44 Parc Maillol - Normalement
Vendredi 26 Octobre.
Dans un bar branché du centre-ville, mobilier blanc, néons roses et orange. Et Typh Barrow [1].
— Mesdames, qu’est-ce que je vous sers ?
Abigaëlle :
— Margarita ! Et toi ?
Mila :
— Euh… euh… un martini blanc.
— Tu as l’air bouleversé. Je n’aurais pas dû te laisser un mois toute seule !
— Abi, c’est rien. Moi non plus je ne t’ai pas appelée.
— Je t’écoute, qu’est-ce qui se passe ?
— C’est le bordel ! C’est le bordel dans ma tête, le bordel dans ma vie !
Abigaëlle sourit.
— Ce sont des choses qui arrivent.
— Je vois Edmond tous les soirs depuis trois semaines…
— Ben, mon vieux… !
— Non, en fait non, ce n’est pas ce que tu crois ! Je le vois du lundi au jeudi…
Abigaëlle s’est calée dans la banquette. Elle écoute Mila se faire la liste réelle, physique, tangible et manifestée de ses trois dernières semaines.
— … on se rejoint à l’auto parc de l’Ubac, on sort au Parc, et je l’accompagne à son club de sport. Il m’accompagne prendre le pain, on a pris des pâtisseries chez Maysane, on les a mangées dans le parc, sur un banc. Il m’a pris la main quatre fois. J’ai pris la sienne deux fois. Il m’a embrassée sur le front une fois. Sur la tempe en fait. Il m’a pris dans ses bras, pas tout à fait une fois. Il a mis sa main dans mon cou, une fois, dans mes cheveux en fait. Il a mangé du pain avec moi deux fois…
Mila mime les gestes d’Edmond et elle montre les nombres avec ses doigts.
— … il s’est moqué de moi je ne sais pas combien de fois. Il m’a dit que j’étais belle je ne sais pas combien de fois. Il me regarde et j’ai envie de me terrer dans un trou. Je lui ai menti sur mon adresse, et mercredi…
Mila bouge ses doigts pour dire « celui-là ».
— … je lui ai dit où j’habitais. Je lui ai même demandé de m’appeler Mila et je lui ai dit pour Blanche. Il me pose des questions que je ne comprends pas. Il veut que j’aie confiance en lui. Il m’a demandé quand je comptais signer les plans avec mon nom. Il m’a même trouvé du boulot ! Putain, Abi, je ne sais plus où j’habite. Hier soir, il a croisé son ex. Elle avait un bébé sur le ventre. Abi, il était malheureux comme une pierre ! Il continue à suivre le chantier chez moi. Le mec qu’il a choisi, c’est une pâte, on ne peut pas dire autre chose…
Abigaëlle la laisse dégonfler, « pschiiiit ».
— Il m’a raconté sa période à Amsterdam. Il m’a dit qu’il comptait repartir, qu’il était un peu inquiet. Il sait que j’ai fait de la danse, il a trouvé tout seul… !
Mila pleure maintenant.
— Putain il est sociable, agréable, généreux, il sourit tout le temps, je ferais n’importe quoi quand il me regarde. Abigaëlle, je suis en train de perdre tous mes moyens. Je deviens complètement tarée. Je n’ai plus envie de bosser chez moi. Je suis retournée chez l’Asthmatique, je m’achète des fringues. Je commence quelque chose, je l’arrête, je l’oublie. C’est affreux, des fois même, je me trouve belle. Tu te rends compte ? Je me coiffe, je réfléchis à mettre du parfum tous les jours. Je nettoie mes godasses. J’ai même jeté certaines de mes culottes. Et aujourd’hui j’ai pris rendez-vous chez l’esthéticienne. Est-ce que tu imagines ?
Abigaëlle pleure aussi.
— Il a remarqué que j’avais gardé mes boucles d’oreilles. C’est là qu’il a mis la main dans mon cou.
Mila met sa main dans son cou et enroule sa tête autour.
