Quand on est enfant, on a parfois des idées de génie… du moins, c’est ce qu’on croit sur le moment.

Fascinée par Jurassic Park, convaincue que mon jardin regorgeait de fossiles de dinosaures, je me suis lancée dans une mission archéologique d’une importance capitale. Seulement, petit problème : les archéologues du film utilisaient de jolis pinceaux pour déterrer leurs trouvailles avec délicatesse, et moi… je n’en avais pas.

Qu’à cela ne tienne, une expédition dans la maison s’imposait. Après une fouille intense, le jackpot ! Une belle collection de pinceaux, de toutes tailles, soigneusement disposés sur une commode. C’était parfait. Équipée de mon matériel flambant neuf, je suis partie en quête de mon premier tricératops.

Le terrain de fouille s’est vite révélé décevant. Pas l’ombre d’un fémur de T-Rex ni même un malheureux petit os de vélociraptor. Après des heures d’efforts acharnés (et probablement un saccage en règle du parterre de fleurs), j’ai dû me résoudre à rentrer, bredouille.

C’est alors que m’est venue une pensée brillante : il fallait rendre les pinceaux comme si de rien n’était. Direction la salle de bain, grand nettoyage en règle, et hop, retour sur la commode ! Mission accomplie, aucun soupçon en vue. Maman n’a rien remarqué, et la vie a continué son cours, paisiblement…

Jusqu’à 25 ans.

Un jour, attablée avec ma mère, on se remémorait mes péripéties d’enfance. Tout sourire, j’ai décidé de lui avouer mon crime : l’emprunt clandestin de ses pinceaux pour fouiller le jardin. Un silence. Un regard incrédule. Puis, soudain, la révélation.

Les fameux pinceaux, qui lui avaient coûté une fortune et dont la texture étrange l’avait intriguée pendant des années, venaient enfin de livrer leur secret.

Un soupir. Une tape sur la tête. Et cette menace mi-sérieuse, mi-hilare :

« T’as pas intérêt à avoir des gosses, sinon je te le ferai payer ! »

On a fini en larmes… de rire.

Moralité ? Les fossiles de dinosaures, c’est surfait. Mais les souvenirs d’enfance catastrophiques ? Inestimables.