Désolé, mon ange...
Cher toi,
Je n'ose pas prononcer ton nom, ni même ton surnom ou tes initiales, parce que j'ai tellement peur de ne pas pouvoir te certifier par la suite que cette lettre ne t'était pas destinée. Je ne veux pas l'admettre, me l'avouer, c'est tellement spécial, tellement incongru, tellement stupide... Si seulement j'avais pu me contenir, ne pas te le dire, ne pas l'écrire, alors ce ne serait pas réel, alors ce ne serait pas concret et j'aurais à l'heure qu'il est la possibilité de remettre mes impressions en question, de me voiler la face, de me mentir à moi-même, encore.
Au début, je ne l'avais pas senti, pour moi, c'était une pure et simple amitié, bien bénigne et sans conséquence. Aujourd'hui, je comprends pourquoi j'ai été aussi jaloux de tes véritables et sincères amis, et je refusais aussi de le voir, j'essayais de le contourner, oui, je suis un imposteur, parce que je t'ai laissé croire tellement longtemps qu'il n'y avait rien... alors que je pense t'aimer en vérité plus que je ne peux le supporter.
Depuis quelques jours... Je ne peux plus rien contenir, vraiment plus rien, mes pensées sont toutes pour toi, mes rêves t'appartiennent, et ces foutus papillons qui tournent inlassablement dans mon ventre alors que c'est dans ma tombe que je les veux. Ai-je ressenti de l'espoir, un jour ? Peut-être bien, quand tu m'as avoué que "je ne devais pas être aussi sûr de cela", mais c'était fou et je le savais. Et ce soir... et ce soir, encore, j'espère désespérément l'impossible.
Pourquoi ne te l'ai-je jamais dit, en face, à haute voix ? Parce que ma voix aurait tremblé ? Non, ça fait déjà trop longtemps que ma voix tremble quand je te parle. Alors pourquoi ? Parce que je sais, je pense, je crois que ce n'est pas, que cela ne peut pas être réciproque parce que les utopies et les belles histoires j'en ai tellement rêvé que ce ne sont plus pour moi que des idéaux inaccessibles, éternels, loins, trop loins.
Cet amour a si peu de raisons d'exister... Il n'est que le fruit de la chance et de mille coïncidences, d'événements, de chance, c'est bien cela, et sans doute aussi de malchance. Je m'en veux, je m'en veux tellement parce que je sais que j'en souffrirai toujours, et surtout que toi aussi en souffrira, tellement c'est laid, tellement c'est pitoyable, abominable, oui, tu peux te le dire, mon ange.
Je ne sais même pas ce que je voudrais, en vérité, sans doute t'avoir près de moi, pouvoir te regarder dans les yeux, te parler en te regardant, oh oui, c'est un rêve... Seulement je n'en serai jamais capable. Jamais... Que pourrais-je te dire de plus ? J'ai juste envie que ces insomnies, ces pensées, ces sentiments retrouvent le bon chemin, celui de la raison. Et d'où viennent-elles, ces convictions qu'il y a un bon et un mauvais chemin ? Peut-être parce que je suis seul dans ce déraisonnable amour et que, pour aimer, il faut être deux.
Tu as tout fait pour moi, comblé tout ce vide qu'étaient mes amitiés, et, ce vide, je vais le retrouver ?Je t'en supplie, pardonne-moi : en lisant cela, essaie juste de sourire et de te dire que ce n'est pas si dramatique, que je suis toujours ton ami malgré tout et que, même si cet amour est fou, il se calmera... j'espère. Ce sera ton sourire, seul, qui m'aidera à rejoindre ce "bon" chemin qui m'est infâme, et que je suis obligé de rejoindre malgré mes réticences, pour les bonnes mœurs et ma santé mentale. Si tu savais comme j'en ai besoin...
L.D
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