en arrière, il s'exclama :
-DES ILLUSIONS !
Puis il pila net et fit demi-tour, courant de toutes ses forces, baguette et lunettes en mains.
J'étais le seul con qui avait des chances de survivre dans cette team... Mais je n'y songeai pas, pour le moment j'avais d'autres chats à fouetter ; COURIR !
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Mes craintes s'étaient confirmées. Elles étaient venues dans le camp...
Le pire c'est que je savais. J'étais tellement paranoïaque qu'au moment juste où Alexandra poussa un cri, j'activai mon électrolocalisation. Et c'est là que je la vis... Telle que Miku me l'avait décrite, C1-N37 s'avançait vers le camp d'un pas désagréablement lent et lourd. Un peu à côté, une Axo de la foudre était extrêmement claire dans ma vision ; puis une Axo de la lumière... Et enfin, je la vis, elle. Je la découvrais enfin dans toute son horreur.
Je n'aurais su décrire N1-V01 tant elle était horrible rien qu'avec sa posture et son armure végétale. Je ne sentais pas réellement son odeur, mais... je l'avais bel et bien dans le nez, comme si sa simple image était accompagnée de ce fumet malfaisant.
C'est moi qui sortis le premier, un instant après l'électrolocalisation. A peine avais-je mis un pied dehors qu'une magie fulgurique extérieure bloqua mes muscles et me fis tomber par terre... Lorsque je me relevai, j'étais seul. Plus aucune tente. Plus aucun feu. Juste moi, la nature angoissante, la lune moqueuse, et cet arôme immonde. Quelque chose me toucha l'épaule ; je me retournai, en ne voyant qu'une branche. Un rire sadique se fit entendre. La pourriture émergeait des arbres qui craquaient un par un ; un loup hurla en fonçant vers moi, et il s'effondra à mes pieds : De son corps décharné émergèrent champignons par dizaines. Je tombai à terre et m'écartai de cette vision d'horreur en rampant ; les arbres et racines pourris et les insectes par milliers m'enserraient de plus en plus, dessinant des rictus malfaisants, rien que pour taquiner ma paranoïa. Cette saloperie pouvait être n'importe où... Qu'est-ce qu'elle allait faire de moi ? La souffrance m'est pire que la mort... ça, N1-V01 avait l'air de bien l'avoir compris, et elle se servait du malheur des gens pour faire son bonheur.
En attendant, je n'étais déjà plus qu'une vulgaire souris déjà coincée dans les pattes d'un chat joueur. J'étais prêt à faire face aux Axos lorsque je sentis mes bras me démanger, sous l'emprise d'une abjecte substance noire et poilue... Des araignées... Des araignées par millions... Le sol n'était qu'araignées et cadavres de leurs semblables... Mes mains même, ayant touché ce mycélium diabolique, étaient couverts d'arachnides qui remontaient mes bras pour courir dans mes vêtements, me griffer les yeux et se réfugier dans ma bouche... les arbres furent abattus un par un sur le chemin d'une créature... Une autre, de la taille d'un géant, courait en ma direction, de ses huit pattes velues et me fixant de ses milles yeux infernaux... Ses mandibules étaient prêtes à se refermer sur moi...
Le temps de crier et de cligner des yeux, la géante n'était plus là. A la place, Dverg m'ordonnait de fuir pendant qu'il brandissait son bouclier entre moi et Ferdinand. L'air de mon professeur en disait long ; il faisait une crise de folie. Des runes du courage et de la protection par dizaines enveloppaient le nain telle une aura ; plus déterminé que jamais à nous protéger, Dverg était prêt à sacrifier sa vie pour sauver la nôtre.
