Chapitre 21

6 minutes de lecture

Eylen se leva, comme à son habitude, en même temps que les premiers rayons du soleil. Elle fit sa toilette matinale, noua son bandeau autour de ses yeux et se prépara rapidement avant de descendre dans la cuisine.

Maria, une petite femme replète aux cheveux brun, âgée d’une quarantaine d’années environ était afféré à préparer le déjeuner du maître.

— Bonjour Maria, la salua Eylen en souriant.

— Bonjour mademoiselle Lyne, répondit la femme en relevant le nez de sa poêle. Je prépare des œufs, installez-vous.

La jeune femme s’assit sur l’une des chaises en bois, elle se servit du café une tasse de lait. Maria lui tendit une assiette d’œufs brouillé et de pain.

— Merci.

La porte se rouvrit d’un coup et maître Marwen fit son entrée, lisant d’une main une lettre, ses fines lunettes posées sur son nez pointu. Ses cheveux châtains coupés court, retombaient en bataille devant ses grands yeux verts. Il s’attabla sans relever les yeux de son courrier et attrapa la première tasse qui se trouvait à sa portée.

— Bonjour mesdames, dit-il en avalant une gorgée de son thé.

— Bonjour maître, répondirent les deux femmes en cœur.

Maria posa une seconde assiette devant l’homme et s’affaira vers la bassine d’eau.

— Tu vas à la bibliothèque aujourd’hui ? Demanda Marween en relevant les yeux vers Eylen.

— Oui, j’aimerais continuer un peu mes recherches.

— Cela devra attendre cet après-midi, je dois aller visiter un patient en fin matinée.

— Bien, je garderai la boutique jusqu’à votre retour.

— Merci Lyne. Heureusement que tu es là.

Eylen sourit discrètement songeant à l’évolution qu’avait pris leur relation en seulement deux ans.

Elle s’était présentée en fin de matinée, au début du printemps, le jour de son arrivée dans la cité. Le voyage avait duré trois jours depuis Abies, la petite troupe d’artiste qui l’accompagnait lui ayant indiqué où trouver la boutique Marwen l’ancien élève d’Elie.

Ce dernier était très réputé dans la cité. Après avoir réussi sa formation de mage, il avait finalement décidé de changer de voie et d’étudier les soins auprès d’Elie. Il était devenu l’un des guérisseurs les plus doué du royaume. On lui avait même proposé un poste auprès de la famille royale, mais préférant s’occuper des roturiers et autres personnes dans le besoin, il avait acheté cette petite boutique d’apothicaire. Il pouvait ainsi s’occuper de ses patients les moins fortunés tout en vendant diverses potions ou plantes pour renflouer les caisses.

À son arrivée, Eylen avait directement donné la lettre à l’homme d’une trentaine d’années. Accoudé au comptoir, il l’avait lu une première fois rapidement, avait jeté un regard étonné à Eylen, avant de relire la lettre une seconde fois.

— Tu es Lyne ?

Eylen avait hésité une seconde, se demandant si Elie avait une passion pour lui trouver de nouveaux noms, puis avait acquiescé.

— Tu tombes très bien ! La vieille Elie me dit que tu es très doué pour reconnaître les plantes et j’avais justement besoin d’une assistante, lui avait-il dit avec un large sourire.

Eylen s’était retournée pour observer la pièce qui ressemblait plus à un vieux dépôt encombré qu’à une boutique.

Le guérisseur avait contourné le comptoir pour lui tendre la main.

— Je suis Marwen un ancien élève d’Elie, mais elle a déjà dû te parler de moi. Enchanté Lyne.

Eylen avait serré la main de l’homme, surprise par tant d’enthousiasme. Elle s’était attendue à ce qu’il se méfie d’elle, la mette dehors, ou au moins lui dise d’enlever son bandeau. Pourtant, il l’avait accueilli avec un grand sourire, lui faisant joyeusement visiter les lieux et sa future chambre, où elle séjournerait.

Il lui avait présenté Maria, sa femme de ménage qui était d'ailleurs l’une de ses anciennes patientes. Ne pouvant payer les soins qu’il lui avait fournis, elle s’était proposée de l’aider au ménage et à la cuisine et c’était une très bonne nouvelle. Le guérisseur était un bordélique compulsif, Eylen se demandait souvent à quoi aurait bien pu ressembler la maison sans l’aide de la petite femme.

C’était d'ailleurs la jeune fille qui se chargeait, depuis son arrivée, de l’organisation de la boutique.

Par la suite, Marwen s’était chargé d’évaluer Eylen et en était venu à la même conclusion qu’Elie : La jeune fille n’avait pas une once d’Energie en elle.

Marwen était un grand mage, il avait d'ailleurs déçu beaucoup de ses maîtres en décidant de devenir guérisseur.

