Alors c’est maintenant qu’il faut écrire ?

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Mais… écrire quoi ?

Je n’en sais rien. C’est dingue mais je n’en sais rien… ou je ne le sais que trop bien. Elles sont là prêtes à jaillir sur le papier… elles sont toutes là : la peur, cette peur si oppressante et froide, la tristesse, … sans visage, elle se promène sur moi et me décoche de minuscules décharges électriques… cette gène imperceptible… sans douleur réelle… perfide, lâche et présente, quoi qu’il arrive, présente. Il y a aussi la colère, inlassablement elle me balance d’avant en arrière, inépuisable, écarlate et souriante. Qui d’autre encore ? La culpabilité, elle aussi est là sans que je puisse savoir pourquoi … peut-elle entrer comme ça chez les gens sans raison officielle ? Certainement pas ! Alors que fait-elle là ?

Je sais. Non c’est important, je sais. Je sais vraiment. Je sais le passé, le présent, l’instinct, le vent qui m’explique doucement quel est le chemin à prendre. Je sais, sans doute possible où est la voie et cette certitude est infernale. Je tourne une à une les pages d’un livre déjà écrit, lu, connu sans en connaître la fin, sans en connaître l’auteur.

Voilà comment nous en arrivons ici… et à la seule chose que je gouverne : ma propre corruption… mon seul pouvoir … provoquer, me torturer par curiosité… pour voir comment page suivante l’histoire va s’adapter, se transformer, me sauver.

Longtemps, j’ai espéré que l’ultime détresse ne saurait prendre racine en moi. Longtemps, j’ai méprisé leur faiblesse.

Elle est maintenant maîtresse de tout. Elle vit. Plus rien n’est désormais capable de la surpasser. Elle règne. Elle m’obsède, me conduit. Elle règne, oui. Je la vois. Ses yeux dans les miens… ses yeux sont les miens. Ces deux inconnus sont les miens.

Imaginez que chaque geste réfléchi soit détourné. Imaginez que chaque choix intelligent soit perverti… comment ?

Elle règne. Je la vois. Je peux la nommer, la décrire : incendiaire, irrépressible, imbattable, superbe… Je peux la sentir. Je peux la haïr. Je peux la vivre. Je peux l’aimer. Je ne peux lui échapper.

Comment expliquer que ce geste soit conscient ? Comment expliquer que l’on puisse accepter si promptement la mutilation volontaire ? Elle règne.

Emmène, moi ma pauvre peine. Quand la main qui me punit est la mienne, plus rien ni personne ne saurait me sauver. Quand la main qui me punit est la mienne, je ne saurais que faire de la tienne.

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