On distingue facilement la vitesse du vent grâce aux mouvements rapides des nuages. De leur couleur grise, ils se dispersent petit à petit, cédant leur place au bleu vif du ciel. En ce mois de décembre, la pluie se fait rare. La terre sèche, la moisson meurt, mais l’humidité règne toujours sur le littoral méditerranéen. Un baume efficace contre l’inconfort de l’air.

En haut des montagnes, le vent souffle beaucoup. Presque glacial malgré les rayons du soleil, déjà à son zénith. Pourtant, le beau temps invite toujours les touristes et les familles à déjeuner au sommet du massif montagneux d’Akfadou, enveloppés dans leurs doudounes et manteau à fourrure.

Son nom tiré de son climat dur et froid, il signifie littéralement « Cime au Vent ». Autrefois, aussi connu pour son lac profond, il n’en reste plus qu’une flaque d’eau, séchée par l’absence des pluies. Les villages voisins sautent sur la possibilité d’une punition divine. Leur bonté, tachée d’amertume, d’égoïsme et de péchés démesurés, provoquerait peut-être la colère silencieuse du ciel. Une conséquence lourde pour les Hommes, mais pas pour les vaches laitières.

Entre la verdure qui s’étale de long en large et du reste du lac qui suffit à tout le monde, l’ingratitude ne fait pas partie de leur vocabulaire. Leurs gueules en rumination synchronisée, l’herbe leur paraît délicieux, goûteux et exquis. Même les humains autour ne les dérangent pas. Certaines, après un déjeuner bien garni, s’allongent et font bronzette, mâchant toujours et les yeux fermés.

Un homme dans la cinquantaine les observe et ne peut s’empêcher d’admirer ce tableau. Le contraste des couleurs, le bien-être, le calme ; la nature. Il est vêtu d’un manteau épais bleu à carreaux, un bonnet sur la tête, sa barbe mal rasée, un survêtement chaud et une paire de basket usée. Son esprit campagnard aurait tant voulu quitter la ville, démissionner de son poste de comptable et déposer sa retraite. Afin de plonger son âme dans les profondeurs de cette sérénité sans nom.