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Chirutll ? Participant à l'Epreuve ? Il ne m'en avait jamais parlé...

Cela ne change pas grand-chose, bien sûr. Mais pourquoi me l'avoir caché tout ce temps ?

Nous sommes arrivés aux ascenseurs rapidement. Ils consistaient en neuf portes titanesques menant à des trous sans fond : des ascenseurs gravitationnels...
La première et la seconde porte faisaient respectivement entrer et sortir de véritables colonnes de gens et de robots. La plupart portaient les uniformes ou couleurs de la centrale.

-C'est en passant par ces ascenseurs qu'on peut entrer ou sortir des étages administratifs, m'enseigna l'officier en voyant mon admiration. Centralis n'est pas seulement un lieu de savoir, c'est une véritable ruche où les affaires communes de l'Empire sont réglées. Gestion de l'énergie, gestion des finances, des affaires étrangères, des affaires diplomatiques avec Arcania, ... C'est aussi ici que les informations sont traitées avant d'être reçues par l'Impératrice.

-Fascinant ! je lâchai. Et les autres ascenseurs ?

-La plupart sont bloqués au tout-public. Toute la partie "base de donnée" de Centralis se trouve au rez-de-chaussée et au sous-sol, pour plus de sécurité. Il y a des informations qu'il faut garder à portée de certains individus. Au rez-de-chaussée, les niveaux de connaissance un, deux, et trois ; les niveaux de connaissances que chacun obtient. D'abord à l'enfance, puis à l'adolescence et enfin à l'âge adulte. Ces connaissances peuvent même être accédées de n'importe où, sur Infolux.

-Infolux ? je demandai.

-L'équivalent de ton "Internet", précisa Chirutll.

-Ah, oui, c'est vrai ! je fis. J'aurais dû m'en souvenir...

-Oui, bref, continua le policier. Ensuite, chaque étage en sous-sol correspond à un niveau de connaissance. Et plus c'est profond, plus les informations sont importantes et protégées.

Pendant que nous nous dirigions vers l'ascenseur de l'étage -1, dédié au niveau de connaissance quatre, je comptai les portes.

-Cela signifie-t-il que le niveau le plus sécurisé est le niveau 10 ? concluai-je. Qui a accès à ces informations ?

-Uniquement les Empereurs, informa l'officier. Et les membres du conseil 05, qui dirigent la fondation SCP. Et aussi les membres les plus éminents de SCP-010-Rv. Bref, tous ceux qui sont en charge de l'Archontinent tout entier et qui savent comment gérer des situations de crise.

J'allai demander ce qu'était SCP-010-Rv, mais je me tus. ç'aurait peut-être été trop d'informations en une journée...
Avant d'atteindre la porte, il y avait d'abord une sorte de large arche... Chirutll et le policier, devant moi, purent la traverser sans problèmes, mais lorsque je m'avançai, je me heurtai à un mur d'énergie.

-Il est avec moi, assura le policier en direction de la porte.

Il me fit signe de réessayer, ce que je fis. Cette fois-ci, plus de mur invisible, j'étais libre de passer !

Nous passâmes à travers le cadre gigantesque de l'ascenseur et posâmes un pied dans le vide. Une énergie ralentit notre chute et nous laissa descendre à une vitesse raisonnable. Ce qui était largement différent avec les ascenseurs gravitationnels de l'Académie des Néomages, c'était surtout que le même ascenseur était utilisé pour transporter les visiteurs vers le haut comme vers le bas... Ce qui signifie que tous les gens qui venaient et partaient du 1er sous-sol nous croisaient dans le même temps. Descendre dans ces conditions sans avoir été introduit à ces technologies était super stressant, surtout quand un "ascendant" nous frôlait de deux mètres...

-Et vous ? demanda Chirutll pendant la descente. Vous avez quel niveau d'accès ?

-J'ai le niveau cinq, le niveau des forces de l'ordre de base. Ce qui signifie que j'ai la possibilité d'avoir un accès à toutes les informations des personnes que je suspecte. Données sanguines, ADN, nom, prénom, adresse, flux du compte en banque...

