La Guerre des mondes
Encore un jour, qui doit être le dix ou onzième, peut-être. Il est difficile de garder les repères habituels de nos quotidiens. Au moins est-ce difficile pour moi. Forcé à l'immobilisme, le temps s'écoule différemment. Habitué depuis des décennies à me lever tôt, je me heurte dès le premier pas du jour à un vide d'activité que je ne sais pas combler par autre chose. Le bricolage, certes, comme la quasi-totalité des hommes qui n'aiment pas rester les mains dans les poches... Cependant, la bricole, en plus d'être entravée par ma proverbiale incapacité à planter un clou sans me blesser, est empêchée aussi par les interdictions de circuler, sans compter les réseaux de distribution qui ne fonctionnent pas, mal, ou avec des délais de livraison auxquels nous ne sommes plus habitués.
Alors, tasse de café à la main, je me plante devant la télé et je zappe. Entre les émissions de merde et les reportages pourris, j'ai vite fait le tour des chaînes. Bien entendu, il n'est question que de morts, de patients gravement atteints qu'on transporte par avions, par trains, par bateaux même, vers des centres médicaux dans l'espoir de les en faire sortir autrement que les pieds devant. Litanie médiatique exclusivement concentrée sur la maladie du siècle. Les plus cyniques attendent probablement de totaliser plus de cinquante millions de morts, ce qui constituerait un nouveau record, précédemment tenu par la trop triste grippe espagnole de 1918. Beurk !
Et puis je tombe sur une chaîne de télé qui ne parle que de pognon, d'entreprises du CAC40, qui jongle dans ses commentaires avec des centaines de milliards en euros, en dollars, en livres Sterling. J'en chope presque le vertige. Alors que mes préoccupations égocentrées se focalisent sur mes maigres économies qui risquent de vite disparaître si l'Etat ne joue pas son rôle pour protéger son peuple, je n'entends là que des journalistes qui interrogent les patrons des plus grandes sociétés.
Les pertes financières, pour les compagnies aériennes, par exemple, se chiffrent déjà en centaines de milliards. La trop célèbre crise de 1929 ne serait que du pipi de chat comparée à celle que nous traversons. Puis, au fur et à mesure qu'ils étalent le désastre sous mes yeux, les journalistes me paraissent tenir un langage différent des commentateurs habituels des autres chaînes de désinformation.
Ce pourrait-il, et j'ai tendance à y croire de plus en plus, que le Covid19 ne soit que l'arbre qui cacherait une forêt de calamités qui, si la population mondiale en prenait connaissance, précipiterait la planète dans le plus parfait des chaos ?
Les chiffres s'affichent sur l'écran : 252 milliards de pertes pour les avions, plus d'un million de nouveaux inscrits sur les listes des chômeurs dans le pays, 5 millions d'emplois définitivement perdus en Chine, etc.
Et si le Covid ne servait qu'à occuper et confiner les foules populaires pendant qu'éclate la "bulle financière chinoise", annoncée depuis des années par les spécialistes et redoutée par tous les opérateurs boursiers ? Regardons les choses autrement, je veux dire autrement que ce que tous les chefs d'Etats veulent nous faire voir, voulez-vous ?
Le Président parle de guerre, ne parle plus, d'ailleurs, qu'en termes militaires ; mobilisation, première ligne, hopital de campagne, unité nationale, etc. Il en vient même à proposer la création de bons d'investissement pour soutenir...l'effort de guerre médical. Et ses subalternes ne parlent pas autrement, tous faisant assaut de discours où les "fronts" le disputent aux "ripostes" ou aux "contre-attaques"...
Oui, nous sommes bien en guerre. En guerre financière, pas encore économique puisque les entreprises sont presque toutes à l'arrêt. Les géants de la bourse mondiale sont en train de se taper sur la gueule dans un silence absolu. Des fortunes changent de main, puis reviennent dans l'escarcelle de leurs propriétaires initiaux, amputées ou renforcées. Les nations les plus riches se réunissent encore pour élaborer de nouvelles "stratégies" d'adaptations ultra-réactives pour contenir les effets sismiques d'un tsunami financier sans précédent.
Oui, alors qu'hier encore je me sentais prêt à pendre tous les affreux dirigeants du monde, avec leur insupportable arrogance ; leurs magouilles à peine dissimulées pour gagner la course aux remèdes à la poudre de perlimpinpin ; les lois qui passent par ordonnance pour terminer la destruction des règles salariales, et leurs horribles costards à quinze mille balles pièces, je ne suis plus aussi sûr de ma rancoeur.
Il est déjà évident que les conséquences de ce que nous traversons aujourd'hui, en toute tranquilité dans nos salons, seront gravissimes.
Covid 19 serait alors le fer de lance d'une stratégie qui vise peut-être à empêcher le déferlement des millions de chômeurs que créé l'implosion en Chine d'une bulle financière de taille planétaire. L'usine mondiale, comme la surnomment les spécialistes, vient de péter les plombs. Et le fameux effet domino, la chute successive de tous ceux qui se sont imprudemment et presque totalement reposés sur la fausse bonhommie de l'Empire du Milieu, se déroule sous nos yeux, presque au ralenti, dans un slow-motion médiatique encore jamais vu.
Contenir les peuples, retenir les foules, confiner les masses brusquement inutiles de bras et de têtes sans importance aux yeux des plus puissants deviendrait alors une priorité absolue pour tenter d'empêcher un embrasement général du monde, pendant qu'ils régleraient dans les coulisses un conflit dont aucun commerçant ne veut.
Théorie de merde, me dis-je. Et pourtant...
Putain, j'ai mal à la tête ce matin. En plus d'avoir le cafard, en plus de me faire chier chez moi, en plus de me rendre toujours plus insupportable aux yeux de ma femme, voilà que j'ai le caberlot qui fume.
A mettre sur le compte des symptômes du Covid ?
Et puis merde ! Je vais aller fumer une clop dans le jardin.
A suivre...
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