chapitre 18

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30 Novembre 2022

Lùca, assis dans un café, attendait Hailey avec impatience. La conversation de la veille lui trottait dans la tête, et il brûlait d'envie de voir comment leur relation évoluerait. Mais quand les aiguilles de l'horloge indiquèrent 18 heures sans l’apercevoir, son impatience se mua en inquiétude. Il tenta plusieurs appels, mais Hailey ne répondait pas. Lùca lui laissa un message vocal, espérant qu'elle arriverait bientôt. Il scrutait chaque visage entrant, son cœur se serrant à chaque visage inconnu.

Peu à peu, l'attente devint excessive. L'inquiétude de Lùca s'intensifia au fur et à mesure que les heures s'étiraient. Il appela à nouveau mais le téléphone d'Hailey sonnait désespérément dans le vide.

Un coup de téléphone de Sami interrompit ses pensées tourmentées.

— Dis-moi, Lùca, est-ce que Hailey est avec toi ? Je l'ai appelée toute la journée sans succès. Nous devions déjeuner ensemble, mais elle ne s'est jamais présentée. C'est étrange.

Ces mots intensifièrent la crainte et la confusion chez Lùca. Hailey n'aurait jamais manqué un rendez-vous, et son silence était alarmant. Reconnaissant la nécessité d'agir, il comprit que leur priorité devait être de retrouver Hailey et de s’assurer de sa sécurité.

Attendre devenait insoutenable. Lùca se leva soudainement, sa décision prise de ne pas rester les bras croisés. Il quitta précipitamment le café, bousculant accidentellement une serveuse, s'excusant distraitement avant de se fondre dans la foule de la rue. Sa première intention était de se diriger vers l’appartement de Hailey pour s'assurer qu'elle n'y était pas.

En chemin, il envoya un message vocal à Sami, révélant son plan et lui demandant de venir le rejoindre s'il le pouvait. Il avait besoin du soutien de son ami pour calmer son esprit submergé par l'inquiétude.

Arrivant devant la porte de l’immeuble de Hailey, Lùca réalisa subitement qu’il n’avait pas ses clés. Il frappa à plusieurs reprises, mais personne ne répondit. Tout semblait désert, et chaque coup résonnait sinistrement dans le couloir calme. Lùca se surprit à murmurer une prière, espérant désespérément qu'elle pourrait être simplement absorbée par ses pensées ou s'être assoupie après cette longue journée.

Juste au moment où il envisageait de partir, la porte voisine s’entrouvrit. Mme Garcia, la voisine d’Hailey, se tenait là, observatrice comme toujours avec son regard perçant.

— Vous cherchez Hailey ? demanda-t-elle.

Lùca acquiesça, espérant des nouvelles rassurantes.

— Elle devait surveiller mon chien pendant que j'étais chez le médecin, mais elle n'est jamais venue, ajouta Mme Garcia.

Le cœur de Lùca s'emplit de craintes nouvelles. Après avoir remercié Mme Garcia, il s’écarta rapidement, reprenant sa marche, un tourbillon de pensées confuses l'enveloppant.

Sami arriva en courant, haletant sous l'effort, son front perlé de sueur. Ses yeux se croisèrent avec ceux de Lùca, et une compréhension muette, empreinte de gravité, s'établit immédiatement entre eux. Mais avant même qu'ils n'aient eu le temps d'échanger un mot, le téléphone de Sami vibra avec insistance dans sa poche.

Il sortit l'appareil, essoufflé, et jeta un rapide coup d'œil à l'écran. C'était Matthew qui appelait. Sami répondit en respirant encore lourdement, la voix entrecoupée.

— Allô, Matthew ?

La voix de Matthew, pressante et tendue, vibra à travers le combiné. On pouvait presque sentir son angoisse à l'autre bout de la ligne.

— Sami, sais-tu où est Hailey ? Elle ne m'a pas appelé pour notre discussion du soir, et ça ne lui ressemble pas du tout. Je suis vraiment inquiet...

