Préambule
— Il n’y a pas une autre solution ?
Je supplie le vétérinaire en regardant le poney bai allongé dans la paille, incapable de se relever.
— Je suis désolé chérie.
Mon père répond en serrant affectueusement mon épaule.
— Il est trop tard pour lui. Même une opération ne pourrait pas le sauver ma chérie, il est trop vieux et pourrait mourir sur la table. Il faut abréger ses souffrances, je sais que c’est difficile et crois moi, je partage ta peine. Vaillant un brave poney, on ne l’oubliera pas, je te le promets. Il faut que tu fasses ce qui est le mieux pour lui.
— Je ne peux pas le laisser souffrir mais je ne veux pas le voir partir.
Les larmes coulent sur mes joues comme des torrents, j’ai l’impression que ça ne s’arrêtera plus. Je lâche le bras de mon père pour venir m’installer près de la tête de Vaillant.
Il porte si bien son nom…
Je lui parle, murmurant des paroles que lui seul comprend.
— Je ne t’oublierai jamais mon poney.
Je souffle en lui embrassant le chanfrein avec tout l’amour que je peux lui porter.
— Vous avez pris votre décision ?
Demande le vétérinaire.
Un dernier regard en direction de Vaillant me permet de comprendre que c’est la seule chose à faire et sans aucun doute, la meilleure pour mon ami. Je n’ai pas le droit de le laisser souffrir.
— On lui abrège ses souffrances.
Je déclare en caressant sa tête posée sur mes genoux.
— Tu veux venir près de moi ?
— C’est gentil Papa mais je reste près de lui. Je l’accompagne jusqu’au bout.
Mon père s’approche, posant sa main sur mon épaule en guise de soutien. Après avoir sorti le nécessaire, le vétérinaire nous indique qu’il va piquer, me laissant une dernière occasion de dire au revoir à mon ami. Une dernière caresse sur le front, un dernier je t’aime… Le vétérinaire plante l’aiguille dans son encolure. Je passe mes mains partout sur sa robe, espérant que cela l’aide à partir en paix. J’entends sa respiration ralentir encore et encore jusqu’à ne plus l’entendre.
— Merci pour tout, mon cheval.
Je murmure une dernière fois à l’intention de Vaillant avant de me relever pour pleurer dans les bras de mon père qui me frotte le dos.
— Je suis désolé ma puce.
— Ce n’est pas ta faute Papa. Je m’y suis préparée, je savais qu’il allait bientôt partir mais… J’espérais que ça ne serait pas de cette façon.
— Je le sais ma chérie.
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