Le tigre ou les singes

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Ses yeux s'ouvrent d'un coup, sur une inspiration abrupte. Un réveil d'entre les morts. Allongé, il sent ses ongles enfoncés dans le matelas comme s'il s'y était cramponné pour s'empêcher de chuter. Nom de Dieu, qu'est-ce qu'il s'était passé ?

Hier. Quoi, hier ?

Plus aucun souvenir de rien après qu'il se soit écroulé dans le pouf chez Damian. De toute façon, on ne peut pas dire qu'il est en état de se rappeler quoi que ce soit pour le moment. Et la faim le tenaille comme s'il venait de traverser le désert sans vivres…

Debout, une fatigue innommable lui tombe lourdement sur les épaules. De violentes courbatures rongent avidement ses muscles, sa tête le lance terriblement et sa poitrine le brûle.

Manger, d'abord.

Pas surpris le moins du monde, Jésus ne lève pas ses yeux douloureux, reconnaît son frère qui l'attend en bas à ses chaussures, toujours impeccables et noires et luisantes. Il le salue d'un grognement guttural et marche résolument vers son but : le salvateur kebab-du-coin, ouvert 24 heures/24. Après avoir tourné le coin de la rue, son pied bute violemment sur quelque chose. Jésus lance un « Putain ! » sonore dont l'écho résonne dans l'atmosphère, puis regarde, interloqué, l'objet de son courroux souffreteux. C'est un bout de mur. Un tas de briques fumant, qui semble avoir été arraché à un immeuble tout près. Cette rencontre inattendue le force à lever les yeux, à les exposer au soleil étouffé de décembre.

Il arrête de respirer.

Il regarde autour de lui, ses yeux s'écarquillant lentement sous l'effet de la surprise, l'incrédulité déformant ses traits.

« Mec, c'est quoi, ça ?

  • Quoi, ça ?
  • Tous ces petits trucs gris dans l'air, là ! C'est quoi ? Mais qu'est-ce qui s'est passé, putain ! »

Ce n'est pas décembre qui entrave les rayons du soleil. Tout autour d'eux, tout ressemble à un après-bombardement. Tout est à moitié détruit, les bâtiments laissent apparaître des morceaux de salons, de chambres d'enfants, d'anciennes vies. De la fumée s'échappe des décombres à plusieurs endroits, mais il ne voit nulle part trace d'une explosion, d'un incendie, ni même d'un feu. Et surtout, obstruant la vue, il y a des flocons partout, aussi loin que le regard porte, qui pleuvent en une averse sèche et salissante.

Il fait gris partout sauf dans ses yeux, qui luisent étrangement. Il prend conscience d'une sorte de chaleur derrière ses orbites, sensation inconnue qui, couplée à la singulière pluie grise, lui fait venir les larmes aux yeux. Une panique latente commence à poindre au bout de ses mots, quand Iblis finit par lui répondre d'une voix sourde.

« C'est de la cendre, petit frère.

  • Comment ça, de la cendre ? Ça tombe pas du ciel, la cendre, Iblis !
  • Ben aujourd'hui si, mon gars. Et c'est toi qui as déclenché ça. »

Il regarde son frère sans comprendre. Lui, il ferait tomber de la cendre du ciel sans le faire exprès, comme ça, au milieu de rien ?

Enfin, pas de rien.

Parce que bon, ce n'est pas qu'il n'y a rien autour d'eux, ils sont en pleine ville après tout, ils sont… juste derrière chez lui. C'est la fin de la nuit, on commence tout juste à distinguer les contours des choses malgré l'horizon flouté par cet écran de flocons gris pâle qui rendent l'air opaque et s'accumulent en couches fumantes et silencieuses sur les bancs, les trottoirs défoncés, les tuiles arrachées et les voitures délaissées, immobiles. Immobiles.

C'est ça, le plus bizarre. Ce qu'il y a, c'est qu'il n'y a personne. Pas âme qui vive. Un désert urbain, où les chats ne traversent même plus les rues, où l'on n'entend même plus le chant des oiseaux se frayer un chemin à travers des grondements de moteurs qui n'existent plus et des insultes de passants qui ont disparu.

« Ils sont où, les gens, Iblis ?

  • Je sais pas, mec. Tu leur as fait peur, je crois. »

Il en a de bonnes, lui. D'abord, il fait prétendument apparaître des flocons de cendre dans l'atmosphère sans s'en apercevoir, et maintenant il a fait peur aux gens. À tous les gens !

« Mais putain ! J'y entrave que dalle à tes histoires, Iblis. Le ciel part en sucette, mon quartier ressemble à un remake de la seconde guerre mondiale, y'a plus personne dans les rues… Je sais pas, la réaction logique serait plutôt de flipper à mort ou au minimum de se poser deux trois questions, genre comme moi, tu vois ! et toi, t'es là, avec ta gueule de celui qui sait et tu me laisses péter un plomb tout seul en sous-entendant en plus que c'est probablement de ma faute, ce foutoir !