Le cœur de Sami se serra davantage. La situation gagnait en intensité. Chaque personne contactée semblait partager une facette de Hailey qui n'était jamais en retard, qui tenait chaque promesse, chaque engagement. Son absence inexpliquée devenait de plus en plus dérangeante.

— Non, Matthew, on ne sait pas où elle est. Lùca et moi étions justement sur le point de vérifier son appartement, expliqua Sami, en lançant un regard vers Lùca, qui, bien que silencieux, semblait tout aussi accablé.

Il y eut un bref silence, comme si Matthew essayait de digérer la nouvelle. Enfin, il soupira profondément.

— Je vais vous rejoindre. Je prends le premier avion. On ne peut pas simplement... attendre.

Sami acquiesça, bien que Matthew ne puisse le voir. La situation ne pouvait ni s'apaiser, ni se résoudre sans actions concertées. Au moment où l'appel se termina, le paysage sonore fut envahi par le bruit de la ville, un contraste saisissant avec l'intensité du moment.

Dans le cœur de Lùca et de Sami, l'inquiétude faisait écho d'une même peur silencieuse : quelque chose n’allait fondamentalement pas. Alors, partageant une résolution muette, ils se mirent en mouvement, une détermination renouvelée dans chaque pas pour percer le mystère de la disparition de Hailey.

Quelques heures plus tard

Matthew avait annulé son concert en Allemagne sans hésiter une seconde, emporté par une vague d'inquiétude qui l'avait saisi à la gorge dès qu'il avait appris la disparition de Hailey. Le cœur battant la chamade, il avait attrapé son sac à la hâte et s'était rué vers l'aéroport, prenant le premier vol disponible pour Belleneuve-sur-Mer. Dans l'avion, ses pensées tournaient en boucle. Chaque nuage qu'il apercevait par le hublot se muait en l'écho de ses inquiétudes, lui soufflant à l'oreille mille et une conjectures inquiétantes sur le sort de Hailey.

Deux heures plus tard, il était à bord d'un taxi, le visage collé à la vitre, regardant défiler sans vraiment les voir les falaises escarpées et les plages dorées de la côte. Le paysage maritime, pourtant si enchanteur, glissait devant ses yeux comme une toile inanimée, balayée par les bourrasques de ses réflexions tourmentées. Sa nervosité se lisait dans le tapotement nerveux de ses doigts sur la portière, une musique muette qui accompagnait la montée de son angoisse à mesure que le taxi approchait de Villebrouche-sur-Mer.

À son arrivée, Matthew conserva un calme apparent, une façade de tranquillité forgée au prix d'un intense effort de volonté. Mais quiconque le connaissait bien aurait pu discerner, dans ses yeux inquiétés, la tempête intérieure qui le ravageait. Retrouvant Lùca et Sami, il s'arrêta un bref instant à quelques pas d'eux, scrutant leurs visages pour y déceler un fragment d'espoir, une lueur rassurante qui pourrait apaiser ses tourments.

L’atmosphère qui régnait autour des trois amis était palpable, alourdie par le poids des émotions réprimées et des non-dits accumulés au fil des jours. Les regards qu'ils échangeaient étaient chargés de sous-entendus, chaque silence une note de tension rugissante qui emplissait l'air de l'écho de leurs craintes partagées. La lumière faiblissante du jour dessinait autour d’eux des ombres allongées, reflétant leur inquiétude et leur désorientation face à l'absence inexpliquée de Hailey.

Matthew se tenait là, les traits du visage tendus par une émotion qu’il peinait à contenir. Il rompit brusquement le silence qui pesait sur eux comme un voile de plomb, sa voix douce se frayant un chemin à travers l'air, pourtant chargée d'une froideur qui ne lui était pas familière. Les mots sortaient de sa bouche avec une lenteur calculée, chaque syllabe tremblant d'une colère sourde soigneusement maîtrisée.

Son regard, habituellement chaleureux et engageant, était désormais voilé par une lueur glaciale, comme une mer prise dans les glaces de l'hiver. Ses yeux fixaient Lùca avec une intensité inébranlable, cherchant peut-être un signe de trahison ou d'explication dans ses traits. La tension dans l'air était presque tangible, comme si les mots de Matthew possédaient une gravité propre, alourdissant chaque instant qui passait.

