63 Brocéliande - Chut !
Mila retourne dans sa chambre.
Elle se déshabille, range ses vêtements sur les cintres dans l’entrée, et rebrosse ses cheveux sans regard pour le miroir. Dehors, les éclairages resteront allumés toute la nuit, inutile d’éclairer la salle de bains. Elle se glisse dans le grand lit, attrape l’oreiller avec l’odeur d’Edmond et ferme les yeux.
Elle essaie.
Putain de merde !
Elle passe par la salle de bains et sort.
— « Toc toc ».
Elle tape doucement et attend.
Cinq secondes.
Dix secondes.
Elle hésite à partir, retourner dans sa chambre toute seule, quitter cet étage d’hôtel où il n’y a qu’Edmond et elle dans deux chambres distantes de trente mètres.
Elle tape à nouveau, pas plus fort. Il n’a pas dormi, lui, ce soir. Il s’est levé comme elle, certainement à six heures ce matin. Il est quoi, onze heures, onze heures et demi. C’est l’horaire des mails qu’ils ont échangés une fois. Avec un peu de chance, il ne dort pas encore.
Elle attend encore. Hésite plus que jamais.
La poignée à bouton se tourne, Edmond en boxer ouvre, souriant légèrement, arrogant presque, satisfait dans tous les cas.
Il s’écarte et laisse entrer Mila, fébrile, pieds nus en peignoir blanc.
Les slows tournent depuis le PC et la petite enceinte, aucune lumière n’est allumée, le rideau de la fenêtre n’est pas tiré.
— Tu savais que j’allais venir ? demande-t-elle surprise.
— Je l’espérais.
Dans l’entrée de la chambre, Edmond est calme, sa respiration régulière. Il contrôle la situation.
Son corps est loin mais il sait ce qu’il veut, les yeux grands ouverts, il dirige.
Pleins de mains, de bras, de corps, ses lèvres et ses baisers suffisent à nourrir une Mila incandescente de désir pour lui.
Edmond sait cela.
Il sait le déluge exquis qui l’envahit, la chaleur qu’il attise dans son corps à elle.
Il sait sa respiration qui se dérègle, les frissons qui déferlent sur sa peau. Il sait les plaintes qu’elle tait.
Mais pour Mila, c’est cela et plus encore.
Elle brûle.
Ses jambes flagellent. Une blessure s’installe au creux de son ventre. Elle tremble.
Elle pose ses mains sur le haut de ses bras et la machine à réfléchir explose.
« Boom ».
Elle se jette sur lui, s’accroche à son visage. Sur la pointe des pieds, vibrante d’ondes aigües, elle le mange.
Alors Edmond la prend dans ses bras, et l’emmène plus loin, dans la chambre. Il la dépose près du lit, détache une à une ses mains de son visage. Il lui donne une attitude, un cadre, comme une Barbie. Puis il l’enlace et l’embrasse doucement. Et quand elle respire de nouveau, il défait lentement le nœud de la ceinture de son peignoir. Comme ça, doucement, ne pas la provoquer, juste accompagner les baisers dont il la couve.
La ceinture tombe, les pans du peignoir s’ouvrent mais Mila les referme aussitôt.
Il saisit alors sa gorge dans ses mains chaudes et immenses, il appuie un peu sous son menton et Mila redresse sa tête. Il pose son front sur le sien et ses mains glissent dans ses cheveux. Il l’embrasse longtemps.
Mila offre son visage à la lame de ses baisers. Elle expire bruyamment et les pans du peignoir s’ouvrent sur ses sous-vêtements ciselés de dentelle blanche.
Edmond dessine les courbes de la forme dévoilée et la chair rebondie de son sein.
Alors un souffle arrache Mila de la Terre. Comme la première fois. Une cheminée telluro-cosmique. Elle s’accroche à lui, elle le palpe, elle appelle l’homme faune en lui.
Mais Edmond à nouveau s’éloigne. Il fait glisser le peignoir de ses épaules qui tombe, lourd, à leurs pieds.