Je me levai, enfin débarrassé de ce tapis infernal, et pris mes jambes à mon cou. En remarquant que j'étais de retour dans le campement, je vis qu'Alexandra était toujours agenouillée sur le sol, affolée, au lieu de sauver sa peau. En beuglant "TRUE POWER OF THUNDER" et en enfournant deux cure-dents dans ma bouche, je fonçai droit sur elle et la prit dans mes bras avant de reprendre la fuite. Jamais je n'ai eu autant d'adrénaline. Enfin, si on ne compte pas la fois dans l'Epreuve où j'étais devenu un Berzerker. Et là, ma rage, elle n'était pas loin de refaire surface. Je n'avais plus qu'un but : emmener Alexandra et Entia loin de ces meurtrières. Vêtu de ma forme de demi-dieu, je me sentais invincible.
Alex, par contre, refusait mon aide. Elle me regardait comme si j'étais une abomination et tentait en vain de se libérer de mon emprise... Pourquoi ?
Derrière, Dverg se battait simultanément contre Ferdinand et C1-N37... Ce sont les deux êtres les plus puissants que j'ai vus. Dverg n'en avait plus pour longtemps. Je ne savais où était Kernn, mais Miku, hors d'elle, balançait tant d'explosions arcaniques autour d'elle en gueulant comme une demeurée que je la pris pour une déesse du Chaos. Entia, fuyant devant moi, répliquait à la nature par la nature en essayant de me protéger contre la magie de N1-V01. Un chaos de ronces, de plantes carnivores et d'épines —que je supposai empoisonnées— se déroulait autour de moi, tous contrés par les racines, lianes et arbres de ma Rutannomage préférée. Que faisait donc ces saloperies de 7U-M1-N4 et de M01-R4, les dernières du groupe ?
De nouveau, j'entendis les arbres tomber un par un sous le poids d'une créature gigantesque... Je n'ai rien pu faire... Sorties de nulle part, des mandibules arachnéennes transpercèrent le ventre d'Alexandra... Je m'effrondrai d'un coup par terre, contre un arbre, tétanisé.
L'immonde créature me faisait face, le corps de ma bien-aimée presque dans la gueule... Le sang rouge et visqueux coulait à flots, souillant le sol de la forêt... C'était fini... De l'espoir, je n'en avais plus. Plus aucun. Le vide se fit dans mon esprit ; plus rien ne passait. La seule pensée de cette gigantesque araignée tueuse m'envahissait complètement.
La peur me fit d'un coup pleurer à chaudes larmes. Je ne sais même plus si j'ai pleuré silencieusement ou non... Tout ce que je savais, c'est que je fixais l'abomination aux milles yeux sans pouvoir détacher mon regard d'un centimètre, les muscles bloqués, comme paralysés.
Pourquoi... POURQUOI ? Pourquoi cette saloperie ne bouffait pas Alex ? Pourquoi elle ne me bouffait pas, moi ? Pourquoi ne faisait-elle que me regarder sans bouger ?
NAOON ! UNE AUTRE ! ELLE ARRIVE ! ELLE ACCOURT DE MON CÔTÉ ! C'EST LA FIN !
L'espace se teint subitement de bleu. En face de mon visage, ma demie-soeur Aurelia me fait face.
Thauroji, Elle connaît tes peurs. Elle te manipule.
Je n'ai pas réagi d'un poil.
Je suis désolée, je vais devoir te posséder.
Aurelia entra en moi comme la lumière pénètre le verre... Et tout s'éclaircit. Au lieu de l'énorme araignée qui avait tué mon amie, Alexandra, saine et sauve, me fixait d'un air terrifié. Au lieu de sa pote effroyable, c'était Tarek qui fonçait en direction d'Alex, tout en invoquant le symbole de Rê.
Les runes du jour et l'Oeil de Rê emplirent l'espace. La lune s'éclipsa du ciel pour faire place au plein soleil. Et Tarek s'agenouilla à coté de la Ténébrienne pour lui donner ses fameuses lunettes.
-DES ILLUSIONS ! Hurla Tarek. NE RESTEZ PAS LÀ, CE N'EST PLUS QU'UNE QUESTION DE SECONDES !
-Et toi ? Fit Alex. Tu... Tu est maintenant vulnérable !
-TANT PIS ! C'EST VOUS LES PLUS IMPORTANTS ! MOI JE DOIS SAUVER DVERG !