— Alors, c’est vrai ? Tu as essayé de me la voler ? demanda-t-il, sa voix résonnant dans l'espace, une question qui portait en elle le poids de la douleur et de la suspicion accumulées.

Lùca, pris au dépourvu, leva les yeux vers Matthew. L'accusation était un coup de tonnerre dans un ciel déjà chargé de nuages. Son expression se figea un instant, luttant pour comprendre comment ils avaient pu en arriver là, dans ce moment où la confiance vacillait sous les coups des mots. Il peinait à croire que Matthew, cet ami cher avec qui il avait partagé tant de souvenirs, puisse vraiment penser qu'il serait capable d'une telle trahison.

Un silence électrique s'étendit entre eux, vibrant d’émotions complexes et de ressentiments non exprimés qui cherchaient à éclater. Les passants indifférents continuaient à avancer, leurs pas résonnant sur le trottoir comme une mélodie lointaine, insensible à la tension palpable qui liait les trois amis.

— Matthew, c’est absurde... je n’ai jamais... commença Lùca, sa voix légèrement tremblante d’incrédulité.

Mais Matthew l’interrompit d’un geste brusque, ses yeux lançant des éclairs de colère contenue.

— Hailey et moi traversions une période difficile… Je pensais pouvoir compter sur toi, mais elle m’a dit que tu… dit-il, sa voix se brisant légèrement sous le poids des émotions, laissant entendre une vulnérabilité qu’il n’aurait jamais voulu exposer.

La déclaration suspendit le temps un instant, comme si le monde retenait son souffle, attendant de voir comment cette scène, chargée d'intensité émotionnelle, allait se dénouer. Le froid du soir commençait à s'infiltrer dans l'air qui les entourait, amplifiant l'isolement de ce moment critique, isolé de tout ce qui pouvait paraître normal en dehors de ces accusations.

C'est alors que Sami, toujours attentif à ce qui se jouait sous ses yeux, prit les devants pour ramener un peu de calme dans cet océan de turbulences. Il s'interposa, son visage déterminé traduisant la volonté d'apaiser les tensions à défaut de pouvoir immédiatement les résoudre. Ses bras écartés, il s'adressait à ses amis avec une autorité douce mais implacable.

— Hé, hé, les gars ! On arrête tout de suite, d’accord ? Ce n’est pas le moment de se disputer. Hailey est quelque part, et elle a besoin de nous, indiqua-t-il, sa voix servant de point d’ancrage face au tumulte émotionnel.

Matthew pinça les lèvres à cette imploration, luttant pour réprimer les vagues d'émotions contradictoires qui le submergeaient et risquaient de le faire chavirer. Lùca, quant à lui, acquiesça lentement, reconnaissant la vérité dans les paroles de Sami. Ses yeux s’étaient détournés, perdus dans la contemplation d'un point invisible devant lui, comme cherchant une solution là où il n'y en avait pas encore.

Finalement, Matthew relâcha un long soupir, comme s’il se délestait d’un poids trop lourd à porter. Il brisa le silence, avec une voix plus calme et empreinte de regrets.

— Tu as raison, Sami... Je suis désolé, Lùca. C'est juste que je suis inquiet. Je n'arrive pas à penser clairement depuis qu'elle a disparu, admit-il, le regard baissé.

Lùca répondit d’un hochement de tête entendu, bien que le choc de l'accusation persiste encore en lui.

— Je comprends, Matthew. Hailey compte pour nous tous. Nous devons nous concentrer sur sa sécurité, assura-t-il, déterminé à dépasser ces malentendus.

Ainsi, sous le ciel qui s’assombrissait, l’atmosphère entre eux s’apaisa peu à peu. Ils se recentraient sur une certitude partagée : l'urgence de retrouver Hailey. Ces tensions ne seraient pas leur dernière épreuve, mais elles ne les vaincraient pas non plus. Le temps pressait et chaque seconde écoulée était un rappel de l'importance de l’unité dans leur quête.

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