Chapitre 1 - Une journée comme les autres

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Sous-chapitre 7 : Une nuit à Gorenth


La lumière de la lune filtrait à travers la petite fenêtre de la chambre, éclairant faiblement les murs de bois rugueux. Clara était allongée sur le lit, les yeux ouverts, fixant le plafond sombre. Malgré l’épuisement de la journée, le sommeil lui échappait. Ses pensées étaient comme un torrent indomptable, tournoyant entre ce qu’elle avait vécu et ce qui l’attendait.

Elle avait encore du mal à croire qu’elle était ici, dans ce monde, loin de sa maison, de ses habitudes, de tout ce qui lui était familier. L’étrangeté de la situation aurait pu la submerger, mais quelque chose en elle, une flamme qu’elle n’avait jamais vraiment sentie auparavant, la maintenait debout.

Un bruit léger attira son attention. Elle se redressa doucement, tendant l’oreille. Cela ressemblait à un pas, suivi d’un murmure étouffé. Son regard glissa vers son épée, appuyée contre le mur. Elle hésita une seconde, puis se leva, attrapant la poignée de l’arme d’une main tremblante.

Elle ouvrit la porte de sa chambre avec précaution, se retrouvant face à un couloir plongé dans une semi-obscurité. Les bruits venaient de l’escalier menant à l’auberge en contrebas. Elle inspira profondément et descendit, ses pas silencieux sur le bois usé.

La salle principale de l’auberge, qui avait été bruyante et animée quelques heures plus tôt, était maintenant vide, à l’exception d’un homme assis dans l’ombre, près de l’âtre mourant. Roderic.

— Je me demandais combien de temps il te faudrait pour descendre, lança-t-il sans tourner la tête, sa voix grave brisant le silence.

Clara, surprise, s’arrêta au bas des marches.
— Comment saviez-vous que j’étais là ?

— Tu es silencieuse, mais pas assez. Et puis, ce genre de nuit… on ne dort pas facilement.

Elle hocha la tête, serrant toujours son épée. Roderic fit un geste vers une chaise en face de lui.
— Viens t’asseoir.

Clara hésita, puis obéit, s’installant en face de lui. Ses traits étaient éclairés par la lumière vacillante des braises, et elle remarqua pour la première fois les rides autour de ses yeux, des marques d’années passées à combattre ou à survivre dans ce monde.

— Tu réfléchis à ce que tu fais ici, n’est-ce pas ? demanda-t-il, ses yeux la scrutant avec une intensité inhabituelle.

— Tout le temps, répondit-elle. Je ne comprends toujours pas pourquoi… pourquoi moi. Je ne suis qu’une fille ordinaire.

Roderic se pencha légèrement en avant, croisant les doigts.
— Tu dis ça maintenant. Mais tout le monde commence quelque part. Ce monde ne choisit pas au hasard. Si tu es ici, c’est qu’il y a une raison.

Clara baissa les yeux, réfléchissant à ses paroles. Une raison. Mais laquelle ? Elle se souvenait encore de sa vie ordinaire, de ses journées passées à Tourcoing, à jongler entre le lycée et ses sessions de jeu. Rien en elle ne semblait prédestiné à l’aventure.

— Je ne sais même pas par où commencer, murmura-t-elle.

— Par le début, répondit-il avec un sourire en coin. Chaque aventurier commence avec des doutes. Moi aussi, j’en avais.

Elle releva la tête, intriguée.
— Vous aussi ?

— Bien sûr. J’ai perdu plus de combats que je n’en ai gagnés au début. Et il y a des jours où je me demande encore si j’ai fait les bons choix. Mais ce que j’ai appris, c’est qu’on ne devient pas fort en évitant les épreuves.

Clara resta silencieuse, digérant ses paroles. Il y avait une sagesse brutale dans ce qu’il disait, une vérité qu’elle ne pouvait ignorer.

Un nouveau bruit, cette fois plus distinct, retentit près de l’entrée de l’auberge. Les deux se redressèrent presque simultanément. Roderic posa une main sur le manche de sa hache tandis que Clara serrait son épée.

La porte s’ouvrit lentement, révélant un jeune garçon essoufflé, à peine plus âgé que Clara. Il portait des vêtements en lambeaux, et son visage était couvert de poussière et de sueur.

— Aidez-nous ! cria-t-il en entrant, sa voix tremblante de panique.

Roderic se leva immédiatement, s’approchant du garçon.
— Du calme, petit. Que se passe-t-il ?

Le garçon reprit son souffle, les mains sur les genoux.
— Des monstres… Ils attaquent une ferme juste à l’extérieur des murs. Mes parents… ils sont encore là !

Clara sentit une boule se former dans son estomac. Encore des combats. Encore des dangers. Mais elle ne pouvait pas ignorer l’urgence dans la voix du garçon.

Roderic se tourna vers elle, son expression sérieuse.
— C’est une opportunité, dit-il simplement.

— Une opportunité de quoi ? demanda-t-elle, bien qu’elle connaissait déjà la réponse.

— De prouver ce que tu vaux.

Elle inspira profondément, son cœur battant à tout rompre. Puis elle se leva, serrant son épée.
— Allons-y.

Un sourire furtif passa sur le visage de Roderic, et il hocha la tête.
— Bien.

Ils quittèrent l’auberge en silence, le garçon les guidant à travers les ruelles sombres de Gorenth. Les bruits de la ville nocturne s’éteignirent peu à peu à mesure qu’ils s’approchaient des portes de la cité.

— On est presque arrivés, dit le garçon en pointant du doigt une lumière vacillante au loin.

Clara plissa les yeux et vit une petite ferme isolée, ses champs éclairés par des torches. Mais elle aperçut aussi des silhouettes sombres se déplaçant dans l’ombre, leurs formes indistinctes, mais terrifiantes.

Roderic s’arrêta et posa une main sur l’épaule de Clara.
— Écoute-moi. Ce ne sera pas comme le troll ou les pillards. Ces créatures sont rapides, vicieuses. Tu dois rester concentrée.

Elle hocha la tête, avalant difficilement sa salive.

— Prête ? demanda-t-il.

Clara resserra sa prise sur son épée.
— Non. Mais je vais y aller quand même.

Roderic éclata de rire, un son grave mais étrangement réconfortant.
— C’est tout ce qu’il faut.

Ils s’élancèrent alors vers la ferme, prêts à affronter une nouvelle épreuve dans ce monde où chaque instant était une bataille pour survivre.

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