  • Pas « probablement », Jésus. C'est certain, que tu es responsable de tout ça.
  • Mais explique-toi, bordel ! »

Il enfouit son visage dans ses mains, tremblant de tout son corps. Rien de tout cela n'a de sens à ses yeux… il est encore faillible. Comme tout homme qui ne comprend pas il commence à avoir vraiment peur. Comme tout homme effrayé il s'énerve. La rage inquiète qui monte dans son cœur, dans sa gorge éclate sous ses paupières serrées et lui tire enfin des larmes brûlantes. Quand celles-ci roulent sur ses joues, le grondement du tonnerre roule au-dessus d'eux. Quand elles quittent son visage souillé de suie pour s'écraser doucement au sol, des gouttes de pluie les suivent, de la vraie pluie comme il la connaît, cette fois. Une, deux, deux mille, deux millions, un rideau liquide qui descend en continu sur l'horizon, inondant ses paumes ouvertes, tournées vers ce ciel qui fait n'importe quoi.

Diluvienne, la pluie déchaîne ses averses en escadrons sur eux, se mêlant à la cendre en suspension dans l'air.

Rapidement, des ruisseaux de boue anthracite se forment au sol et ils se retrouvent tous deux trempés, englués jusqu'aux chevilles dans ce magma aux allures de béton liquide.

Jésus tombe à genoux à côté de son frère dans l'eau grise, foudroyé par l'évidence.

Le rêve, cette nuit. Dieu. Son père. Les gens… La colère.

« C'est moi qui fais ça.

  • Ah, quand même.
  • Mais pourqu… »

Il s'interrompt, laissant cette question d'une rhétorique évidente mourir dans sa gorge.

Comme tout homme qui ne contrôle plus rien, il cherche à se justifier.

« Tu sais, je voulais pas… »

Mais les mots s'éteignent encore.

Iblis le regarde et attend, patiemment, que les idées fassent leur chemin à travers lui. Que les émotions éclatent, les unes après les autres, autour de son cœur. Qu'il comprenne d'où vient la lumière qui vient de naître dans le creux de ses mains.

Il ne dit plus rien pendant quelques instants, puis, un murmure enflé de fureur sourde franchit ses lèvres et se mêle au chuintement torrentiel de la pluie :

« J'en pouvais plus d'eux, Iblis ! C'était juste… plus possible. Ils ont tellement pris soin de tout piétiner, toujours… Comment on peut être aussi inconscient, dis-moi ?»

Son frère regarde au loin les fumées, les cendres sans même montrer qu’il l’a entendu. Jésus marque une pause, regardant le sol trempé, puis reprend, sa véhémence descendue d’un cran, presque résignée : « C’est vrai, je voulais pas ce qu’on a sous les yeux, là. J’ai pas cherché ce désastre. Pas volontairement, pas consciemment, en tout cas. Mais franchement, qu’est-ce que j’aurais pu faire ? Tout seul ? Il en a de belles, le padre, quand même ! Les Hommes sont égoïstes, petits, serviles, hypocrites. Ils sont capables de tant de beauté, même les plus abrutis d’entre eux. Mais ils n’en font rien, ils détruisent tout sur leur passage, y compris eux-mêmes, en souriant, insouciants. Ils sont bêtes, mon frère, ils sont… Ils étaient si bêtes ! Quand ils n’étaient pas simplement inconscients, ils s’en foutaient. Au final, j’ai tout fait comme eux. Je me rendais pas compte à quel point j’avais tout ça en tête. Je savais pas que le tigre, c’était eux. Je me suis trop menti et j’ai trop laissé faire. Papa aussi, il m’a laissé faire… Ou plutôt, il m’a laissé ne rien faire. C’étaient ses humains, à la base, après tout… »

Iblis reste silencieux. Jésus, haletant, se rappelle ce que lui avait dit son frère une fois, au QG, quand ils étaient plus jeunes. Ils se retrouvaient souvent dans un renfoncement creusé à la base de l'un des piliers du pont des Âmes, pendant que leurs parents s'engueulaient vaillamment autour du poulet-frites dominical. Trop occupés à leurs différends saturés de non-dits poliment écœurants et de vérités qui blessent inutilement, ils avaient mieux à faire que de s'occuper des deux maigrichons, l'un brun comme une nuit d'été, l'autre blond comme un matin d'hiver, qui s'échappaient sans même chercher à être discrets. Au contraire, Iblis se levait simplement de la table encombrée de plats entamés et de reproches, en soupirant très fort et en roulant des yeux. Et Jésus le suivait, naturellement, comme l'ombre d'une innocence mourante qu'il fallait préserver chez ce grand presque plus adolescent sombre au sourire dément.