-Dangereux, ça... je fis. N'y a-t-il pas des policiers qui profitent du niveau cinq pour... abuser de leur pouvoir ?

-Des sanctions très sévères sont prévues si les coupables sont pris la main dans le sac. Nous ne blaguons pas avec ces histoires. Quoi qu'il en soit, je suis en passe d'atteindre le niveau six ! J'obtiendrai alors le droit de prendre des gens en filature, et même de rentrer virtuellement chez eux. Cela va de soi, ceux qui profitent du niveau six pour violer l'intimité des gens font face à de graves séquelles.

-Charmant... fis-je, entre la fascination et le dégoût.

L'énergie gravitationnelle nous déposa sans encombres sur le sol de l'étage -1. Devant nous, d'autres barrières d'énergie où passaient des dizaines, des centaines de gens.

-Ces barrières sont une sécurité supplémentaire en cas d'intrusion, informa le policier. Ce sont aussi elles qui analyseront nos titres d'accès. Le niveau de connaissance quatre possède plusieurs sous-catégories, par exemple des gens qui possèdent le titre quatre-Thêta ne doivent pas accéder aux savoirs qui concernent les finances des industries.

L'officier passa devant pour assurer à la porte que je ne compromettais pas la sécurité de la base de données. Ensuite, et seulement ensuite, je pus passer.

-Et en cas d'attaque terroriste ? Ou simplement des gens qui sont trop insistants ?

-Des tourelles Thêta et paralysantes sont camouflées dans les murs et prêtes à tirer en n'importe quelle circonstance. Ne vous inquiétez pas à ce sujet. Les Empereurs eux-mêmes ont confiance en la sécurité de ces données.

Je me tus, et me contentai de suivre mes deux compagnons.

La superficie de l'endroit me faisait tourner la tête... L'étage -1 de Centralis n'était constitué que de couloirs innombrables entrecoupés d'alcôves, qui affichaient "occupé" pour la plupart... Pourquoi autant de gens devaient-ils chercher des informations au même moments ? Des bureaux, il s'en comptaient par milliers, par millions... Heureusement, une sorte de robot en forme d'écran sur pattes était venu à notre rencontre pour nous conduire vers le box libre le plus proche.

On s'est engouffrés dans cet énième couloir, dirigés par cette machine étrange... Lorsque ce truc s'est arrêtés, nous étions enfin à côté d'une cellule accessible par une porte transparente, sur laquelle un "disponible !" en grandes lettres vertes était affiché. Pendant que le robot s'en allait aider d'autres personnes, moi, Chirutll et l'officier avons franchi la porte coulissante.
Cette dernière se referma derrière nous, avant de s'occulter... J'avais déjà entendu parler de vitres du genre à Anthropia, mais en voir une en action, cela semblait bien plus excitant que prévu !

Autour de nous, huit appareils que je devinai être des ordinateurs... Je voudrais bien vous y voir ! Pas de tour ―en tout cas, pas visible―, pas d'écran ―c'était remplacés par des hologrammes, et interactifs avec ça―, pas de souris ―eh, qui a besoin de souris quand on peut naviguer dans la machine rien qu'avec le regard ?―... Non, en effet, ceci n'avait ABSOLUMENT RIEN A VOIR avec les ordinateurs d'Anthropia. Lorsque Chirutll s'approcha de l'un d'entre eux, un grand symbole "Θ" s'afficha, avant de mener vers une interface de recherche.
Impatient, je me dirigeai vers une autre machine... je fus déçu lorsque s'afficha le texte "Erreur : individu de niveau 3" en rouge, mais le truc me redirigea vers la même interface que pour Chirutll.

-Je m'occupe de tu-sais-quoi, me dit Chirutll d'un air secret ―il m'aurait bien fait un clin d'œil si seulement il en avait―. Pendant ce temps, fais les recherches que tu veux. Au fond, nous sommes dans le lieu ultime du Savoir ! Si tu as des questions, tu n'as qu'à demander.

