A côté de la rivière, sur son flanc élancé
Une fois, mon père m'a enchaîné,
M'a enchaîné à l'arbre juste à côté,
A côté de la rivière, sur son flanc élancé,
Et lancée, balancée, au rythme des flots montants,
Tantôt là, tantôt en bas,
En bas, là où je serai protégée,
Protégée des périples de la vie, des foudres du ciel, des tremblements de terre,
De terre ? plutôt de colère,
Colère de mon père, colère amère,
Mère, chère mère, de là où tu es, me vois-tu ?
Me vois-tu là où je suis, décédée à présent tel que toi,
Toi qui m'aimait, il n'y a pas si longtemps,
Longtemps tu m'as protégé, longtemps tu m'as supportée,
Supportée lorsque mes jambes m'ont lâché, et qu'handicapée je t'ai encombré,
Encombré les bras, encombré le coeur,
Le coeur, ce coeur, le seul qui n'ait jamais battu pour moi,
Moi, j'aurais donné mon coeur pour toi,
Pour toi, oui, qui a succombé aux mains de mon père,
Mon père qui, a présent, m'a enchaîné,
Enchaîné à côté de la rivière, sur son flanc élancé,
Et lancée, balancée, je m'évanouis là où toi aussi,
Toi aussi, tu as péris.
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