Un de ces dimanches-là, ils avaient marché jusqu'au pont des Âmes et, une fois dessous, ils avaient sauté les quelques roches qui dépassaient du canal pour atteindre le creux pierreux, étrangement abrité, qu'ils appelaient leur QG. Ils y restaient des après-midis entières, enfants, et parfois des nuits, quand ils eurent grandi et que le whisky-coca, puis les filles étaient entrés dans leur vie. Une de ces après-midis particulièrement assombries, par des nuages sales comme par les paroles de leurs aînés, Iblis était resté longtemps silencieux. La tête appuyée contre la paroi de pierre froide et irrégulière, ses yeux orange perdus quelque part au milieu du canal, il affichait une expression qui mêlait une profonde incrédulité empreinte de dégoût et une intense concentration. Quand ses traits se furent enfin détendus, il s'était jeté sur Jésus, sortant le garçon de sa somnolence et, le tenant fermement par les épaules, il lui avait dit, une sorte d'urgence désespérée perçant dans sa voix grave malgré son calme apparent :

« Le monde, petit frère, il est d'une noirceur terrifiante. Il y a des ombres partout, des fantômes d'êtres humains qui font semblant de mener des fantômes de vies, abrutis par le quotidien, le métro, l'égoïsme, les batailles de rien. Regarde nos parents… Guidés par cette graine de méchanceté qu'on a tous en nous et qu'ils ont laissée germer, souvent à leur insu, les gens avancent à des rythmes différents, sur des chemins différents, qui mènent au final tous à la mort. Mais tu sais, c'est pas une fin en soi, la mort, petit frère. C'est juste une étape, un passage obligé vers lequel on converge tous avant de s'éparpiller à nouveau dans tous les sens, dans toutes les directions. Ceci dit, on reste rarement soi après la mort alors, quand on commence à s'attacher à cette âme qu'on se trimballe depuis la conscience, autant se perfectionner dans la chasse à l'étincelle. »

Jésus l'avait interrompu.

« C'est quoi, la chasse à l'étincelle ? »

L'air perdu, presque agacé, Iblis lâcha un soupir et lui expliqua :

« Bon. Le monde, il est tout noir, tu vois ? Mais à l'intérieur des gens, de toi, de moi, de tout le monde, comme la graine de méchanceté, il y a aussi une graine de lumière. Qui germe ou s'atrophie, selon les gens, selon ce que la vie nous fait, comment elle nous traverse, comment on la traverse. Mais toujours est-il qu'on est tous des porteurs de lumière, et que parfois on crache des étincelles. Parce que c'est qu'on en est capables, tu sais. Dans un sourire, dans un soupir, on en trouve tout le temps ! Dans la musique, aussi. Dans la musique, ça fourmille d'étincelles. Un bon morceau, ça fait un peu comme les cierges magiques sur tes gâteaux d'anniversaire, une vraie fontaine de lumière crépitante qui s'allume dans la tête et dans le cœur. Ceux qui savent créer la musique, ils font partie des porteurs de lumière ultimes. Comme tous ceux qui savent créer tout court, du reste. Ils font jaillir la beauté, l'émotion, la douceur ou l'exaltation du néant. Plus souvent qu'on ne le pense c'est dans la vie autour de nous que les étincelles jaillissent d'elles-mêmes, mais étrangement c'est plus difficile de les attraper, parce qu'on fait pas assez attention. Genre dans un rayon de soleil qui perce une pluie d'été. Dans l'éclosion d'une fleur. Dans une cascade, un fruit mûr… un oiseau, là, tout près. Tu l'entends, l'oiseau, Jésus ? Son pépiement ? Tu te souviens le goût sucré, doux et suave de la poire que tu as mangée tout à l'heure sur ta langue ? Le parfum tendre des pivoines pâles et veloutées sur le balcon de chez toi ? Des étincelles, tout ça ! Des éclats de lumière, et ils sont tous pour toi. Pour moi, pour nous. Et il faut prendre très vite ton épuisette à pleines mains et les attraper quand tu les vois. C'est tout un art. Faut être rapide, mais délicat. Parce qu'une étincelle c'est fragile, et ça dure pas longtemps. Faut pas merder, petit frère, dans le noir où on vit faut être vigilant, garder les yeux ouverts tout le temps, être attentif et attraper toutes les étincelles que tu peux tenir dans tes bras et dans ton épuisette. »

Devant l'air interloqué de Jésus, il avait baissé ses yeux, souri doucement, et avait ajouté :

