La balade du guet
Plutôt tard, il faisait déjà sombre alors, une personne marchait seule dans la rue.
À son allure tranquille on sentait l'habitude de ce parcours.
C'était l'heure creuse de la nuit : trop tard pour les arrivées et trop tôt pour les sorties.
Les matinaux plongés dans un sommeil profond, les tardifs au pic de l'euphorie des fêtes.
Elle longeait les murs humides et gris des ruelles, éclairées aux croisements par des lampadaires faiblards et solitaires.
La lumière ne semblait pas avoir pour elle plus d'attrait que l'obscurité. Le calme par contre était précieux.
Loin des grandes avenues, elle écoutait tranquillement le son du silence.
Sans attendre spécialement le levé du jour, elle remplissait sa tâche, laissant au temps la liberté de s'écouler.
Elle ne se sentait pas physiquement vivre comme les fêtards qui se déhanchaient frénétiquement, mais elle n'était pas non plus totalement inconsciente de son corps comme ceux qui dormaient déjà.
Étrangement, l'absence de bruit ne réclamait pas d'être comblée par la multitude des pensées.
Son esprit était paisible, suivant le lent trajet de la brise nocturne.
Une seule question déambulant d'un bout à l'autre de sa tête : suis-je réellement vivante ?
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