Une tombe, un unique prénom
Une tombe dans un cimetière,
Cela n'a rien d'extraordinaire,
Pour la fillette qui pleure dessus,
C'est son monde qu'elle a perdu.
Une tombe, un unique prénom,
Quelqu'un qui n'avait aucun nom,
Et pourtant il en méritait un,
Lui qui croyait en une meilleure fin.
La fillette reste sur la tombe,
Son coeur lui semble être une bombe,
Elle ne peut que haïr cette fin tragique,
Qui vient de lui voler son passé magique.
Aucun oubli ne lui est permis,
Car elle croit avoir aussi perdu la vie,
On tente de la consoler, de la réconforter,
Mais on ne reçoit que ses sanglots brisés.
C'est elle qui se trouve sous terre,
Et le cadavre dans le sol qui respire l'air,
Elle ne peut accepter cette mort,
Puisqu'elle se sent en tort.
Coupable d'une absence,
Qui a causé sa souffrance,
Sa présence n'aurait pourtant pas suffi,
Pour empêcher cette tombe de prendre vie.
Elle qui n'a pas de nom,
Qui ne possède rien qu'un prénom,
Plus rien ne lui semble avoir de sens,
Personne ne comprend ce qu'elle pense.
Elle finit par vivre comme le mort,
Transformant son corps,
Son esprit, son âme, son identité,
Pour donner vie au fantôme du passé.
Un an plus tard, elle reprend conscience,
Elle pleure à nouveau une absence,
Une nouvelle tombe lui fait face,
Son esprit refait alors surface.
Elle se jure de rester elle,
Malgré, ou à cause, de cette mort cruelle,
Faisant face au prénom et au nom,
De celle à qui elle demande pardon.
Les années passent,
La tristesse se tasse,
Les deux tombes restent fleuries,
Tant que la fille reste en vie.
Un nom s'ajoute à la première stelle,
Même si ses parents ne savent rien d'elle,
De cette pierre tombale solitaire,
Et de la fillette qui en est fière.
Elle n'a pas pu sauver son monde,
Et même si aucun tonnerre ne gronde,
Elle est heureuse d'avoir pu donner,
À son monde une entière identité.
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