Navajo
Mes pas au levant se glissent,
Ciel pâle aux reflets flamboyants,
Aux côtés de l’homme aux esquisses,
Qui ornent sa peau couleur sang,
Sa main, force tendue me hisse,
Sur la croupe de feu de son Alezan,
Sous les sabots le sable crisse,
On s’enfuit dans la poussière du soleil enfant.
Fier au vent qui déchire ses oripeaux,
La bannière étoilée en lambeaux,
Il est Navajo.
Il chante une vie inconnue,
Lointaine grandeur de gloire,
Vastes prairies aux limites étendues,
Maître d’un destin accroché à l’espoir.
Il pleure les champs de batailles perdus,
Laissés à l’abandon des livres d’histoires,
Flèches brisées disloquent les tribus,
Ne laissent que des fragments de mémoire.
Dans ses yeux coule une rivière à flot,
Sur ses joues creuse des rides, des canaux,
Il est Navajo.
Dans l’enceinte de pierres grises,
Au sol de terre battue,
Bardé d’amulettes, le visage de frises,
Il avance au centre du cercle tendu,
Torse nu, blessure qui ne cicatrise,
Sa voix s’élève en chants ardus,
Elle suinte une vie qui agonise,
Rejetée au loin, en espace perdu.
Dans ses gestes il mime un assaut,
Son histoire se dessine sur sa peau,
Il est Navajo.
Mes pas au couchant se glissent,
Ciel noir aux reflets indigo,
Au-delà des dalles lissent,
Du hogan qui abrite le gringo,
Attiré par les incantations qui retentissent,
De l’ombre qui danse au brasero,
Initié aux rites, il trace des esquisses,
Sur mon enveloppe, au couteau.
Sa fierté concentrée dans mes os
Son destin se lit sur ma peau
Je suis Navajo.
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