Ancêtre
Il est assis sur le toit de son île.
Il n’est ni noir, ni blanc.
Ni pauvre, ni riche.
Il est juste une souvenance.
Il regarde le béton qui a pris son sentier.
Il n’est ni triste, ni joyeux.
Ni gentil, ni méchant.
Il est juste nostalgique.
Il observe l’évolution qui a pris sa cabane.
Il ne pleure pas, il médite.
Il ne rit pas, il pense.
Son monde n’est plus, mais tant pis.
Il est assis sur le toit de son île.
Il souffle à l’oreille de ses descendants.
Il murmure une mélodie, qui parle de liberté.
Sa musique est naturellement envoûtante.
Il a 100 ans, 200 ans, 300 ans…
Il ne compte plus, son monde n’a pas d’heure.
Il ne voit pas le temps passé, son ciel n’a pas de calendrier.
Entre la lune, les étoiles, le soleil, son monde ne vit plus.
Il est debout, au bord d’une falaise.
La rivière de son enfance s’est asséchée.
La ravine de son adolescence ne chante plus.
La mer de ses vingt ans ne brille presque plus.
Il marche au milieu de la foule.
Il essuie les yeux de ses filles.
Il tape sur l’épaule de ses fils.
Son monde perd espoir. Mais que faire ?
Il est assis sur le toit de son île.
Il n’a ni froid, ni chaud.
Il n’a pas peur, car il est fort.
Entre les ponts et les tunnels, le vide est devenu son ami.
Il est un penseur, un philosophe.
Il n’a pas de métier, mais il bricole.
Il n’a pas de maison, mais il est à l’abri.
Dans la mémoire de ses enfants.
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