Le chemin de nos vies

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Ce fut Alex qui précipita la fin de notre idylle.

Il m'avait donné rendez-vous dans un restaurant près de la plage. Après le repas, nous avons rejoint une maison surplombant le village, héritée de ses parents.

La maison sentait le citron et la lavande, le soleil se déversait sur les tomettes de carrelage comme un liquide brûlant se répandant sur le sol.

Je n'étais pas contente de ce contre temps car je devais aller chercher Julie à son cours de chant, je craignais d'arriver en retard.

- Ce n'est pas comme ça que je voulais le faire, mais bon tant pis, je me lance. Commença Alex sur un ton mystérieux.

Je le regardai d'un air intrigué, attendant la suite sans trop comprendre.

Il s'agenouilla devant moi en sortant une petite boîte de velours rouge de sa poche.

- Alicia, veux-tu m’épouser ?

Je regardai l’écrin qu'il venait d'ouvrir et dans lequel se trouvaient deux alliances. Je pris la plus petite entre mes doigts la faisant rouler doucement. Elle était gravée avec nos deux prénoms séparés par des cœurs enlacés. Elle était si belle, finement ciselée. Je la passai à mon annulaire gauche au dessus de mon autre alliance. Le contact entre les deux bagues me fit frissonner et comprendre les implications de cette question.

J'avais été trop loin.

- Oh ! Alex, elle est si belle !

Je l'embrassai en le serrant tendrement dans mes bras.

- Alors ?

- Alors quoi ?

- Ta réponse.

- C'est si inattendu….

- Pas pour moi, cela fait un moment que j'y pense.

- Je ne peux pas t'épouser, je suis désolée, je suis mariée.

- Je sais, mais je voudrai que tu divorce, que l'on vive ensemble. J'en ai assez de cette vie de mensonges, dans l'ombre de ton mari, assez que tu passes tes nuits avec lui. Je veux me réveiller à tes côtés le matin, d'entendre ronfler dans ton sommeil, tenir ta main dans la rue sans crainte d'être vu par d'éventuels amis ou voisins. Passer mes vacances avec toi. Vivre chaque instant pleinement.

- Je ne peux pas faire ça, Alex.

- C'est donc que tu ne m'aimes pas.

- Tu ne peux pas comprendre…

- C'est ce que tu crois ?

- C’est dur, pour moi aussi.

- J’ai accepté une mission caritative à Abidjan, commença-t-il en changeant complètement de sujet, je partirai le mois prochain, viens avec moi.

- Non Alex.

Il referma les volets roulants de la maison et se dirigea vers la porte, tout avait été dit.

Nous marchâmes côté à côté sans échanger un seul mot.

Je voulu l'embrasser pour lui dire au revoir, mais il me repoussa en me lançant d'un ton cinglant

- Non, quelqu'un pourrait nous voir.

Je restai un instant sur le parking, le regardant s'éloigner dans sa voiture, une larme roula le long de ma joue. J'avais envie de pleurer, de crier ma déception, j'étais en colère contre ma décision et contre le mal que je venais de lui faire. Mais, avais-je vraiment le choix ?

Le mois suivant je reçu un dernier message de lui.

- Je pars demain pour Abidjan, j'ai pris deux billets pour le vol de 15h30, viens me rejoindre à l'aéroport si tu as changé d'avis.

Ma valise était prête, mais au moment de parler à Julie, mon courage disparu comme neige au soleil. Je ne pouvais pas faire cela, je ne pouvais pas quitter Antoine et notre fille. C’était inconcevable.

Je restai assise dans le salon de l'appartement regardant l'heure défiler, 14 heures, puis 15 puis 16. Voilà tout était fini. Envolés mes rêves d'une nouvelle vie, la promesse d'un bonheur éternel, il ne restais plus que des cendres de notre trop belle histoire d'amour.

Les années ont passées, Julie m'a quitté pour se marier, puis Antoine, de séminaire en séminaire, de rencontres en rencontres, éphémères, d'un jour, d'un mois, d'une année, jusqu'à celle qu'il n'a pas pu quitter.

Nous avons divorcé sans vraiment le regretter, partant chacun de notre côté.

Il m'avait effacée, balayée d'un revers de main comme une simple pièce sur l'échiquier de sa vie. Mais mon amour pour Alex n'était pas éteint, il couvait dans mon cœur comme la lave d'un volcan en sommeil, qui jamais ne sortirait.

Je me suis engagée dans des missions caritatives, parcourant le monde dans l'espoir de le croiser au détour d'un chemin, au hasard d'une escale de fortune.

J'ai été à Abidjan, mais je ne l'ai pas trouvé, j'ai parcouru plusieurs fois le tour de la terre, mais je ne l'ai pas trouvé,

Et puis le mois dernier, je l'ai croisé au supermarché de son quartier dans lequel il habitait toujours.

- Alicia !

Je me retournai au son de cette voix qui me fit frémir.

- Alex !

- Cela fait si longtemps ! Comment vas-tu ?

- Ça va, répondis-je en passant sous silence que je vivais seule, Et toi, qu'est-ce que tu deviens ?

Il me détailla rapidement d'un regard absent, dans lequel il n'y avait plus cette lueur de passion qui me faisait fondre autrefois.

Une femme s'approcha de nous avant qu'il n’ait pu répondre.

- Bonjour, lança-t-elle, vous êtes une amie d'Alex ?

- Oui, nous étions dans la même classe au collège.

- Je suis heureuse de faire votre connaissance. Moi, je suis Cynthia, son épouse, et voici nos enfants, Tom, Alicia et Julie.

- Bonjour répondis-je, le cœur au bord des larmes.

Nous n'avons pas échangé d'autres paroles, chacun est reparti de son côté, poursuivant le chemin de sa vie, l'un sans l'autre, l'un près de l'autre mais pourtant si loin.

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