Corporalité déchirée, intérieur dévasté, désintégration temporelle. Dériver depuis toujours sans repère stable. De planète en planète, je visite les étoiles à la recherche de cet oxygène précieux qui embrase mes poumons et mon âme d'un incendie fiévreux autant qu'insatiable.

Détruis donc tout ce qu'il te plaira, pyromane sans l'once d'une humanité. Des flammes et des cendres depuis aussi loin que je me souvienne, mémoires d'une enfance étrangère à moi-même. Sous mes doigts marqués de tes empreintes, la peau de mon visage fond, croûle sous la pression suffocante de tes étreintes indésirables.

Tellement besoin d'atteindre cet extincteur qui me semble vital et pourtant si lointain, là maintenant. Devrais-je me taire et hurler en silence pendant que la forêt de mes connexions mnémoniques s'enflamme, arbres calcinés des feuilles aux racines ? Ou au contraire exprimer la profondeur de cette dévastation invisible qui me laisse fiévreux et insécure, comme un jouet brisé ?

Je t'ai pardonné, que veux-tu de plus ? Tu m'as déjà pris bien trop de choses et de place, donné de l'amour pour mieux me le retirer l'instant d'après, tenté de propager ta haine en moi. Je ne serai pas la torche qui allumerai mon propre bûcher, même s'il faut lutter, même si ça m'écorche.

Et lors de mes plus terribles nuits, quand tu dépasses le tolérable, garde bien en tête que chaque insomniaque agonie que tu m'infliges ne me rend que plus capable de me libérer du piège de ta toile, et plus proche de me changer moi-même en étoile.

Solidarité à toutes les étincelles qui ne demandent qu'à briller !