— Il fait du golf, il est quinze ! Putain, fait chier, c’est la grosse merde… ! Je lui ai dit que j’étais perdue, que je ne comprenais rien, que quand il était là, tout changeait pour moi. Faut pas être con quand même ! J’ai même pas eu peur, c’est sorti tout seul. Ça fait une journée que je ne l’ai pas vu et je n’arrive plus à bosser, je n’ai pas faim, je ne veux plus rester toute seule dans cette putain de grosse baraque. Y’a trop de travail pour moi toute seule. Je pense à lui tout le temps…
Abigaëlle sourit doucement.
— Je sais ce que tu vas dire. Que je suis amoureuse. Putain !
Abigaëlle :
— Non, j’en sais rien. Tu sais, je crois que l’amour ça se bâtit, l’attachement ça demande du temps. Là, ce que tu ressens, c’est du désir. Simplement du désir.
— Je ne peux pas. Je vais encore me ramasser. Ou plutôt, c’est toi qui va me ramasser.
Mila soupire en regardant Abigaëlle, elle dit :
— Il est différent. Oui c’est vrai. Lui, oui. Moi, non. Je suis toujours pareille.
— Tu ne peux pas dire ça, Mila.
— C’est la vérité ! Autant que reconnaître que de son côté aussi, il y a quelque chose. Mais je n’y arriverai pas ! Aucune chance ! Je pars de trop loin. Et puis il mérite mieux. T’aurais vu son ex ! Je n’ai rien à voir avec elle ! Je vais l’abîmer. Pour quoi faire ?
— Mila, faut pas raisonner comme ça.
Mila pleure tout à fait.
— Mila, tu n’abîmes personne. Tu t’abîmes toi. Mais toi, oui c’est vrai, tu t’abîmes. Vincent, Sébastien ? Ce sont eux que tu aurais abîmés. Ils se sont tirés, c’est tout et c’est pas de ta faute. Vincent, c’était un minot [2], et Sébastien apparemment aussi. Tu sais les hommes, avant trente ans, c’est des gosses ! Qui crois-tu avoir abîmé ?
— Toi !
— Moi ? Mais je ne suis pas abîmée ! Je t’aime comme ma meilleure copine, et si tu m’emmerdes, je te le fais savoir. Je ne suis pas fragile. Tu ne m’abîmes pas ! Et pourquoi dis-tu que tu pars de trop loin ? Mila, il faut que tu m’aides à t’aider. Je ne peux pas te laisser comme ça.
— Je suis incapable d’aimer quelqu’un normalement.
— C’est quoi « normalement » ?
— Sans lui faire de mal.
— Je crois qu’il faut surtout que tu penses à te faire du bien à toi plutôt que de craindre de faire du mal aux autres ! Maintenant tu sais qu’il y a des choses que tu aimes faire. Tous tes trucs, ça c’est formidable ! Avant tu n’avais pas tout ça !
— Oh, Abi, j’ai tellement peur de me fracasser à nouveau.
— Tu ne crois pas en dieu, n’empêche ! Y’a un truc, quelque part, qui veut que tu sois là, que je sois là, et qu’Edmond soit là. Ce même truc, il a mis Pepito, Vincent et tout le reste sur la route. C’est ta mission. Tu dois te relever et faire avec tout ça. Et tu y arriveras !
Abigaëlle commande un martini et un perrier fraise.
— Edmond m’a peut-être trouvé un client, monsieur Niel. Pour une grande maison à Marzal. Il faudrait que j’y aille avec lui. Ça m’inquiète beaucoup.
— Qu’est-ce qui t’inquiète ? T’as des préservatifs ?
— T’es con Abi !
— Je connais monsieur Niel. C’est le patron de l’hôtel du Golf. Je ne sais pas s’il n’a pas le golf aussi. Qu’est-ce que c’est qui t’inquiète ?
— Je vais retravailler avec Edmond, et j’ai peur qu’il me regarde...
— Qu’il te regarde ? Qu’est-ce que ça veut dire ? C’est lui qui te l’a proposé, non ? Fais-lui confiance ! Allez, bois un coup ! Je te ramène.
Abigaëlle sait que Mila n’entend pas ce qu’on lui dit. Elle écoute, elle entend, elle comprend aussi, mais tout s’évapore ensuite.
— Mila, tu sais choisir les gens autour de toi. Regarde Pepito. Regarde le gars du chantier ! Il s’appelle comment déjà ?
— Bruno.