Au cours des deux années qui avaient suivi, ils avaient ensemble tenté d’en apprendre plus sur la magie de la jeune fille. Ils avaient ainsi découvert qu’Eylen, enfin Lyne, ne soignait pas les blessures, elle les absorbait en elle, comme si le mal produisait une sorte d’énergie particulière que la jeune femme pouvait aspirer. Le problème était qu’ensuite, elle souffrait à son tour des maux qu’elle prenait.

Pour ce qui était son pouvoir d’auto-guérison, en réalité, il s’agissait là aussi d’une question d’Energie. Eylen absorbait l’Energie des plantes de pureté pour combattre les douleurs et soigner son corps.

Le mage s’était montré très enthousiaste par ces nouvelles découvertes, expliquant à la jeune fille qu’il existait une multitude d’Energie différentes qui habitait les êtres vivants, les plantes et tout ce qui les entourait. Le pouvoir des mages reposait sur le talent de transformer et modifier ces différentes Energies selon leur volonté. Pour ce faire, ils devaient instiller une partie de leur propre Energie dans ce qu’ils voulaient modifier.

Bien sûr, tout cela était difficile à comprendre pour quelqu’un qui, comme Eylen, était incapable de faire de la magie et donc de la ressentir. Il avait donc utilisé une simple métaphore pour mieux lui expliquer le principe :

— C’est un peu comme lorsque tu prépares une potion ou un remède. Les fleurs que tu utilises n’ont pas beaucoup d’effets si elles sont utilisées seule et telles qu’elles sont dans la nature. Mais si tu les transformes et les mélange entre elles, elles prennent alors de nouvelles propriétés et soignent mieux les blessures.

» Pareillement, si tu ajoutes à tes remèdes des fleurs de pureté, le pouvoir guérisseur de la potion est décuplé voir modifié.

» Lorsque je veux créer une boule de feu par exemple, j’utilise l’Energie stable environnant à laquelle j’insuffle une partie de mon Energie et de ma volonté pour créer une détonation et de la chaleur.

Marwen lui avait d'ailleurs expliqué qu’elle ne serait certainement jamais capable de pratiquer cette magie. Car le peu d’Energie qu’elle absorbait des plantes se dispersait directement dans ses blessures et ne restait pas en elle. De plus, son talent avait des limites : elle était incapable d’absorber cette Energie bénéfique si elle ne souffrait pas.

Il avait néanmoins reconnu le don d’Eylen pour distinguer et différencier les plantes et fabriquer les remèdes et potion, lui laissant cette tâche depuis quelques mois. La jeune fille l’accompagnait même parfois au chevet de certains de ses patients et s’occupait de plus en plus souvent de soigner les petites blessures qui ne requéraient pas l’utilisation de la magie.

Par contre, il refusait catégoriquement qu’elle utilise son don pour absorber les blessures de ses patients. Il estimait, comme Elie que c’était trop hasardeux et dangereux. Préférant pour le moment continuer avec la jeune fille, leurs recherches sur les différentes sortes de magies connues pour en apprendre plus.

Malheureusement, il y avait énormément d’ouvrage traitant de ce sujet à la bibliothèque de la cité et leurs recherches étaient restées au point mort.

Parallèlement, ils avaient aussi commencé à chercher des récits parlant des autres peuples qui pourraient ressembler à Eylenafin de découvrir ses origines, escomptant ainsi trouver un lien avec le don qu’elle avait. La jeune fille avait espéré trouver dans ses nombreuses lectures une référence à Dorogaï. Mot qu’avait employé sur elle l’homme du marché noir de Frozir, mais celui-ci n’était apparu dans aucun des livres qu’elle avait pu lire en deux ans.

Elle se rendait donc régulièrement à la bibliothèque du palais, plusieurs fois par semaine, son maître lui ayant obtenu un laissez-passer pour poursuivre ses recherches.

Une fois leur petit-déjeuner terminé, Marwen s’affaira avec son élève à confectionner diverses potions et laissa à la jeune fille la tâche de ranger ces dernières en rayons, tandis qu’il partait rendre visite à son fameux patient.

Eylen, qui avait fini de tout ordonner, s’affairait donc à vérifier les stocks de la boutique pour décider des prochaines confections et commandes, tout en songeant aux livres qu’elle allait lire dans l’après-midi.

Il était presque midi lorsque la porte s’ouvrit et qu’un client entra sans s’être annoncé. Eylen se retourna, en équilibre sur son échelle pour le saluer.

— Bienvenue, dit-elle en souriant.

L’homme vêtu d’une lourde cape sombre surpris, se retourna vivement tout en portant une main à son épéeet la fixa.

Ses cheveux bruns étaient coupés court, dégageant son visage, sa mâchoire carrée était contractée et ses yeux ambrés la dévisageaient avec méfiance.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire R W ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0