-Mais... Et Atherach ? Euh... Chara ?

-Fais comme tu sens, Thauroji. Nous sommes là pour plusieurs heures, vu le nombre de technologies à télécharger... En fait, dès que le téléchargement est initialisé, je vais rechercher ce pour quoi nous sommes venus. Pas besoin de rechercher à deux.

-D'accord... ai-je dit en me demandant quelle question j'allais poser à Centralis.

-Ah, je sais ce que tu peux rechercher ! annonça l'Alterrien. Witz avait demandé des informations sur "Thana-5". Et puis, il y a cette affaire de SCP que tu as vu en rêve...

-C'est pas faux ! je fis. Mais... Comment on recherche sur ce truc ?

A peine ai-je prononcé ça que l'hologramme devant moi changea.
Réponse à : Comment naviguer sur nos appareils :
La navigation de Centralis se base sur un système écrit, vocal ou cérébral, selon votre désir. Il vous suffirait de penser intensément à votre question et nous y répondrons. Si vous ne souhaitez pas que vos pensées soient lues, vous pouvez toujours utiliser la commande vocale !

-Wow... je fis, bouche bée. Très bien ! "Qu'est-ce que Thana-5 ?"

L'hologramme afficha une icône de recherche pendant à peine un instant, avant de répondre.

-J'adore ce monde, je m'émerveillai en lisant les premières lignes. Euh... Chirutll ?

-Ouais ?

-Est-ce que tu saurais pourquoi Witz voulait avoir les informations d'une planète-cimetière ?

L'Alterrien haussa les tentacules, et je continuai à lire. Dans Revaltia, les morts constituaient beaucoup trop d'espace pour être enterrés convenablement sur des planètes civiles. Alors, les morts étaient triés par religions et enterrés parmi leurs semblables sur des planètes aux conditions moins favorables... Thana-5, ou plus précisément la cinquième planète de Thanathos, était une parmi une douzaine de planètes où sont enterrés d'innombrables disciples des dieux de l'Olympe... Je comprenais de moins en moins pourquoi Witz aurait pu vouloir des informations là-dessus. Comment en-a-t-il même entendu parler ?

J'oubliai instantanément le SCP de mon rêve : ce dernier événément me fit comprendre que je n'en savais peut-être pas beaucoup sur mes coéquipiers... Je commençai par rechercher des infos sur Alex'. Evidemment, Centralis ne me donna que les grandes lignes de sa vie. Son temps passé en orphelinat, son don pour les connaissances mystiques, sa disparition, ses parents, et surtout... son lien avec l'affaire "MurLup755 : Nightfire".
J'investiguai plus profondément là-dedans. Ce dossier était précisément ce à quoi je m'attendais : le dossier qui concernait le meurtre de ses parents.
Données géographiques et enregistrements inaccessibles, disait l'hologramme. Je zappai les données concernant ses parents, puisqu'elles ne m'intéressaient pas.
Affaire non-résolue : usage de technologie de brouillage pendant le crime. Traces profondes et griffures sur les corps : attaque d'origine lupine. Suspects : loups-garous.
Leur fille a été retrouvée au même endroit, plusieurs heures plus tard. Avait été protégée par des sortilèges de dissimulation umbraliques. Données supplémentaires inaccessibles.

-Ses parents ont été tués par des loups-garous, je marmonnai, avant de continuer mes recherches.

Je continuai sur Entia... Tout ce qui figurait sur sa fiche, c'était son affiliation avec l'Epreuve. Pas de données biologiques, pas d'informations sur sa vie, pas de profession, même pas son nom ! A réflexion, je me demandai comment Centralis avait pu deviner à qui je pensais, si elle ne connaissait pas son nom...
Nous reconstituons l'identité de la personne que vous souhaitez rechercher selon vos pensées, informa l'hologramme. Mouais... Je commençais à trouver cela très intrusif.
Toute l'équipe passa le traitement. Comme pour Entia, les fiches de Xenthores, Witz, Tarek et Olivia restaient presque incomplètes... Seule la mienne et celle de Chirutll avaient été un tant soit peu meublées, mais seulement parce que nous venions de le faire à notre entrée dans le bâtiment.

