Le tournant à mi-parcours
La route est semée d’embûches. Mais, ça y est, la troisième marche est montée… Pour être franche, ce fut dur de chez dur. Je suis à peine arrivée que je me suis allongée sur le lit. Mes larmes se sont mises à couler. Rien qu’à l’idée de savoir que cela allait encore durer trois heures, mes émotions reprenaient le dessus.
Cette séance m’a paru une éternité. Au fond, je crois que, malheureusement, plus on avance dans les chimio, plus le corps se sent fatigué, et surtout que le psychique se fait marteler de coups. Mais bon, parfois, je me dis que je me rends malade avant la séance. En ayant discuté avec quelques personnes qui étaient passées par là, j’ai finalement compris qu’ils avaient ressenti et vécu les mêmes choses que moi.
Après trois traitements au FEC 100 (nom attribué à ce programme personnalisé de soins – je parle comme un docteur-), j'ai entamé, selon le protocole, ce matin la première rencontre avec le TAXOTERE. Encore un nom à faire peur. Quelle différence me direz-vous? Eh bien, il est censé stopper les nausées et ça, c’est une bonne nouvelle. Bien sûr, tout traitement a ses petits inconvénients.
Au sortir d’une séance de chimiothérapie, je peux vous assurer que vous êtes totalement hors service. Pour résumer ma journée, j’ai dormi, me suis levée pour pas grand-chose, puis je me suis recouchée à vingt heures. Le matin suivant fut meilleur. Ouf ! Je souffle déjà. Mais, je ne m’avance pas trop. La fatigue revient souvent à la charge quelques jours plus tard.
S’il y a une personne que je bénis chaque jour, c’est bien ma petite maman d’amour. Elle est là, près de moi, à chaque séance. Elle me soutient, sèche mes larmes et me tient fermement la main dans ce combat. Il n’y a rien de pire pour une mère que de voir son enfant passer par ces douloureux moments.
Si, aujourd’hui je suis une battante, c’est que je l’ai hérité d’elle. Il faut croire que la foudre frappe deux fois dans la même famille. Car oui, elle aussi est malheureusement passée par cette épreuve délicate pour une femme. Cela remonte à quatre années plus tôt. Aussi loin que je puisse m’en souvenir, elle n’a jamais baissé les bras. Elle me donne force et courage. Je suis fière d’être sa fille. Elle est ma référence. Si j’ai cette rage de vaincre, ce goût de réussir et d’atteindre mes objectifs, c’est parce que j’ai vu ma mère se battre aussi. Nous sommes devenues des guerrières.
Allez ! Vite ! Que la quatrième séance arrive, qu’on lui remette une raclée à ce « crabus »… Chaque étape résonne comme une victoire de plus.
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