Je respecte la vitesse limitée en traversant le complexe hôtelier dans lequel nous séjournerons une dizaine de jours.

Leandra, Sybille et moi en profitons pour trouver des points de repère dans ce gigantesque village aux multiples allées, bordées de villas toutes aussi semblables les unes que les autres. Sybille détaille déjà un plan remis par une hôtesse d'accueil. Elle s’extasie d’ailleurs sur les nombreux établissements de loisirs dont dispose le parc, si bien que Leandra se sent obligée d’intervenir :

— Je te rappelle que nous ne sommes pas en vacances. Nous sommes venues assister au salon du tourisme et de l’hôtellerie, et de nous trois, tu es celle qui a le plus de boulot.

Comme d’habitude, la douceur de sa voix modère la fermeté du ton qu’elle emploie. Cependant, Sybille, la dure au cœur tendre, est aussi une tête de mule et elle insiste avec toute la rugosité de son timbre :

— Oui, on en reparlera, quand tes pieds seront meurtris après des heures à piétiner dans le parc des expositions.

Notre arrivée à destination met fin à une future et interminable discussion.

— Installons-nous, proposé-je alors que je déverrouille la porte d'entrée, car nous devons encore trouver le supermarché le plus proche si nous voulons manger sans nous ruiner dans les restaurants.

La maison est bien agencée avec ses côtés jour et nuit. Un passe-plat dissocie un beau salon d'une grande cuisine fonctionnelle, deux pièces avec accès à la terrasse. À l'intérieur, un couloir sépare les six chambres et les sanitaires.

J’attends vraiment beaucoup de ce séjour. J’entretiens l’espoir de rentrer en Guadeloupe avec des devis prometteurs et je suis convaincue qu’en prime, nous allons faire des rencontres captivantes. Les personnes avec lesquelles nous allons partager cette villa en feront partie, c’est certain, et nous avons hâte de les rencontrer.

Pour l’instant, priorité au choix de nos chambres et au ravitaillement.

La nuit est tombée, le diner est enfin prêt, il ne nous reste plus que la table à dresser quand j’entends le portail s’ouvrir, puis le ronflement d'une voiture sportive qui s'engouffre nerveusement dans le jardin. Je me hâte de réunir les couverts pour aller saluer les arrivants avec mes amies. Hélas, ils sont plus rapides que moi et font déjà les présentations sur la terrasse. Sybille toussote, une sorte d’étouffement mélangé à un rire contenu, sa manière de me prévenir qu’une surprise m’attend. Leurs voix se rapprochent. Elles frôlent la porte. Ils sont là !