27 Parc Maillol - N°216

3 minutes de lecture

De : Henri NIEL

Objet : Visite à la maison et détails de la nouvelle.

Date : 10 Octobre 07 :18

À : Edmond VALLONE

 

Bonjour Edmond,

 

Comme je vous l’ai dit au téléphone, avec Émilie nous aimerions vous remercier personnellement à la maison et discuter de la future.

Nous serions disponibles les mercredi 8 ou jeudi 9 nov.

Êtes-vous en mesure de vous libérer sur l’une de ces dates ?

 

Cordialement,

Henri NIEL.

PDG NIEL Investissement SA.

 

De : Edmond VALLONE

Objet : Re : Visite à la maison et détails de la nouvelle.

Date : 10 Octobre 14 :19

À : Henri NIEL

 

Bonjour Monsieur Niel,

Très volontiers, partons sur le jeudi 9 nov.

 

Cordialement,

Edmond VALLONE.

Conducteur de travaux

Ent. Générale ROBERT

 

Edmond se gare. Dix-sept minutes pour trouver une place de parking, c’est quand même pas possible.

Il prend son ticket, attend avec ses nouveaux compagnons, les dix, que le tram arrive. Les portes s’ouvrent, le wagon est plein, il se colle contre la porte. Station Le Parc, il sort et cherche Magnan.

Et là, il la voit tout de suite, elle le regarde aussi, tous les deux sur ce quai sont les seuls à ne pas s’être répandus dans la cité.

— Bonsoir Mademoiselle Magnan !

— Bonsoir Edmond !

Ah, ce soir il est Edmond ! Elle est souriante, son regard est plus franc. Elle doit avoir envisagé qu’il soit là de nouveau, elle a dû s’y préparer. Edmond lui tend la main et Mila lui rend son geste en souriant.

 

Il porte un manteau redingote long et noir, ouvert sur une chemise bleu marine et des bottines grège genre Clarks. L’ensemble est très élégant et parfaitement assorti.

— Vous prenez donc le tramway, dit-elle 

— Oui. J’ai fini par me rendre à l’évidence que la ville où j’ai grandi avait changé et exclut les automobilistes de ses électeurs nécessaires.

Mila sourit.

— Et vous, vous habitez par-là ? dit-il

— Oui.

— Je vous accompagne.

 

Edmond ne lui a pas laissé le choix. Il se met près d’elle en retrait, son bras en berceau sans la toucher et ils marchent ensemble. Leurs pas ne sont pas bien calés, ils sentent la présence de l’autre, leurs regards asservissent leur allure.

Mila n’entre pas dans la boulangerie, elle dit :

— Vous habitez par-là ?

— Du côté de la porte ouest, à Saint-Gatien.

— Ça vous fait une trotte !

— Par le parc c’est très agréable. De toute façon, je préfère marcher plutôt que de me coltiner toute la ligne en tramway blindé.

Mila sourit.

— Oui. Cette ligne est très prisée.

— Vous n’êtes pas tout à fait habillée comme pour les chantiers. Vous ne faites plus de chantiers ?

— Pepito souhaite que je rencontre les clients et que je fasse la conception.

Après un temps, elle dit :

— Il me semble qu’on peut dire la même chose de vous.

— Oui je suis sur les chantiers le matin, au bureau l’après-midi, et le soir dans les bouchons de ma petite ville.

Elle rit.

Elle est très belle quand elle rit.

Ils croisent des gens, l’un passe, l’autre doit ralentir. Ils s’attendent et reprennent, calant leurs pas l’un à l’autre. Les boutiques ont disparu, la station La Rose est dépassée, les portes en bois sculptées et colorées les ont remplacées. Ils ont encore quelques mètres.

Est-ce qu’on pourrait boire un verre, un soir ? Je voudrais vous inviter à boire un verre. C’est quoi le mieux…  

Mais Mila s’arrête au 216, une grande porte rouge grenat clinquante.

— Je vais vous laisser maintenant.

Edmond est surpris mais ne dit rien. L’enceinte de sécurité est atteinte. Magnan ne le laissera pas pénétrer plus avant dans sa vie secrète.

— Bon, eh bien, bonsoir.

— … bonsoir.

Edmond hésite à rester, à la regarder s’enfermer dans son mensonge. Mais Magnan a dû prévoir le coup, car déjà, elle pousse la porte et entre dans une cour intérieure. Edmond reste là, quelques instants, puis traverse en direction du parc.

 

Non il ne vérifiera pas si elle sort dans deux minutes et si elle file comme une voleuse au 224.

Il rentre chez lui.

Il n’a plus envie de fureter.

Il ne sait pas ce qu’elle cache, de quoi elle se protège. Et il s’en fout.

Tout ça est trop compliqué.

Dans tous les cas il est coincé par les bouchons et il lui faut prendre le tramway.

Et là, soit il fait quelques stations dans des rames pas trop bondées et rentre à pied, avec ou sans Magnan. Soit il se farcit toutes les stations, au bas mot sept, et sort devant chez lui.

Il fait froid, le temps est sec. Autant marcher. Il se dit qu’il y a un truc qu’il peut faire le soir, c’est du sport. Sortir à la station Le Parc et aller au club. Avec ou sans Magnan.

Ouais. Demain il prendra son sac.

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