Miku et N0-V04 furent les suivants. Leurs deux histoires avaient été fortement censurées, mais pas pour les mêmes raisons... Centralis ne divulguait que les grandes lignes. Pour l'une étaient inscrits ses crimes et sa vie en tant que dame de la rue avant sa disparition dans l'A.D.N., pour l'autre... Eh ben, pas étonnant qu'il ait l'air perpétuellement effrayé de tout !
Fils d'une famille de six Exanthropes. Un père sévère et une mère sympa. Des frères qui se moquaient sans cesse de leur sœur cadette, une fille-robot défectueuse et puante. Assiste, très jeune, au meurtre violent de sa famille entière par la sœur en question. Fuit sa ville natale et disparaît des radars pour plusieurs années...
En faisant des recherches rapides sur la ville, Ross, je découvris que la meurtrière y retourna bien des années plus tard, autrement dit il y a quatre ans d'ici, pour venir cracher sur la demeure familiale en ruines et détruire la cité entière à coup de bombe quantique... Charmant. Mais j'avais encore des réticences à croire que cet acte avait été fait par la même Exanthrope puante qui avait failli tuer Entia...

Du reste... Bah ! Très peu d'informations sur Ferdinand, étonnamment ! Mais selon Chirutll, Ferd' aurait été élevé à l'intérieur des barrières d'Arcania, à travers desquelles la vision quasi-omniprésente de Centralis n'a aucun effet. Puis vint Dverg ―sur lequel je ne vais rien dire― et enfin... je me penchai sur le cas de Kernn.

-ATTENDS... je m'écriai. KERNN !...

-Pas la peine de crier ! intima l'officier.

-Désolé... Kernn a cinq ans ???

-Je croyais que c'était évident, fit Chirutll. Les Ureegrs comme lui sont cons comme des skoypöls, mais les adultes arrivent au moins à aligner deux mots qui ne comportent pas "taper" en permanence ! Tu crois que c'était pourquoi que je l'appelais "gamin" ?

-Mais... C'est génétique, chez eux, cette aptitude d'être aussi grands que des humains à cinq ans ?!?

-Absolument pas ! répondit Chirutll platement, à moitié absorbé par ses recherches. Kernn a le physique d'un adulte, c'est clair. Mais les Ureegr n'atteignent leur majorité qu'à leur seize ans terrestres. Je sais pas ce qu'il a fait pour vieillir comme ça, si tu veux savoir. Une potion de vieillesse ? Une malédiction ? Aucune idée.

Abasourdi, je lus plus en avance les données de notre cher Alterrien bagarreur en bas-âge... avant de faillir m'étouffer à ma propre salive. L'officier répondit très rapidement en m'offrant un verre d'eau, provenant d'un évier dans un coin de la cellule.

-Chirutll ! je m'écriai en remerciant le policier d'un coup de tête. Son père... Son père a combattu Chara ! Et il l'a tuée !

-Ah ? Intéressant... Je crois qu'il est temps qu'on parle de notre cible. Viens d'abord voir, j'ai déniché des enregistrements intéressants.

L'Alterrien mit les images en pauses d'un geste de tentacules. L'image montrait une ville à feu et à sang... Des immeubles entiers tombaient sous l'effet d'une étrange onde de lueur rouge qui émanait de mon malheureux copain au pull rayé de jaune...

-Tant de destruction... je me lamentai. Comment tout cela a pu se passer ? Je peux pas croire que c'est mon pote...

-Quoi qu'il arrive, c'est pas ton pote. C'est pas lui qui fait tout ça, c'est Chara. Et la destruction, c'est justement ce truc-là qui me chiffonne...

-Vous avez trouvé quelque chose ? demanda l'officier en s'approchant.

-Oui, dans le changement de mode opératoire de la démone, affirma l'Alterrien en remettant l'enregistrement en marche.