Et dans le noir, ses pouces grisent le bout de ses seins.
Mila s’écarte de lui en furie.
— Non ! Non ! Arrête, je vais venir trop vite, je veux que tu viennes, toi… !
— Quoi ?? Qu’est-ce que tu dis ?
— Je veux que tu viennes, toi ! Que tu jouisses, toi ! Il ne faut pas que je jouisse, moi !
— Quoi ? Mais non ! Je viendrai de toute façon ! Laisse-moi te caresser....
Il se recule à son tour, sa voix est cassée.
— Tu n’aimes pas… ?
— Hein ?
— Tu ne veux pas de mes caresses ?
— Mais non ! Bien sûr que non Edmond ! Je décolle tellement…
Mila s’agrippe à ses cheveux, tire dessus, elle gémit, le mord.
Edmond :
— Viens !
Il s’assoit sur le bord du lit et tire Mila entre ses jambes.
Ses mains empoignent le disque de sa taille, il ferme les yeux et baise la chair bombée qui émerge du bonnet de son soutien-gorge.
Mila se tortille dans tous les sens, ne sachant comment faire face à ce délire qui s’invite dans son corps. Elle enroule ses bras autour de sa tête, cherche ses lèvres pour se cacher, pour se nourrir.
Edmond passe ses doigts sous les bretelles de son soutien-gorge et les fait glisser le long de ses épaules. Mila frissonne, le duvet de sa peau se hérisse. Il sent les petites vagues de sa poitrine repousser ses doigts quand elle respire. Elle gémit par le nez, par la gorge, un son, une sensation. Elle vibre comme une harpe, ses mains dans ses cheveux, toute cambrée pour se faire dévorer.
Il l’embrasse, sa langue trempe sa peau, ses lèvres la caressent. Il défait les agrafes dans son dos et retire les lanières de ses bras. Le linge cède, tombe sur ses genoux, libérant ses globes ronds et leurs aréoles toutes fripées. Mila enserre sa poitrine et Edmond dépose la guirlande de rubans blanche et délicate à côté de lui.
Il pose ses mains sur elle et Mila se laisse emporter. Saturée par ses sens, plus que jamais amarrée à son visage, elle l’appelle, le serre encore. Qu’il ne bouge plus. Qu’il ne la touche plus.
Mais Edmond continue. Inexorablement. Ses mains remontent vers ses seins et il les saisit lentement par le dessous.
Les prenant, les pesant, les pressant. Sa peau fraîche, gonflée, moelleuse. Il expire en une plainte caverneuse. Il baise sa gorge, se frotte contre, il repousse à nouveau l’étreinte de Mila, et se perd dans sa poitrine. Il expire fort. Ses mains se déploient sur ses courbes et il se bâfre de sa chair.
Edmond est tendu, d’une pression sourde et accumulée qui doit s’échapper. Il ne parvient pas à se centrer sur lui-même, il est tourné vers elle. Il se régale de son hystérie, il s’en nourrit, et cela le libère.
Mais ce sein...
Il saisit son visage à pleines mains et l’embrasse. Durement. Le visage crispé, les mains crispées, la respiration courte.
Il grogne à son tour, des accords sourds. Tremble à son tour. Et leurs baisers ne font qu’empirer les choses. Alors il s’éloigne, ferme les yeux, pose son front sur le sien, l’embrasse calmement de nouveau. De loin. Juste des lèvres. Un peu de peau. Comme le refrain d’une chanson, retrouver un rythme, des habitudes.
Mais Mila ne connaît pas cette chanson-là. Elle glisse ses doigts sous l’élastique de son boxer et se met à le caresser fort.
Alors Edmond flanche. Le désir s’est immiscé en lui tellement sans faire de bruit que soudain il est débordé. Il vole sa bouche, attrape sa culotte et la retire de ses jambes. Mila s’agrippe à lui, en pleine confusion. L’encourager, l’en empêcher ! Il la prend dans ses bras et se laisse tomber avec elle sur le lit.
