4 Palais - Groupies
— Salut Abi.
— Mila ! Comment va ? J’ai rencontré un type trop beau !
Mila sourit. Un de plus.
— Ah ! Comment il est ?
— Trop. Beau ! Il bosse j’sais pas trop où, dans la pub je crois. J’ai pas bien compris. Il a une Audi A5 Sport Back noire, dit-elle à la manière d’une groupie de rock star.
— Et tu en es à quelle étape avec lui ?
— Eh bien, on a juste pris un verre vendredi soir après le boulot mais il a mon 06 et il est top !
— Tant mieux, je suis contente pour toi.
— Et toi, quoi de neuf ? Ta maison ?
— Ça avance. Pas assez vite à mon goût mais ça avance. Ils n’ont pas fait de merde, c’est déjà ça.
— C’est quand qu’on te déménage ?
— Dernière semaine de septembre, si tout va bien. Là, ils sont en train de finir l’isolation. Ça devrait le faire.
— Cool !
D’une voix plus calme, Abigaëlle:
— Le boulot, comment ça va ?
— Ça va. Le chantier du Palais est presque fini.
— Tes hommes ne sont pas trop pénibles ?
— Non. Comme des hommes, quoi. Rien de nouveau.
— Bruno t’aide toujours ?
— Oui, il est très patient avec moi. Je lui en fais voir de toutes les couleurs et il revient toujours. Il doit être à moitié femme.
— Oui Mila, comme tous les hommes probablement.
— Oh, j’crois pas, y’en a qu’ont pas pris l’option. Vallone, lui aussi leur parle comme à des enfants.
— C’est qui Vallone ?
— Un nouveau, chef du chantier.
— Et… ? languit Abigaëlle.
— Et rien. Il arrive juste.
— Il est comment ? Raconte !
Mila souffle fort.
— 1 mètre 90, 1.95. Mince.
Un temps.
Abigaëlle :
— C’est tout ? Raconte, que je voie si je largue le mec de la pub pour un gars du bâtiment !
— Tu ne sors même pas encore avec lui ! Qu’est-ce que tu veux savoir ?
— Tout !
Alors Mila commence sa description comme elle le ferait d’un réfrigérateur.
— Grand, mince, sec. Il a des jambes longues, la taille haute aussi et des fesses bien pleines. Sa démarche est chaloupée, avec de grandes foulées.
— C’est quoi sa gueule, ses cheveux, sa bouche ? Elle est comment, sa bouche ?
Mila marque un temps d’arrêt, soupire :
— Cheveux châtain foncé à brun, oui brun, brillants, épais, assez longs, plus de 6 cm. Peau mate avec une barbe plus claire, un peu rousse, qui pousse vite.
Sa voix se fait plus calme, plus faible, comme pour parler à elle-même.
— Yeux clairs, vert, ambre, dorés. Bouche immense, belles dents, assez grandes, pas régulières. Il sourit toujours. Voix grave, pleine, claire. Mains immenses.
Mila se tait.
— Abi ?
— J’vais garder le publicitaire, parce que celui-là il est pour toi !
— Orh ! Arrête tes conneries !
— Mila, tu t’es entendue ? T’as vu comment tu parles de lui ?
Abigaëlle crie.
— T’es raide dingue de sa tronche !
— Qu’est-ce que tu racontes ! Tu m’as demandé à quoi il ressemblait, j’avais pas fait attention avant. Il a fallu que je me rappelle.
— Il est beau non ?
— Oui. Oui il est très beau ! Je vais faire un beau dessin !
— Mila… !
— Non, Abi, arrête ça. De toute façon, il est gay ce type !
— Ah… !
— Et les enfants, comment ça va ?
— Oh bien, Zoé a traité sa petite copine de connasse, je suis convoquée par la maîtresse. Eloi estime qu’il n’y a rien à faire à l’école, alors il fait des découpages. Là aussi, l’instit’ m’a priée de passer. Je ne sais pas si je vais arriver à caser les deux rendez-vous le même soir. Enfin voilà, le train-train quoi.
Abigaëlle poursuit :
— Je vais passer voir mes parents, je peux passer t’embrasser ?
— Euh… oui, quand ça ?
— Le week-end prochain.
— Ok, pas de souci.
— Je t’appelle. Bisous Mila, prends soin de toi.
— Ouais, merci Abi, toi aussi.
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