Et il courut en direction de l'arrière-garde. Miku déchaînait toujours autant les Arcanes, Dverg suait à force d'invoquer des runes, et Ferdinand a rarement été aussi fou. Bizarrement... ce dernier ne s'attaquait pas aux YPSO.
Sous la volonté de ma sœur, je portai de nouveau Alex. Les lunettes devaient avoir quelque chose de magique puisqu'elle n'a plus du tout cherché à me chasser depuis qu'elle les portait. Mes jambes coururent toutes seules ; mes bras jetaient automatiquement des décharges de lumière au hasard dans mon dos. Je n'étais plus maître de moi-même... Quoique Aurelia était aussi fille de Célestia, je ne me suis jamais senti aussi claustrophobe que ce moment où elle s'est emparée de mon corps.
Entia m'avait défendu pendant tout le temps de ma faiblesse, bravant même les illusions de ses plus grandes peurs. Ni moi, ni Alex n'avons reçu de coups... Mais alors que la Rutannomage reprenait sa course, elle ne vit pas une racine traîner au sol. Ses jambes furent subitement barrées de nombreux traits rouges... D'un coup, elle s'affala au sol, aussi inconsciente qu'Ametara.
Je ne sais ce qu'Aurelia m'a fait... L'électricité emplit chacune de mes cellules, me rendant plus fort en tous points. En plus d'Alex, je ramassai Entia en un temps record et courus comme je n'avais jamais couru, ne ressentant ni froid, ni chaleur, ni fatigue, ni peur.
Quand allait-ce se finir, cette traque infernale ? C1-N37 était occupée sur la valeureuse arrière-garde, cependant les trois autres YPSO manquaient encore à l'appel. En parlant d'elles, la plus tristement célèbre fit son apparition devant moi :
-Mon frère s'est échappé. Dommage, j'étais prête à vous épargner.
La forêt entière se secoua. La mousse envahit tout, et cette fois-ci, vu l'odeur, c'était réel. Un nuage de spores s'étala à mes pieds, grimpant progressivement mes jambes... Aurelia essaya bien de me faire bouger, pourtant chacun de mes mouvements étaient entravés par des lianes qui m'enroulaient telles des chaînes...
La monstruosité arma ses griffes végétales et m'enfonça directement ses dix dards aussi longs et tranchants que des couteaux de bouchers dans le ventre... Je crachai le sang. Quoique je n'aie ressenti aucune douleur, ma vie allait s'achever là.
...
......
.........
Non...
Atherach...
Xenthores...
Witz...
Où sont-ils tous ?
Morts... Peut-être...
Non.
Je ne peux pas abandonner maintenant.
Pour tous les morts de la première expédition, et surtout de celle-ci.
Je dois continuer. Je dois en finir.
La rage m'habita soudain. Aurelia fut automatiquement éjectée de mon corps, comme si ma propre puissance la bannissait. Alors que N1-V01, hilare, me transperçait de parts en parts à une fréquence acharnée, le Berzerker s'éveilla à nouveau. Il ne m'aurait pas fallu longtemps avant de tous les réduire à néant...
Je sombrai dans un trou noir... Les coups de N1-V01 me faisaient graduellement plus mal, ses rires me perturbaient de plus en plus, sa fétide suavité manqua de me faire m'évanouir.
Non, le Berzerker ne s'était pas éveillé. J'étais déjà un homme mort.
...
......
.........
Ce silence... Enfin...
J'allais rejoindre ma mère...
...
Des pas.
Un bruit d'explosion.
Les flammes.
Les runes. Les arcanes. Les incantations égyptiennes. Les tirs énergétiques.
...
la respiration lourde. Le rire sadique. Les rayons de lumière. Les décharges fulguriques.
J'entendais tout.
...
......
.........
D'autres pas.
la rage.
Une voix...
Oui, une voix...
...
Un seul mot, sortant des tréfonds du Néant infini...
"RYU !"...
Puis des cris de bêtes inconnues. Un beuglement aux airs mystiques. Et la paix. Le silence.
Oui, plus rien que le silence... Et enfin la lumière.
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