Chapitre 32 : La goutte de trop.
Ploc.
La goutte s'écrasa sur les phalanges de Nice. Une autre tomba sur la faïence du lavabo quand elle essuya le pourtour rougi de ses yeux. Elle attrapa le bord du meuble et s’y appuya, la tête basse. L’écoulement ne s’arrêtait pas. Son dos, pris de secousses régulières, s’affaissa de plus en plus. Elle prit une profonde inspiration et agrippa sa chevelure noire à la base de sa frange. Face au miroir, elle se noya dans son ténébreux reflet. Ses prunelles reluisaient dans le noir, la pénombre lui servant de cachette, telle une petite souris. Seule la mince ouverture de la porte permettait à la lumière d’éclairer son museau trempé. Elle serra les poings, refusant de faillir, mais c’était trop dur. Cette situation la dépassait. Cela ne lui ressemblait pas.
Dans un reniflement, sa poitrine se compressa. Nice serra les dents pour n’émettre aucun bruit. Le week-end chez ses parents avait laissé place à une dispute entre ces derniers. Ils ne dormaient déjà plus ensemble, leur complicité d’antan envolée. Le travail les séparait à mesure des années et malgré cette distance, les rares retrouvailles au bercail menaient à un conflit.
Leur fille recula à tâtons, cherchant à se laisser tomber sur la cuvette. Un peu plus et le terrier du lapin l’engouffrait. Maladroitement, elle se rattrapa au bord de la toilette, des sueurs froides dans le dos. Une fois assise, la planche descendue, elle emprisonna son visage dans ses mains. Par sa petite taille, elle touchait à peine le sol. Depuis la pointe de ses pieds, l’anxiété prenait ses jambes qui ne cessaient de trembler. Les cris montaient crescendo. L’envie de ne plus les entendre fut coupée par les élans d’agressivité qu’il y avait dans leurs voix. Son instinct poussa Nice à se placer au niveau de l’entreporte.
Qu’est-ce qui les déchiraient autant ?
- Tu te payes vraiment de ma tête ?! Je veux savoir où tu étais !!
- Je te l'ai déjà dit cinquante fois : Avec-les-partenaires ! Au restaurant !
- Tu mens !
- Mais…
La patience quitta Michael.
Entre les fauteuils, il resta les mains placé sur les côtes, dévisageant sa femme avec aisance. Il les ôta ensuite.
- … Non, déclara-t-il en se pinçant l’arête du nez. Je n’en peux plus de cette conversation. J’arrête là, dit-il en cherchant à quitter le salon.
- Alors tu fuis ?! le rattrapa Stella en lui faisant barrage. C’est bien la preuve que tu n’es pas honnête ! Michael ! Tu vas me dire…
- Je ne vais rien te dire, parce que je n’ai rien à t’avouer, dit-il d’un ton strict, en écrasant son pouce et son index ensemble. Je ne sais pas où tu as été chercher…
- C’est Victor qui me l’a dit. Je lui ai demandé… naïvement, cracha-t-elle hors de ses lèvres, comment il avait apprécié le repas. Sauf qu’il n’y a jamais eu de repas. Ça ne sert à rien de mentir. Tu verrais ta tête, dit-elle en le détaillant sévèrement à son tour. Tu n’étais pas comme ça avant. Avant, tu ne mentais pas. Dis-moi où tu étais.
Michael leva les yeux au ciel. Il niait en bloc.
- À croire que ça ne t'est jamais arrivé de vouloir prendre du temps pour toi, lâcha-t-il en détournant son visage et en remontant les manches de sa chemise. J’ai utilisé l’excuse du restaurant, oui. Parce que je voulais être seul, appuya-t-il distinctement sur ce dernier mot.
- Apparemment, ça t’arrive souvent. Victor…
- Oh, Stella arrête. Il te monte la tête ! Et ce n’est pas anodin venant de sa part, il a toujours eu des vues sur toi.
- … Qu’il en ait seulement ! Au moins lui a l’audace de me regarder !
- Quelle audace. En effet.
- Co… Comment peux-tu être aussi méchant ?
- Parce que tu ne me lâches pas ! Si je me sentais bien à la maison, je n'aurais pas de raison de vouloir m’évader.
- Ah, parce que c’est de ma faute maintenant ?! Je n’ai rien fait qui mérite un tel comportement de ta part ! C’est toi qui t’éloignes pour je ne sais quelle raison… On ne dort même plus ensemble…
- Je te demande pardon ? fit Michael d’un ton passif agressif en se glissant au plus près de sa femme. Qui c'est qui a commencé à déserter le lit tous les soirs ? Qui ne me rejoint pas quand elle rentre…
- Parce que tu ne me touches pas ! Je pensais que ça te ferait réagir, mais… J’ai abandonné depuis longtemps, dit-elle en baissant les yeux noisette dont Nice avait hérité.