Il s’allonge sur elle et de tout son corps, il l’immobilise. Il pose ses mains de chaque côté de son visage. Il souffle, se calme. Il la regarde, l’embrasse doucement, d’un collier de perles nacrées du bout de ses lèvres, et du bout de sa langue.
Il murmure :
— Chut !
Il attend que la respiration de Mila se régule, que son corps se détende. Puis il roule sur le côté et pose ses doigts sur son genou. Et il remonte.
Il sourit, il dit :
— J’ai besoin de vérifier que tu es bien vivante. Et j’évalue certaines de tes capacités...
Mila éteint un cri et se recroqueville par réflexe. Elle se tortille, se redresse, elle empoigne les bras d’Edmond, mais il la repousse sur le dos. Sa main en haut de sa cuisse, il remonte jusqu’au delta inondé d’entre ses jambes. Les gémissements de Mila sont assourdis par l’oreiller qu’elle a plaqué sur son visage.
— Ohhh ! Princesse ! Pourquoi voulais-tu me priver de ça !
Son doigt bouge, caresse, glisse sur ses muqueuses détrempées. Il chuchote d’une voix sombre :
— Et voici le starter de la Bugatti !
Il assiste fasciné au ballet de ce corps qui se livre.
Et puis sa main redescend. Un peu plus loin. Un peu plus bas. Mila a ouvert ses jambes de danseuse et déjà elle se cabre. Il baisse la tête et appuie son front contre sa gorge, débordé lui aussi par ce supplice silencieux.
Il respire comme un athlète qui cherche de l’oxygène. Sa main s’est aventurée un peu plus et Mila s’est agrippée à l’oreiller. Il souffle et le sein se met à rouler contre son visage. L’aréole s’est racornie, elle s’est érigée, elle appelle ses baisers.
Et puis l’oreiller a valsé.
Mila serre ses jambes sur Edmond, et doucement le repousse.
Elle murmure :
— Je suis désolée. Je ne voulais pas.
— Pourquoi ? Me priver d’un orgasme comme ça, c’est interdit !
Edmond soupire, s’allonge sur le dos. Il s’étire dans une profonde expiration.
— Je t’ai bien sauvée !
La musique s’est arrêtée.
Mila a quitté le lit pour la salle de bains. La pièce s’éclaire, l’eau coule. Elle revient et frotte la main visqueuse d’Edmond avec une serviette chaude et humide. Elle disparaît de nouveau et Edmond sent les mains chaudes de Mila, lentement, écarter ses jambes.
Il rabat ses poignets au-dessus de sa tête, ferme ses yeux.
Mila le baise à son tour. Elle fait courir sa langue, le lèche. Les odeurs animales d’Edmond chatouillent ses narines. Elle s’enroule autour de lui.
La respiration d’Edmond tinte comme un carillon clair. Elle le lèche dessous, là, tranquillement, bien partout. Toutes ses chairs dans sa bouche, elle les enrobe.
Edmond a glissé ses mains dans les cheveux de Mila, perdant ses doigts.
Elle soupire, sent Edmond avec elle et s’inonde de nouveau. Elle l’embrasse juste là, sur le haut de la cuisse. Un peu, des baisers de plume, chastes.
Et puis, petit à petit, et continûment, des baisers plus suaves, plus fiévreux.
Sa langue chemine sur la hampe et Edmond gémit, des modulations mates. Il la regarde. Tire ses cheveux, et ses cheveux caressent son ventre.
Les minutes accompagnent la caresse de Mila pour Edmond.
Edmond se fige, repousse Mila, rugit, mais elle continue.
Le lait s’échappe par à-coups, Edmond gronde.
— Arrête… ! Arrête !
Il rit, la repousse et reste là, crispé quelques secondes.
Mila est partie et l’eau de la salle de bains coule de nouveau.
Edmond sent l’éponge chaude et humide sur le bas de son ventre, la couette qui bouge et Mila qui se glisse dessous. Il attrape un oreiller, le met sous sa tête, il attrape Mila, la met contre ses cuisses, et son souffle dans ses cheveux, il s’endort.
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