— Bruno. Il y a le maraîcher aussi.
— Claude.
— Claude. Ces gens-là, tu les as rencontrés par hasard et, par choix, tu les as gardés ! Hein ? Donc tu as cette capacité de reconnaître et de conserver des liens avec des gens. Edmond est sur cette liste aussi. Regarde-le, écoute-le, et si tu sens que c’est un bon gars, eh ben entretiens la relation avec lui. Je ne sais pas comment il est ce type, moi, fais-toi confiance, ressens les choses, donne-toi le temps de ressentir. Ne réagis pas par peur tout de suite. C’est ce que tu fais là depuis un mois, alors continue !
— Le problème c’est que toute ma vie est chamboulée, je n’ai plus de repère.
— Mila, regarde bien, des repères tu en as. Tes repères, c’est ce que tu aimes faire. Je n’ai pas besoin de savoir ce que tu aimes faire. Edmond non plus. Ce que tu aimes bricoler, tous tes trucs dans ta cabane, tes boîtes, tes dessins. Je sais que tu n’aimes pas en parler. Mais reviens vers eux quand tu doutes. C’est ton ancrage. Ne balance pas tout chaque fois que des choses pas essentielles sont remises en question. Garde bien ton boulot, sois raisonnable là-dessus, parce qu’il faut que tu bouffes ! Mais pour le reste, regarde ce qui est essentiel pour toi. Est-ce que garder tes culottes pourries c’est essentiel ? Est-ce que différer un peu l’avancement de ta maison c’est essentiel ? Est-ce que t’acheter des soutifs qui te maintiennent bien, c’est franchir une ligne blanche quelconque ? Si ce n’est reculer la date où t’auras des seins en gants de toilette. Sans compter que c’est moins douloureux ! Enfin j’imagine, parce que moi, je n’ai pas de seins ! Les poils. Bon, les poils après tout, c’est tendance de ne plus s’épiler ! Angelina Jolie, elle ne s’épile plus. Y’a tout un tas de nanas qui se sont épilées le maillot en intégral parce que c’est sexy à en tomber. Sauf qu’à la repousse c’est un supplice. Ça gratte, ça fait des boutons partout. Et puis se faire épiler comme ça, ça dure deux heures et c’est super douloureux, en plus d’être supra inconfortable. Trouve ton style ! Invente ! Tu sais faire, ça ! Personne n’est normal. On a tous des côtés très classiques, nominaux et des côtés bizarres. Trouve les tiens. N’essaie pas de passer de la nana androgyne ours à la nana normale. Elle n’existe pas, la nana normale. Tu vas te perdre à la chercher. Sois toi, t’es une nana c’est sûr. Fais-toi confiance ! Et n’aie pas peur quand tu te mets à avoir envie de trucs étiquetés « Fille ». Avoir des attitudes et certains désirs de fille ne fait pas de toi une poupée dépendante, idiote et perdue !
— Le problème, c’est son physique.
— C’est-à-dire ?
— Je suis perdue quand je sens sa présence...
Mila ferme les yeux.
— Quand j’entends sa voix, quand je vois ses mains, quand il me touche…
Elle ouvre les yeux et secoue la tête, médusée.
Abigaëlle :
— Qu’est-ce que ça veut dire que t’es « perdue » ?
— Eh ben, je ferais n’importe quoi ! Je vendrais ma maison, j’arrêterais de travailler, je me mettrais à faire son ménage attendant qu’il rentre le soir…
— Ben, ouais. Ben, tu es un peu en manque d’homme ! Écoute. En fait vous n’allez pas très vite. Je sais que ça va te choquer mais c’est vrai. Il y a beaucoup d’éléments nouveaux dans ce que tu vis, mais c’est surtout du désir. C’est ça qui te brûle de l’intérieur. Tous ces rendez-vous que vous avez tous les deux, c’est à peine du flirt d’adolescent. Est-ce que tu t’en rends compte ? Écoute, tout cela n’est pas très grave, il faut juste que tu ne vendes pas ta maison, et j’appellerai Pepito tous les trois jours pour vérifier que tu bosses toujours !
Abigaëlle sourit, elle poursuit :
— Pour le reste, laisse venir. Tu n’as pas le choix, et ça tombe assez bien…!