Michael se recula en surélevant ses mains. Elles claquèrent sur ses cuisses quand il les laissa tomber, abasourdi.
- Mais le problème ce n’est pas le sexe, Stella. “Tu ne me touches plus”, ça t'étonne tant que ça ? lança-t-il, un de ses sourcils se courbant vers le bas.
- Ne me prends pas de haut, rétorqua-t-elle, sachant pertinemment où il voulait en venir.
Il se mordit les lèvres, puis secoua la tête, désapprouvant. Il était excédé. Les cent pas le prirent ensuite, un doigt attaché à son pantalon. La tête basse, ses traits devinrent plus stricts.
- Je vais te dire ce que c’est le problème. Depuis le début…
- Je sais bien ce que tu vas…
- Alors, si tu sais, tu n’avais qu’à me laisser plus de liberté !
- Pourquoi ?! C’est quand même normale en tant que femme de vouloir savoir où se trouve son mari !
- Mais ce n’est pas comme si tu ne l'aurais pas su ! Je te demandai une chose : de voir au moins Elliot ! De me laisser respirer, voir mes amis de temps en temps, mais tu m’as emprisonné !
- On revient là-dessus, encore ?!
- Bien sûr que oui ! C’est mon meilleur ami !
- Oui, c’est ça et un jour tu allais voir ton ami, puis qui me dit que tu n’aurais pas été voir ailleurs !
- Parce que je n’avais aucune envie de te mentir ! J’ai toujours été honnête avec toi. Que ce soit Elliot ou mes collègues, pour les voyages d’affaires, tout le temps… Tu as été sur mon dos, alors que je t’expliquais mes attentes. Dans nos rapports aussi, leva-t-il les sourcils. Tu t’en plains, mais tu n’as jamais pensé à moi. Puis, tu déloges ? Tu fouilles dans ma vie privée, dans mon téléphone, mes contacts ? Ne t’étonne pas que ce soit ainsi entre nous et que je n’ai plus envie de venir vers toi. C’est peine perdue.
- … Quand tu parles de cette façon, enchaîna-t-elle tout de suite. J’en arrive presque à croire que tu ne m’aimes plus.
Ces mots-là, Michael eut l’impression qu’ils venaient le sauver d’un mariage emprisonnant. Il releva ses yeux dans les siens après un temps à fixer le sol. Stella attendait une réponse, ses doigts s’entremêlant. Impossible de mentir. La bague qu’elle portait n’avait aucun sens pour lui.
- Tu crois bien.
Il avait employé un ton plus dur qu’il ne l’aurait cru. Il vit le visage de sa femme se décomposer. Comment pouvait-elle encore être étonnée ? Alors qu’ils avaient tout d’étrangers. La mâchoire de Stella était pourtant bel et bien tombée, à l’inverse de sa chevelure noire parfaitement coiffée sur ses épaules. Elle n’était pas bien grosse, menue. Nice avait hérité de nombreux de ses traits, aussi de sa perspicacité et de sa tenacité. Démunie, au milieu de son salon, Stella le foudroya sur place.
- … Et donc, tu me trompes. Bravo. J’espère que tu es fier de toi. Avec elle, j'imagine ? l’interrogea-t-elle en se grandissant.
Cet acte, pour cacher son humiliation, était vain, la peine se lisant dans ses yeux. Nice avait quitté la salle de bain, se rapprochant du salon à petit pas. Celle-ci s’était figée, extrêmement choquée par la tournure des événements. Elle n’en revenait pas des paroles de son père.
- Non. Ça n'a rien avoir avec elle.
- … Alors tu couches avec des femmes de manière totalement aléatoire… Je parie qu’Eglantine, ton si grand amour, dit-elle avec ironie, serait ravie de l’apprendre.
Un frisson parcourut l’échine de Michael en voyant sa femme s’emparer du téléphone fixe. Il fit barrage pour s’en emparer. Ils se disputèrent quelques secondes l’appareil, jusqu’à ce qu’il arrive à lui arracher des mains.
- Je t’ai dit que ça n’a rien avoir avec Eglantine, gronda Michael. Tu veux savoir si je te trompe…
Le couple avait l’impression que le sol se fissurait en dessous de leurs pieds. Il avait commis l’irréparable. Les murs tremblaient. Elle ne pouvait le supporter. Nice se recroquevillait dans son coin, les yeux exorbités.
