Chapitre 3

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Mercredi, 11h30, université d’art plastique.

Ce fut la pause déjeuner pour la classe de Katherine. La jeune femme cacha ses affaires dans son sac avant de se diriger vers le réfectoire, son ventre gargouillait déjà. Le lieu était simple ; le parquet en bois foncé luisant donnait un air élégant et se mariait parfaitement avec les murs beiges ; les tables longues étaient disposées ici et là et invitaient chacune huit personnes à s’y s’assoir ; les grandes fenêtres en pvc laissaient entrer les derniers rayons de soleil avant la saison hivernale.

La jeune femme s’installa à son habitude ; à une table vide, au coin de l’immense salle. Seule, elle savait que personne ne viendrait l’embêter durant le déjeuner, trop occupés à se goinfrer de cheese et de tacos. Elle ne les comprenait pas, certes, ces sandwichs avaient un bon goût, mais de là à en manger tous les jours, ils devaient être complètement fous ! Elle posa son sac sur la table et en sortit sa boite de déjeuner bleue claire, l’ouvrit et laissa découvrir sa salade au thon qu’elle avait confectionnée avec soin, la veille. Le point positif, c’était que ce genre de repas n’avait pas besoin d’être réchauffé, en même temps, Katherine avait du mal à se voir traverser toute la salle pour utiliser le microonde –plusieurs personnes faisaient déjà la chaîne.

Son déjeuner à moitié entamé, la jeune blonde souhaitait que cette tranquillité perdure au moins jusqu’à la fin de la journée, jusqu’à la fin de l’année osait-elle espérer. Néanmoins, elle eut à peine cette pensée qu’une personne vint s’assoir à sa table sans même lui avoir demandé son autorisation. Katherine dévisagea le nouvel arrivant et eut un léger sursaut en découvrant l’étudiant de la dernière fois ; le bel inconnu blond.

Katherine se fit violence pour ne pas souffler bruyamment. Parfois, elle se disait que l’éducation prodiguée par ses parents était bien trop parfaite pour cet établissement. Bien qu’embêtée, elle ne prononça aucun mot, observant seulement ce jeune homme qu’elle trouvait bien impoli. Bien sûr, la blonde n’oublia pas l’évènement qui s’était produit deux jours auparavant.

« Je t’attire tellement que tu n’arrives même plus à détacher ton regard de moi ? Demanda-t-il sur un ton qui se voulait charmeur. »

Arrogant aussi, nota-t-elle dans un coin de sa tête. Blasée, Katherine baissa les yeux vers sa salade et n’eut plus aucun appétit. En une fraction de seconde, elle se leva de table, réajusta la chaise et quitta le réfectoire sous le regard surpris du jeune homme. Arrivée au jardin qui fut à moitié plein, elle trouva une place libre sous un arbre jaunie par la saison. Elle s’y installa, les écouteurs placés dans ses oreilles et sa salade posée à côté d’elle. Son sac en main, la jeune femme prit son cahier à page blanche, un crayon et une gomme. Il était temps qu’elle réfléchisse à son examen, s’inspirer et dessiner des croquis en à peine deux mois était une tâche difficile, il fallait qu’elle trouve une source d’inspiration, en faire un dessin grossier et le donner à son enseignant.

« Il me faut plusieurs jours pour trouver un thème, au moins une semaine pour trouver un angle adéquat et une autre semaine pour tout finaliser. Murmura-t-elle pour elle-même. »

Ça avait l’air tellement simple lorsqu’elle énumérait les tâches, seulement, avec les autres cours et les tests à venir, ça ne sera pas facile pour la jeune peintre. Elle ne pourra pas se concentrer sur un seul module à 100%, il lui fallait du temps, beaucoup de temps. Katherine soupira avant de se laisser adosser contre l’arbre et contempla le ciel clair, plus que quelques jours avant que l’automne ne disparaisse et laisse place à l’hiver. C’était une saison que la blonde affectionnait beaucoup, bien qu’elle ne pourra plus porter ses robes pendant un moment, ses longs manteaux avaient été assez cachés dans l’armoire, ils devaient être poussiéreux à l’heure qu’il est. Je les enverrai au pressing avant la fin du mois, se promit-elle.

Sentant ses paupières s’alourdir, elle eut le réflexe de vérifier l’heure sur sa montre. Il lui restait encore trente minutes avant le début du prochain cours, la jeune femme s’octroya une petite sieste de quinze minutes. Toutefois, à peine les yeux fermés qu’une voix masculine l’interpella ;

« Je crois qu’on ne s’était pas encore présenté. »

Katherine ne daigna même pas ouvrir les yeux, sachant pertinemment de qui il s’agissait. Cet inconnu avait bel et bien l’intention de la suivre comme un chien, ou c’était comment ? Faisant semblant d’être dans les bras de Morphée, la blonde attendit que le jeune homme s’en aille. Seulement, elle le sentit s’adosser à côté d’elle, prenant soin de ne pas s’assoir sur ses affaires.

« Je m’appelle Eric. Commença le jeune blond, prêt à monologuer. J’ai 23 ans et j’étudie la sculpture. Je t’ai vu plusieurs fois passer prêt de mon département et te voyant toujours seule, je me suis dit, généreux comme je suis, de te tenir compagnie le temps que tu te fasses des amis. »

A ce moment-là, Katherine voulut que la terre l’engloutisse toute entière. Pourquoi ne la laissait-il pas tranquille ? Qu’avait-elle fait au bon Dieu pour être dérangée par un homme aussi arrogant que lui ?

« Je crois que c’est ton tour de te présenter. Fit-il en la fixant de ses yeux bleus azurs.

-Si je le faisais, vous me laisseriez tranquille ? Demanda-t-elle avec une voix pleine d’espoir de se débarrasser de lui.

-Ca dépend, si j’aime ta réponse, je pourrais continuer à te coltiner tout au long de l’année.

-Katherine. Répondit la blonde en grimaçant discrètement face à la réplique du jeune homme.

-Et ?

-C’est tout ce que vous saurez de moi.

-C’est dommage…Vois-tu, débuta-t-il en se relevant et époussetant son pantalon, ça ne fonctionne pas comme ça. Mes amis m’ont lancé un défi comme quoi je pourrais te rendre folle amoureuse de moi et j’ai bien l’intention de réussir. »

Ecarquillant les yeux, la jeune femme ne sut quoi répondre. Elle venait d’avoir la confirmation sur ses doutes ; les hommes de cette université étaient de vrais gamins sans cervelles. Inspirant profondément, elle lança un regard blasé vers ledit Eric.

« Vous vous rendez compte que vous m’avez dévoilé votre « secret ». Fit-elle remarquer en commençant à ranger ses affaires.

-Et alors ? C’est pas comme si ça allait changer quoi que ce soit. Tu verras, tu succomberas à mon charme avant même que tu ne le réalises. Répondit ce dernier en prenant congés. »

Katherine resta bête un instant avant de sentir une colère monstre monter en elle, depuis quand était-elle devenue une source de divertissement pour les hommes ? Avant d’être une femme, c’était une personne et elle apprécierait grandement qu’ils la considèrent comme tel. Soufflant un bon coup, elle s’encouragea à rejoindre son prochain cours, se disant qu’il ne lui restait que trois heures avant la fin de la journée.

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