« Oui, c'est crevant. Ça pique les yeux et ça fatigue le corps, à force, aussi. Pourtant c'est comme ça qu'on fonctionne. On a le cœur comme un moteur à injection d'étincelles. La lumière en nous faut la faire grandir, la soigner, sinon on tient pas et on succombe. On devient gris. C'est nul. Tu sais, quand les gens se moquent en disant que je vis dans un monde imaginaire, que je suis pas réaliste ? Ben ils se plantent. Je ne sais que trop bien l'obscurité dans laquelle on évolue. J'ai juste appris à chasser les étincelles et maintenant, il est temps que tu apprennes, toi aussi. T'as le bout du nez tout gris. »

Jésus avait, par réflexe, louché et touché son nez pour voir ce qui le salissait, et puis il s'était renfrogné devant l'éclat de rire d'Iblis.

Sur le coup, il n'avait pas compris tout ce que son frère avait tenté de lui expliquer. Il faut dire que la clarté n'avait jamais été son fort… Il aimait être cryptique, dans ses messages. Mais malgré tout, quelque chose dans les yeux d'Iblis ce jour-là l'avait empêché d'oublier tout cela. Ils avaient chassé les étincelles, eux ? Les fils de Dieu ? Les humains, ils savaient faire ça ? Peut-être, mais il ne l’avait pas vu, pas entendu, il n’avait rien dit. Et aujourd'hui il est trop tard et tout est clair, aussi limpide que l’étaient avant l’éclipse les yeux de… Deborah ? Elle aussi, elle est partie. Il baisse les yeux et sourit. La morsure d'une perte inévitable commence à se faire sentir. La conscience d'un silence serein et effroyable lui apparaît subitement. La pluie tombe, certes, mais hormis le fracas de l'eau contre le bitume bourbeux, forcément, rien ne bouge.

Saisi, le cœur serré, il écoute, à l'affût du moindre son qui viendrait troubler le mouvement du rideau pluvieux. Son frère, à ses côtés, est comme statufié, figé dans une attitude d'attente infinie.

Jésus écoute, se concentre et son mal de tête s'intensifie de façon fulgurante. La pluie cesse d'avoir un son à elle. L'averse ne faiblit pas le moins du monde, mais les gouttes, subitement, ne font plus aucun son en s'écrasant sur le sol, sur les décombres, à travers leurs vêtements. Jésus, le regard fiévreux, scrute la lumière dans ses mains. Et il entend.

Le monde était beaucoup trop bruyant, avant.

Si bruyant qu'il avait cessé de penser, quand il avait compris qu'il ne s'entendait plus lui-même. Même la musique ne le sauvait plus. Il ne savait plus où donner de la tête, dehors, répondre à des appels, à des sollicitations extérieures, sans cesse. Se sentir obligé. Cela lui avait paru insurmontable, au quotidien, ce besoin perpétuel qu'avaient les gens, les uns des autres. Ce besoin qu'ils avaient de l'avoir lui, dans leurs vies. Il avait tout bloqué, jusqu’à l’oublier.

Insurmontable.

Mais maintenant…

Maintenant, le silence est assourdissant, il lui vrille le cœur, peuplé de ce qu'il entend, là, il entend toutes les pensées que tout homme ayant existé avait pu émettre dans sa vie.

Il a la tête au bord de l'implosion. Il entend tout et n'y comprend rien. Impossible de déchiffrer quoi que ce soit d'intelligible dans cette cacophonie de songes, de peurs, d'espoirs, d'exclamations silencieuses.

Il ouvre les yeux et se rend compte qu'il est en train de hurler, trempé, les genoux englués de boue, ses deux poings écrasés sur ses oreilles. Il n'entend même pas sa propre voix, tant celle du monde est puissante, tant elle prend de place. Un dernier éclat, avant le rien.

Tout ça n'a plus aucune importance. Ça ne sert plus à que dalle de savoir, de lui faire entendre, voir tout ça, aujourd'hui, alors qu'il est trop tard. Pourquoi maintenant ? Pourquoi maintenant, putain ? Peut-être parce qu'à travers le bruit du monde vivant il n'aurait pas pu entendre tout cela davantage que ses propres idées.

Il entend les dernières pensées de tous. Une litanie insensée et arythmique de prières, de lamentations, de remerciements. De l'effroi et parfois, atrocement souvent, du soulagement.

Ses yeux errent sur le sol, dans le vague. Pluie et cendre dessinent les peintures d'une guerre qu'il réalise à peine sur son visage tendu.

« Et qu'est-ce qu'on va faire, maintenant ?

Un moment au visage d'éternité traverse la rue avant qu'Iblis ne se décide à s'asseoir sur le trottoir, près de Jésus et, entourant de son bras les épaules de son frère, il lâche dans un souffle qui semble contenir tout l'oxygène d'un monde qui n'en a plus besoin :

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