Inspiration
Cette nuit, je n'ai rien à dire, ou presque. Je me suis pourtant imposé ce rituel... Si on ne commence pas à se dévier, on glisse le long de la pente. Mais se pousser inconsidérément, c'est se jeter dans les orties. Savoir se bouger, c'est savoir ouvrir des portes. Or parfois on ouvre et on ne trouve rien... Sans doute que quand un tiroir est vide, c'est qu'un autre est plein ; et cependant si c'est le tiroir vide qu'on a ouvert, c'est peut-être qu'on ne devait pas tomber sur le tiroir plein. Qui sait s'il n'est pas en train de mûrir et de fleurir ? de grâce ! ne laissez pas trop longtemps l'oisillon dans le nid mais ne lâchez pas l'oeuf du haut de la falaise ! Il ne faut pas clore ce qui s'apprête à éclore !
J'ai récemment proposé à un professeur une adaptation de l'image du fleuve qu'il nous avait relatée à propos de l'art contemporain. Celle-ci disait que le fleuve dépendait de sa source ; et ainsi - je raconte de mémoire -, qu'une fois la source tarie il est vain de rester aux berges du fleuve : que c'est à la source que tout se joue. Je lui proposai donc la réflexion que s'il n'a pas de berges, si le terrain est absolument plat, le fleuve s'étale, s'évapore et disparaît. Qu'ainsi l'art consiste à aménager les berges, le terrain, pour ne pas perdre l'eau, ni frustrer la source, et pour assurer ainsi la réalisation de ses potentialités, pour assurer le cours du fleuve.
Pourtant, c'est assurément un poète de ressources plutôt que de canaux, de chaos que d'ordre, qui parle !...
Annotations
Versions