- Oui… souffla-t-il en la fixant, le téléphone serré dans sa main. Oui, je te trompe.
Contrairement à ce qu’il avait pu imaginer, cela ne lui fit aucun bien de l’avouer. Une larme dévala la joue de sa femme. Brisée, elle se jeta sur lui et le poussa de toutes ses forces. Michael ne bougea presque pas d’un pouce, emprisonnant son épaule pour l’obliger à garder une distance. Dans une autre tentative, Stella se bouscula elle-même. Elle prit du recul.
- Tu me dégoûtes !! Comm… Comment tu peux… ! Je n’ai même pas les mots !! s’écria-t-elle avant d’émettre une longue plainte douloureuse. Toi et Eglantine…
- Combien de fois vais-je devoir te dire que ça n’a rien avoir !
- Si !! Cela a à voir ! Tu me l’as dit… Au début, que tu n’arriverais jamais à l’oublier…
- Et c’est vrai.
Stella éclata comme une bombe. Elle se rua à nouveau sur lui. Michael attrapa ses poignets.
- Tu n’es qu’une merde !! Une sombre… merde ! Tu ne pouvais pas l’avoir elle et au lieu de faire des efforts pour nous… Tu n’as rien fait ! Tu as lorgné sur une femme inaccessible !! Tu te plains de moi, mais tu n’as jamais pensé une seule seconde à moi, à mes besoins, mes envies… Alors… Oui !! hurla-t-elle. Oui, j’avais la peur au ventre ! Parce que j’avais peur à tout moment que tu rejoignes cette…
- Je t’interdis…
- C’est moi qui t’interdis ! Tu m’as trompée, Michael ! Parce que tu n’as jamais su décoller tes yeux d’elle pour me regarder, moi. Dieu que vous allez bien ensemble, je suis certaine que tu l’as revue. Eglantine Akitorishi, rit-elle ouvertement. Elle qui est soi-disant pure, réservée, pleine de valeurs… Tu parles ! Quelle mascarade ! Elle a toujours attiré tous les hommes et elle en joue… Ça se voit à son regard que c’est une tentatrice, sous ses airs…
Le dédain qu’il aperçut dans ses yeux à propos d’Eglantine, le fit vriller à son tour. Il resserra ses doigts autour de son poignet. Stella poussa un cri de douleur qui alerta sa fille. Les poils de Nice se hérissèrent. Les mille picots qui traversèrent son corps l’amenèrent à s’intercaler :
- Arrêtez !!!
***
La grande dame aux cheveux d’argent n’avait pas compris la réaction de sa meilleure amie : “Tu plaisantes, j’espère ?” Cette question avait ricoché dans sa face, entendant à la voix de Katerina que la nouvelle lui déplaisait. N’aurait-elle pas dû être contente pour eux ? Visiblement, non. Tel un mustang, elle s’était levée pour la défier dès l’instant où elle avait appris. Il n’en fallut pas plus à Eglantine pour saisir qu’elles ne s’entendraient pas. Il n’y avait rien d’étonnant : c’était une femme trompée.
Confortablement assise, bien qu’elle se sentit minuscule face à l’intensité qu’elle émettait, elle se redressa dans le fauteuil tout en délicatesse :
- Non, je ne plaisante pas. Nous nous sommes revus, lui répondit-elle de sa voix la plus calme.
- Tu l’as revu ? reprit Katerina férocement.
- Oui.
À ce stade, elle ne pouvait que dire la vérité, même si ça n’enchantait pas celle qui la recevait. Une tension s’installa. Marry ne se sentit pas à sa place pour temporiser la situation, constatant la colère de Katerina qui ne délogeait son regard des grands yeux bleus de son amie.
- Quand tu dis que vous vous êtes revus… ? l’interrogea Blear, sans finir sa phrase.
- Il y a longtemps, nous nous sommes recroisés lors d’une soirée événement et… nous avons… fini à l’hôtel, expliqua-t-elle brièvement.
- Quand ça ? demanda Marry, intéressée.
- Il y a quelques années déjà. Nous nous sommes rejoints en Thaïlande dans les mois qui ont suivi...
- C'était donc la belle vie, répondit Katerina, sarcastique. Et après ? l'invita-t-elle à poursuivre d'un mouvement de tête sans prendre en compte sa mine contrit.
- Plus rien. Nous avons décidé d'être raisonnables, jusqu'à…
Katerina attendait avec impatience de découvrir depuis quand sa copine entretenait une relation secrète.