Les buildings s'effondrèrent sur leur propre poids, telles des gelées trop hautes. Et dans tout ce chaos, Chara restait là, impassible, presque souriante à la vue de ce carnage.

-Regardez-moi ça... C'est comme si voir des immeubles tomber la faisait marrer. Et maintenant, un enregistrement de la dernière fois qu'elle a attaqué une ville, il y a plusieurs décennies...

Instantanément, la vidéo changea. L'angle de vue suivait toujours Chara, dans son éternel pull vert, hilare et couteau à la main, coursant des civils à travers les rues... Le sang giclait tellement de partout que la censure floutait presque la vidéo au maximum.
Les buildings ? La démone ne s'en souciait pas. Elle passait à côté comme n'importe serial killer le ferait... Les ripostes des forces de l'ordre s'organisèrent, et Chara invoqua un bouclier vert transparent pour se protéger des tirs. Ces derniers étaient nourris et fusaient tellement autour de la gamine qu'on ne la voyait pratiquement plus... Mais on discernait quand même les déviations de tirs provoqués par le bouclier s'approcher de plus en plus des forces armées. Et, lorsqu'elle fut suffisamment proche de la colonne de soldats, on entendit un hurlement terrible. Cela ne ressemblait pas à un cri humain, même pas un cri animal... On aurait dit une énergie qui explosait en continu, comme... Comme une Supernova de cris humains. C'est ça. C'est l'impression que ça me faisait.
Le hurlement se tut d'un coup. L'instant d'après, une onde de choc parcourut l'espace entre la démone et les soldats, qui furent comme... annihilés.
Le ciel s'illumina d'un coup d'une aveuglante lumière blanche, et Chirutll pausa l'enregistrement au moment pile où une lance divine allait embrocher le cœur de la génocidaire.

-Qu'il y a-t-il à comprendre ? demanda l'officier.

-Chara n'a jamais causé autant de destruction, annonça Chirutll. Elle est la démone du Génocide, pas de la Guerre, du Chaos ou de concepts similaires. La plupart du temps, lorsque son passage a laissé des traces de démolition, celles-ci étaient généralement causées par les forces qui s'opposaient à elle... C'est-à-dire la police, l'armée voire les dieux et parfois même les démons. Et aujourd'hui... Aujourd'hui, elle fait exactement l'inverse. Elle n'a pas l'air de tuer directement la population, elle se contente de répandre la désolation. Ce n'est pas à son habitude de faire ce genre de choses...

-Elle a peut-être trouvé un hôte puissant, fit l'officier.

-Atherach ? je précisai. Je le connais bien... il ne m'a jamais frappé comme étant "puissant" ! Enfin, je veux dire... Pas puissant à ce point-là.

-Cela doit être dur de perdre un ami de cette façon, il compatit.

-De ? Ah non ! Nous n'avons pas perdu Atherach ! Il est encore là-dedans, je le sens ! On doit arriver à séparer l'esprit de Chara et le sien, coûte que coûte !

-Vous pouvez vous concentrer sur la mission ? fit l'Alterrien. Ce que je veux dire, c'est que le comportement de Chara est très différent d'autrefois. Ce qui signifie par extension qu'on ne va peut-être pas pouvoir utiliser les stratégies de ceux qui l'ont battue avant nous... Nous allons affronter une Chara qui nous est complètement inconnue, imprévisible. Mais on ne désespère pas ! Toute piste reste bonne à prendre. Thauroji, on va rechercher la piste du père de Kernn...