Abigaëlle sourit, essaie de donner de l’énergie à Mila, de l’insouciance, mais Mila est atone.
— Mila, faut pas craindre tant de souffrir… Écoute… on se connaît depuis longtemps maintenant, je ne te jugerai pas, je...
— J’ai pas peur que tu me juges… !
— Alors, explique-moi, j’ai besoin de savoir ce qui s’est passé !
— Mais il ne s’est rien passé !
— Mila, il y a quatre ans…
— C’était rien, j’en ai fait tout un plat, comme d’habitude.
— Tu ne peux pas dire ça.
— Mais si ! J’ai mal géré, je me suis rendue malade toute seule. Je fais ça tout le temps. Championne de l’auto-flagellation !
— Mila, c’est faux.
— C’est parfaitement exact ! Je suis sans arrêt en train de me plaindre, de m’attendrir sur ma petite personne merdique.
— Mila, tu dis rien ! Jamais. Je ne sais rien de toi… tout ce que je sais c’est sur ta famille !
— Tu vois !
— Je vois quoi ? Y a quoi à voir Mila ? Bon sang. Mais tu vas continuer longtemps à jouer le mystère… ?
Mila a baissé sa tête, les yeux noirs de colère.
— Je ne joue pas le mystère ! Je n’ai jamais joué le mystère… !
Elle se lève, perd l’équilibre et pose sa main sur la table. Agressive, elle se penche vers Abigaëlle.
— Je n’ai besoin de personne, Abi ! Personne ! Même pas de toi ! Surtout pour écouter des salades pareilles ! Je ne joue pas le mystère. Jamais. Je n’ai jamais cherché à jouer le mystère...
Abigaëlle l’attrape fermement au poignet.
— Mila, excuse-moi ! Je m’excuse ! Je voudrais comprendre !
— Mais tu voudrais comprendre quoi ? Qu’est-ce qu’il y a tant à comprendre ?
— Ce que tu crains comme ça !
— Ce que je crains ? Mais je crains de m’attacher à lui…
Tous les gens dans le bar les regardent, Abigaëlle tire le bras de Mila pour qu’elle se rasseye.
— … je crains d’avoir besoin de lui, un besoin que c’est de survie dont on parle, un besoin… un besoin… de lui, de l’avoir toujours là, près de moi, de toujours pouvoir le toucher, lui parler. Un besoin qui me dit que lui il comprendra tout, sans que je dise, qu’il me dira que je suis quelqu’un de bien, d’intéressant, de généreux et d’équilibré ! Que je suis jolie ! Voilà. J’ai peur de ça, de me mettre à attendre de lui qu’il me sauve… de moi-même… ! Tu veux savoir ? J’ai peur parce qu’une fois que je lui aurai mis le grappin dessus je vais m’attacher, me lier à lui comme tu dis. Me lier que si je me délie je meurs ! Voilà ! C’est plus clair maintenant ? Je veux qu’il m’aime parce que personne ne l’a fait avant lui et que j’en ai besoin pour… juste pour… juste pour… pour être sûre que j’existe. Voilà ! Ça te va ? Tu comprends mieux comme ça ? Je ne veux pas m’attacher à lui, parce que s’il ne s’attache pas à moi, alors pour moi ce sera la fin… Et je sais qu’aimer comme ça c’est pas aimer, c’est vampiriser ou j’sais pas quoi… C’est pour ça que je sais que j’aime pas, moi, je fais souffrir. Je tue ! Tu l’as dit toi-même à l’inauguration. Je fais souffrir tous ceux qui sont assez cons pour rester près de moi. Et lui si je l’aime je vais lui faire du mal donc faut pas que je l’approche ! CQFD [3].
— L’amour, Mila, c’est pas si sérieux. Et puis ça commence juste par baiser avec le type…
— Je sais ça, tu me l’as dit j’sais pas combien de fois, mais c’est pour l’après…
— Ben l’après, c’est simple aussi, faut juste que tu arrives à mettre cette peur de côté.
— Mais tu veux que je la mette de côté comment … ? HEIN ?
— Je ne sais pas Mila…
— Abi, tout ce que je fais, je le fais mal. Tout ce que ce je touche, je le casse. Je brise tout, j’abîme.