- Jusqu'à notre dernière réunion tous ensemble. Nous nous étions promis d’en rester là, mais… Quand on se revoit, c'est inévitable.
- Mais ça fait des mois ! Ça veut dire que depuis… - elle compta dans son esprit - En décembre, ça fera un an ! Et tu n'as rien dit ?
- Écoute…
- Non, Eglantine. Je ne vais pas écouter. C'est toi qui va le faire.
Cette dernière se leva pour se mettre à la même hauteur, soulevant les pans de sa robe avant de lui faire face. Elles étaient proches, plongées dans les yeux de l’autre.
- Je n’apprécie pas la manière dont tu me parles.
- Et je n’adhère pas du tout à ton comportement.
Déçue, Eglantine la contourna. Elle posa son regard sur Marry.
- Je ne comprends pas. Pourquoi est-ce que ça te fâche ? lui demanda-t-elle, toujours en gardant sa sérénité.
- … Tu ne vois pas le problème ?
- C’est-à-dire ? Si c’est parce que je ne vous ai rien dit, il y a une bonne…
- Tu ne vois vraiment pas le problème dans le fait de tromper ton mari ? Et dans le fait que Michael fasse exactement la même chose de son côté ? Et ça, depuis presque un an ! se fâcha-t-elle.
Enfin, la paix sur le visage d’Eglantine s’estompa. Entre ses doigts, elle effila sa chevelure.
- J’ai conscience… de ce qu’est un adultère, si c’est ce que tu veux savoir. Je tiens tout de même à dire que nous ne voyons qu’une fois par mois…
- Oh, waw !!
- Arrête ! céda-t-elle à la colère. Oui, je sais que c’est mal ! Mais c’est comme ça ! C’est plus fort que nous.
- Et sous prétexte que…
- Tu n’as rien dit pour Marry et Chuck, lui coupa-t-elle l’herbe sous le pied. Pourquoi ? se reprit-elle. Pourquoi quand c’est eux, tu rigoles et quand c’est moi… tu émets un jugement ?
- … Parce que… - elle n’avait pas d’excuse valable -... eux deux c’était sûr, dit-elle en levant les yeux au ciel. Ils sont immoraux.
- He. Je vous entends, répondit la concernée, de manière blasée, Blear encadrant son genou pour la réconforter.
- Mais c’est la vérité. Vous avez toujours été… à la limite durant notre adolescence, à jouer l’un avec l’autre. J’ai abandonné l’idée que vous soyez… raisonnables ? Bref ! Ce n’est tout simplement pas la même chose !
- En quoi ? chercha Eglantine à lui faire cracher le morceau, tout en se montrant de plus en plus méfiante.
- Parce que ce n’est pas toi ! Tu n’es pas comme ça.
- Tu te trompes. La preuve, nous nous voyons.
Katerina bouillonnait. Comment pouvait-elle tenir un tel discours ? Elle ne supportait pas que sa meilleure amie agisse de la sorte. Elle ne voulait pas la savoir à l’origine du malheur de quelqu’un d’autre. Cela la mettait hors d’elle, au point de la provoquer :
- Alors, c’est ça… Tes fameux projets ? Qui font que tu ne peux collaborer avec nous ? Tu t’envoies en l’air tous les mois avec Michael ?
- Katerina ! s’offusqua-t-elle.
- Quoi ! C’est la vérité ! Si elle te déplaît, c’est parce qu’au fond tu sais que tu fais quelque chose de mal ! Est-ce que seulement tu sais ce que ça fait ?? De se faire tromper ?
Sa voix se brisa.
Elle restait marquée par les fautes de son ex-mari.
- À quel point… on se sent salie ? Eg… Je sais que c’est dur, que vous vous aimez, mais… Ça fait mal, dit-elle avec souffrance. Tu penses à ton mari ? À Stella ? Ils ne méritent pas qu’on fasse ça dans leur dos et les enfants… Selim ne montre pas grand-chose, mais il a été choqué de l’apprendre.
Une vague de colère traversa Eglantine, qui incomprise, éclata :
- C’est bien parce que je pense aux enfants que je ne dis rien ! Tu parles de mes projets… Tu les dénigres sans savoir, alors que… !
- Il n’y a rien qui justifie une tromperie.
- Si tu voulais m’écouter, tu comprendrais…
- Non, je ne veux pas. Tu me déçois beauc…
- Je veux briser la loi !!!
Son hurlement l’arrêta net. La vision soudaine de la jeune Eglantine, peu confiante et sur la réserve, aussi. Elle respirait fort : s’énerver ne lui avait jamais réussi, de sa faible condition. Elle déposa une main sur sa poitrine, les joues rouges.