L'histoire était récente ; elle datait d'il y a cinq ans de là. C'était l'époque où Revaltia était dans un sacré bordel... Sur Ampéria et Arcania, des champions devenaient trop forts pour conserver un semblant de paix entre les Archontinents de la Science et de la Magie. Profitant de la confusion, Chara est revenue sur terre pour continuer sa quête de destruction de l'humanité... Pour régler les crises, Célestia, Hydunn et Aurelia ―ma famille spirituelle― avaient engagés trois équipes de héros. Quelques mois plus tard, le Core de B3-A57, fierté des Exanthropes, fut détruit, et l'esprit arcanique ―hum, hum... excusez-moi, je m'échauffe...― "Dharaz Arnferz Rhalrania Kalarn Iarnalfz" fut confiné à l'intérieur d'une dague... Je le dis tout de suite, je vais pas vous demander de retenir ce nom. De manière conventionnelle, on va à présent l'appeler DARKI.
Quant à Chara... Là aussi, elle avait opté pour une autre stratégie. Au lieu de s'attaquer directement aux humains ―en se faisant rapidement repérer par les dieux―, elle essaya de réunir de la Détermination en masse en absorbant des quantités phénoménales de magie Déterminée. C'était une bonne tactique, elle aurait pu atteindre sa pleine puissance sans être repérée par les Dieux... Si seulement Célestia n'avait pas été rapidement au courant de ses plans.
Ainsi fut formée une équipe de plusieurs héros... Sion, une Kytsimm de glace communiste, Solaria Akanyo, une elfe maudite par la jeunesse, Alisée, une Déterminée, et bien évidemment Kèrn, le père de Kernn... Mais il y en avait une dernière. Et c'était N1-V01, le Fléau des Exos elle-même, la sœur de notre N0-V04...

Le problème, pour cette équipe, c'était surtout de savoir où trouver Chara avant qu'elle n'ait suffisamment de Détermination pour génocider des villes entières en un coup. Sur le chemin, ils ont démasqué un haut dignitaire Ataraxien qui œuvrait pour les démons... Mais c'est une autre histoire.
La scène du combat avec la démone a prit des proportions épiques... Célestia elle-même leur avait prêté sa puissance. Solaria affrontait en lutte astrale un autre mage climatique, un Soleil d'Argent et une Lune de Sang soutenaient tour à tour les héros et la démone. Kèrn, habité par un potentiel cinétique énorme, avait fissuré la montagne, la séparant en deux. Sion était en permanence entourée d'une aura de blizzard qui lacérait la chair de la démone. Et N1-V01... Ah, N1-V01... Elle ne blaguait plus. Le Fléau des Exos semblait avoir triplé en taille, et attaquait la gamine meurtrière sans relâche de ses bras gigantesques.

Chara réapparaissait à chaque fois qu'ils la tuaient. Elle est morte une fois... deux fois... quatre fois... sept fois... Je perdis le compte de ses morts. Mais à chaque fois, elle réapparaissait de plus en plus faible, de moins en moins déterminée à se battre. Et puis, après d'innombrables coups, son sang noir coula enfin sur les falaises. La démone n'était plus.
Depuis, Sion est devenue maire d'un village et conserve le couteau de Chara en tant que couteau à beurre ; Alisée l'a rejointe avec son frère retrouvé ; Kèrn vit paisiblement sur Ataraxia avec son épouse ―qui donna un peu plus tard naissance à un "charmant" garçon Alterrien à quatre bras― ; N1-V01 retourna sur Ampéria, et... Solaria Akanyo devint l'Impératrice d'Arcania, même si elle a l'apparence et l'innocence d'une gamine de quatre ans.

-C'est la seule fois où Chara a été tuée pour de bon, ajouta l'officier.

-Mouais, fit Chirutll. Vaincue à la force brute, avec l'assistance des dieux, alors que la démone n'était pas en situation de puissance... Je trouve pas ça faisable.

-Moi non plus, j'ajoutai. Surtout qu'on a pas autant d'éléments comme Solaria, maintenant. Bon, il nous reste des mages puissants... On a une ninja-mage de l'air, un fulguromancien fou, un nain qui abuse sur les réglementations runiques, et une maîtresse des portails...

-ça ne reste pas assez, fit l'Alterrien en secouant le globe qui lui servait de tête. Chara était moins puissante, ce jour-là, et même en position de faiblesse. Même si Ametara savait invoquer des centaines de portails en même temps, que les runes de Dverg avaient été décuplées et que Ferdinand se laissait consumer par la folie, on aurait toujours aucune chance.

-Mais alors, qu'est-ce qu'on peut faire...

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