— C’est pas vrai Mila, personne n’est abîmé.
Mila secoue la tête.
— Abi…
— Mila, je voudrais que tu aies confiance en moi.
— Mais J’AI confiance en toi !
— Alors dis-moi ce qui s’est passé ?
Mila se tait. Les larmes reviennent, ses lèvres tanguent, elle les mord, les fait taire.
— Mais il ne s’est rien passé… ! Rien du tout...
— Pourquoi Mila, pourquoi tu ne veux pas me raconter ? C’est si grave que ça ?
Mila secoue la tête.
— Y a rien à raconter, Abi. Rien. Et encore moins que rien... Pourquoi tu ne me crois pas ? C’est si improbable que ça ?
— Pourquoi tu es malheureuse comme ça ? Quand on vivait ensemble tu étais malheureuse…
— Mais parce que je suis une emmerdeuse !
— Mila…
— Je n’ai aucun passé monstrueux, abominable ! Rien de notoire, de notable. Elle ricane, cynique. Rien. Une famille normale, le terrorisme nominal d’une famille ordinaire ! Rien. Il ne s’est rien passé !
Sa bouche se déforme sous l’émotion.
— Il ne s’est rien passé. Je n’ai aucune raison d’être mal. Aucune. Je n’ai jamais eu aucune raison. On m’a tellement expliqué que j’avais aucune raison d’être chiante comme ça…
— Mila… on n’en a jamais parlé… avec les garçons… chaque fois…
Mila se met en colère à nouveau.
— T’es partie où Abi… ?
— Mila…
— Faut que tu me crois, putain ! Y a rien à savoir. Rien, j’ai rien à raconter. Je n’ai aucun passé coupable, comment tu dis ? responsable de ce que je suis aujourd’hui, de l’inadaptée personne que je suis aujourd’hui. La tarée, la désaxée. Misfit ?, c’est moi [4], je suis comme ça et c’est tout !
— Non Mila…
— Faut juste que je fasse du mal à plus personne…
— ARRETE ! TU FAIS DU MAL À PERSONNE MILA. Tu n’as jamais fait de mal à personne. Écoute ce que je te dis !
Mila secoue la tête, refuse de l’entendre, elle pleure, effondrée.
— Abi… Tout ce que je touche…
— Non Mila, c’est pas vrai. Les choses changent Mila. Tu changes !...
Abigaëlle a pris Mila dans ses bras, elle pleure. Elle la berce comme un enfant plein de chagrin perdu dans le corps d’une jeune femme de vingt-sept ans.
Mila :
— Tu vois j’suis toujours en train de me lamenter, de faire ma « Cosette [5]» comme elle disait ma mère.
— C’est pas vrai Mila, tu ne t’épanches pas, jamais. Tu n’es pas quelqu’un qui se plaint. Au contraire…
Mila ricane, elle dit :
— Tu parles d’une soirée. On serait mieux au refuge du Pic de L’Ourse à regarder le soleil se lever.
— Je n’ai jamais pu me lever, moi ! Et je suis contente d’être là pour toi.
— J’ai toujours été une fouille-merde. À pleurnicher tout le temps.
— Mila, ça va bien se passer. Je suis sûre que tout va bien se passer… ! Il faut que tu me crois. Ça va bien se passer…
Mila explose alors en énormes sanglots. Des déferlantes du fond des âges, les siens, de ses vies à elle, anciennes, lointaines, classées.[1] Typh Barrow est une chanteuse, auteur, compositrice et pianiste belge. Son style est un mélange de musique pop et soul avec des accents jazz et blues. https://www.youtube.com/user/typhenemusic
[2] Enfant.
[3] Ce Qu’il Fallait Démontrer. S’utilise à la fin d’une démonstration scientifique, lorsqu’on arrive au résultat attendu.
[4] En référence au drame Les Désaxés (The Misfits) de 1961, dernier film avec Clark Gable et Marylin Monroe avant leur décès brutal à tous les deux. https://ninerouve.wordpress.com/la-maison/le-monde/les-elements/#misfits
[5] En référence au personnage de la petite fille des Misérables de Victor Hugo.
Annotations
Versions