- … Comment ? fit Marry qui se leva, aussi interloquée que Blear.
- Je vais me présenter aux prochaines élections. Si j’arrive à la tête du canton de Genève, j’aurai une influence politique plus importante. Si je m’élève plus haut, d’ici quelques années, je pourrai agir sur la constitution et nous débarrasser de ces lois.
Blear encadra son menton. Elle pensa que ça prendrait du temps et que ça ne fonctionnerait que si elle était élue. Elles le pensaient toutes.
- … Et c’est ça, ta raison ? la reprit Katerina.
- Réfléchis un peu ! Même si c’est long, si aucune d’entre-nous ne s’y colle, je ne vois pas comment nous pourrions récupérer notre liberté. Je n’en peux plus de devoir attendre pour vivre avec Michael…
- Tu pourrais très bien confronter tes parents.
- Oh oui, c'est vrai, je pourrai. J’ai assuré mes arrières. Mais est-ce une raison pour laisser ces lois en suspens et nous gâcher la vie, ainsi que celles de nos enfants et des générations à venir ? Il y aura toujours quelqu’un pour pâtir de la situation et j’ai beau vouloir être de nouveau avec Michael, si mon fils ne peut faire de même avec Laure… Je ne vois pas l’intérêt. Je veux en finir avec ces lois. Tu parlais de Jonas. Certes, il ne sait pas pour Michael, mais il n'y a pas de quoi s'inquiéter. Nous ne sommes plus ce que nous pouvons appelé un couple aujourd'hui. Nous sommes d'accord sur ce point. Cela fait un moment qu'il passe son temps hors de la maison...
- Plutôt pratique pour accueillir Michael, j’imagine…
- Kat, je t’en prie ! Essaye de me comprendre ! Si je ne révèle pas notre relation au monde, c’est parce que je ne veux pas que les citoyens pensent que je m’inscris aux élections seulement pour briser les lois. Il faut qu’ils croient en moi !
- Sauf que ça Eglantine, c’est de la manipulation ! Car oui, c’est exactement la raison pour laquelle tu veux te hisser au pouvoir. Tu penses que la population ne va pas voir clair dans ton jeu ? Tu penses vraiment qu’ils ne vont pas se douter du pourquoi tu te présentes réellement ? Tu veux mon avis, tu auras bien plus d’intérêt à revendiquer ta liberté en te montrant aux côtés de Michael ! Si, l’empêcha-t-elle de la couper. Vous êtes des gens bien. Ça, tout ce que tu fais là, ça ne te ressemble pas. Je veux bien te soutenir si tu te présentes aux élections, mais fais-le dans les règles. Même si tu n’es pas avec Jonas, tu dois lui dire, ainsi qu’à ton fils et Michael doit faire pareil. En tant qu’amie, je te le dis, c’est la première chose que tu dois faire.
Le monologue laissa place à un long silence. Marry gardait les bras croisés. Elle était d’accord. Il en allait de même pour Blear. Il n’y avait qu’Eglantine dont le regard montrait une grande peine.
- Qu’est-ce qui t’en empêche ? insista Katerina.
- … Rien… Je…
Elle attrapa délicatement une mèche de cheveux, ennuyée. Ses yeux se mouillèrent, dépouillée de confiance en elle :
- J’ai… peur, avoua-t-elle en élevant ses épaules. Je veux que tout fonctionne et j’ai peur que rien ne nous réussisse…
Katerina l’attrapa dans ses bras.
- Ça ira, lui chuchota-t-elle en caressant l’arrière de sa longue chevelure. Tant que tu restes toi-même et honnête, tout ira bien.
- Ce n’est pas évident de s’avouer certaines choses, lança Blear qui rayonnait à la vision de la réconciliation des filles.
- Très juste, fit Marry qui lui emprisonna le bras.
Malgré leurs mots réconfortants, Eglantine ne paraissait pas plus joyeuse, estompant ses larmes à l’aide de son doigt.
Quelque chose la taraudait encore :
- Si je dois être complètement honnête… Il faut que je vous parle de quelque chose. Je comptais vous l'annoncer aujourd’hui. Je vous le jure, enchaîna-t-elle avec un sourire timide quand elle vit l’ensemble de ses copines lui faire les yeux ronds.
- De quoi s’agit-il ? s’en alla Marry, prête à tout entendre.
- C’est… à propos de Louis. Nous avons développé un traitement efficace avec mon labo. Il guérit.
***
Ploc.
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