Une nouvelle amie
Chéri prit son repas en regardant les informations à la télévision. Depuis que Chérie avait été enlevée par les extraterrestres, il vivait seul et était tristement à même de se rendre compte de l'importance qu'elle avait pour lui. Il s'était montré souvent impatient ou condescendant, alors qu'il aurait dû être attentif et attentionné. Il en allait de même pour les travaux de la maison. Chérie assumait seule des tas de choses, tandis qu'il lisait, pardon "étudiait" son journal. Maintenant il devait s'occuper de tout, même de l'arrosage périodique des plantes. D'ailleurs, en ce qui les concernait, force était de constater qu'il n'avait pas la main "verte".
Après avoir débarrassé la table et lavé rapidement la vaisselle, il s'installa dans un fauteuil de jardin sur sa terrasse. La nuit d'été était douce, les feuilles des arbres bruissaient doucement sous l'effet de la brise. Le calme n'était perturbé que par des éclats de voix, venant de voisins regroupés autour d'un barbecue.
Soudain, une silhouette se matérialisa devant lui. Humanoïde,de la taille d'un adolescent, habillée d'une combinaison intégrale grise. Après quelques secondes de stupéfaction, il se rappela le rêve de Chérie et soudain il eu peur.
— Vous venez pour m'enlever ?
— Pourquoi ferions-nous ça ?
La voix était métallique. Sans doute, l'être devant lui utilisait un appareil de traduction doté d'un synthétiseur vocal.
— Vous l'avez bien fait pour ma femme.
Il y avait des reproches dans sa voix. Comment avaient-ils pu le priver de son épouse.
— Elle vous manque ?
— Bien sûr qu'elle me manque. Sans elle ma vie devient un enfer.
— Elle serait heureuse d'entendre ça.
Le ton était amusé, presque moqueur. Il s'énerva. De quoi se mélait cet Alien ? Il se redressa sur son siège et lui lança d'une voix autoritaire :
— Vous allez me la rendre, et vite !
Surpris par le changement de ton, le visiteur ne répondit qu'une dizaine de secondes plus tard, semblant peser chaque terme employé.
— Elle reviendra lorsqu'elle en aura envie, nous ne la gardons pas prisonnière.
— Et bien entendue, elle sera enceinte.
Le sarcasme ne sembla pas être compris par le petit être gris.
— Pourquoi le serrait-elle ?
— Parce qu'elles reviennent toujours enceinte, ne le niez pas !
L'alien émis un grincement désagréable, sans doute sa manière de rire.
— Est-ce notre faute, si les femmes infidèles se trouvant dans l'embarras nous mettent les choses sur le dos.
— Alors elle ne l'est pas ?
— Bien sûr que non. Maintenant, si elle le souhaite...
— Oh la ! Doucement ! Je vous l'interdit.
— C'est à elle de décider, pas à vous.
Chéri se tassa sur son siège, effondré. Cet alien allait bientôt lui faire un discours féministe ! Soudain, l'illumination se fit dans son esprit. "C'est une femelle !" Elles étaient toutes solidaires, et se liguaient contre les mâles même entre espèces différentes.
— Vous... Vous êtes une...
— Une femme ? Effectivement. Bon, le terme exact en ce qui me concerne est plutôt "Chnat'bahar", ce qui pourrait se traduire dans votre langue par "celle qui va cueillir la rosée de la vie". C'est poétique n'est-ce pas ?
Chéri était passablement agacé mais comme il voulait retrouver Chérie il se força au calme.
— Revenons-en aux faits. Pourquoi ne voudrait-elle pas revenir ?
— Pourquoi le voudrait-elle ? A vous de me le dire.
Il allait se fâcher à nouveau mais l'extraterrestre s'avança vers lui d'une démarche chaloupée avant de reprendre la parole.
— Que pensez-vous des rencontres entre espèces ? Je veux parler des rencontres physiques bien sûr.
Elle se pencha vers lui, provoquant un recul instinctif de sa part.
— Vous auriez tord de croire cela impossible.
Le ton de l'alien était devenu plus sensuel, autant que le permettait sa voix métallique.
— Vous... vous voulez dire...entre vous et moi...
De nouveau le rire grinçant retentit. En même temps, il reçu par derrière une violente tape sur la nuque.
— Non mais, qu'est-ce que tu crois ? Dès que j'ai le dos tourné, tu en profite pour draguer mes amies.
Stupéfait il reconnu Chérie. Sans lui laisser le temps de répondre elle enchaîna.
— Tu ne crois quand même pas que "la rosée de la vie" sort de ton ridicule petit robinet !
Elle se retourna vers l'extraterrestre.
— Tu viens chérie ? Je vais te faire visiter la maison.
— J'arrive Chérie. J'espère que tu vas aussi me montrer ta chambre. N'oublie pas ce que signifie mon nom.
—Je ne risque pas ! N'ai aucune crainte.
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