Vérifier qu’on a le cœur qui bat.

2 minutes de lecture

Ce n’est pas entièrement sûr, on ne peut pas tout à fait savoir, de temps en temps on vérifie, qu’on a le cœur qui bat, qu’il bat très calmement, et pas seulement quand une porte claque sous le souffle du vent, il accélère, la donne est mauvaise, ce n’est pas exactement la même chose, c’est juste une anicroche, il faut tout recommencer, mais aussi quand on entend sa voix, quand on reçoit un mot, quand on fait un geste dans le monde, ou simplement quand on lit une phrase, un mot aimé et qu’on regarde le ciel.

Vérifier qu’on inspire.

Et pas seulement revenir, pour reprendre souffle, à la surface du monde, après les plongeons en apnée dans le béton brut du réel, qui nous épuisent et nous étouffent, mais qu’on laisse l’air nous caresser, et qu’on respire les rêves en même temps que le monde.

Aux bords de ses pensées, s’asseoir les pieds dans le vide, comme autrefois, quand autrefois n’existait pas, et qu’il n’y avait même pas tout à fait demain, mais seulement la présence éclatante de maintenant.

Je me souviens de ces maintenant d’autrefois, je me souviens qu’ils étaient éclatants, ils resplendissaient tout entiers, dans un fruit qu’une main nous tendait, dans les couleurs d’un crayon qui éveillait en nous des rêveries puissantes et colorées, dans la flamme d’une chandelle, qu’on n’osait pas allumer, dont on osait à peine approcher, et qui avait une puissance onirique et presque sacrée.

Ils se sont éloignés dans la brume des pensées, ils sont estompés sous la corrosion des souvenirs, qui s’interposent entre le monde et nous, ils sont brouillés comme si nos regards étaient mêlés de larmes, et nous n’y pouvons rien.

Aux bords des mondes, s’asseoir, sur le sol, à même le sol, sentir la manière dont il nous porte, nous reçoit, ne pas penser à demain, presque rien, ne pas déplacer son regard, pieds nus, et laisser monter en soi la possibilité de vivre. Ce qu’on ne cesse de chercher, dans la douceur d’un pull en laine, ou d’un sourire échangé, et dans la douceur de ces phrases, qu’on fait répéter en demandant simplement :

— ah bon, tu crois ?

— tu es sûr ?

— je ne sais pas … tu penses ?

— qu’est-ce que tu en penses, toi ?

Et soudain, on est presque rassuré d’être dans le monde, et il semble tout à la fois solide et accueillant.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Mon cher Edouard ! ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0