Chapitre 2 : Benvenuti !

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— Nous amorçons notre descente sur l’aéroport de Gênes. Veuillez attacher votre ceinture et relever votre tablette, annonça le pilote dans les haut-parleurs.

James attacha sa ceinture tout en observant l’appareil qui traversait les quelques nuages épars. Les ronflements de Marc attirèrent son attention et il se pencha vers lui pour l'attacher sans le réveiller. Il esquissa un sourire en remarquant que le bandeau de sommeil rose bonbon sur ses yeux était siglé de la marque d’une chatte japonaise très célèbre.

Marc avait dormi la majeure partie des treize heures de voyage tandis que James en profita pour répondre discrètement aux nombreux e-mails de ses avocats. Miranda avait décidé de le poursuivre en justice pour tenter de récupérer la villa ainsi que certains biens familiaux. Une nouvelle qui lui vrilla l’estomac, mais dont il épargna Marc.

Alors que le jet se rapprochait du sol, James se pressa au hublot. Une méditerranée turquoise, étincelante sous les rayons ardents du soleil d’été, lançait ses douces vagues en direction du port de Gênes.

— Eh bien, ça ne manque pas de béton, murmura-t-il avec déception. J’imaginais cela plus… pittoresque.

Tandis que le pilote entamait sa manœuvre d’atterrissage, James soupira en apercevant la tour de contrôle de l’aéroport.

« Ce n’était peut-être pas une bonne idée », pensa-t-il en fronçant les sourcils.

Les émotions des derniers mois lui encombraient encore l’esprit et la vipère Miranda ne faisait rien pour l’aider. James prit une grande inspiration et hocha la tête en attribuant son malaise au fait que les voyages en avion n’avaient jamais été son fort.

Lorsque les trains d’atterrissage touchèrent le tarmac et que le jet commença à décélérer, James souffla de soulagement. L’avion s’arrêta à proximité d’une berline noire à côté de laquelle patientait un homme élégamment vêtu.

James posa sa main sur l’épaule de Marc.

— Debout, la belle au bois dormant. On est arrivés.

Marc releva brusquement la tête, cherchant James à travers son bandeau.

— On est où ? demanda-t-il en sortant un œil.

— On est arrivés en Italie. Dépêche-toi, on nous attend.

Marc releva le masque sur son front et s’étira avant de regarder par le hublot. Le bel homme qui patientait au pied de l’escalier attira aussitôt son attention.

— Qui est-ce ? demanda-t-il les yeux écarquillés.

— Ce doit être Claudio, l’intendant. Je l’ai prévenu de notre visite et il a insisté pour venir nous chercher.

L’homme d’une cinquantaine d’années arborait un Fedora écru sous lequel de longs cheveux grisonnants étaient coiffés en arrière. Son regard azur contrastait avec sa peau dorée par le soleil, tandis qu’une fine barbe grise lui entourait le visage. Une élégante chemise à manches courtes en soie blanche à moitié ouverte sur son torse légèrement poilu laissait transparaitre une musculature dessinée, le tout sur un pantalon en lin beige ceinturé d’une lanière de cuir cognac assortie à ses mocassins.

James attrapa son sac dans le range bagage et au moment de se diriger vers la porte, il remarqua que Marc était absorbé par le bellâtre.

Il se racla la gorge et Marc sursauta.

— Pardon, je… oui… on y va, balbutia-t-il en saisissant son bagage.

Lorsque la porte de l’appareil s’ouvrit, Marc plissa les yeux tant le soleil était aveuglant. La chaleur s’engouffra dans la cabine et il regretta de ne pas avoir choisi de vêtement plus léger. Le temps n’était pas autant au beau fixe à leur départ de New York.

Claudio s’avança vers lui à mesure qu’il descendait les marches.

— Benvenuto, signor James, lança-t-il d’une voix suave, à l’accent italien prononcé. Je vais m’occuper de vos bagages, donnez.

— Merci, Claudio, je suis enchanté de vous rencontrer enfin. Voici mon ami, Marc, répondit James en le désignant de la main.

Lorsque son regard croisa celui de Marc, Claudio dévoila une rangée de dents d’un blanc éclatant. Ses yeux le fixèrent tandis qu’il descendait les dernières marches.

— Benvenuto, signor Marco, souffla-t-il en lui serrant la main avec fermeté.

— Benvenuto à vous aussi… répondit Marc, hypnotisé par la prestance de l’italien.

Claudio éclata de rire.

— « benvenuto » signifie « bienvenue », ajouta-t-il d’un ton amusé.

— Je crois que je vais devoir parfaire mon italien, alors, reprit Marc, ébahi.

— Je peux vous apprendre ?

— D’accord…

— Joli bandeau, lança Claudio avec un clin d’œil.

Marc se figea et arracha aussitôt le masque de sommeil de son front, rouge de gêne.

James observa leur petit manège attendrissant, puis secoua la tête. Il se racla la gorge pour les ramener sur terre.

— Perdonami, signor James. Prenez place, lança Claudio en ouvrant la porte arrière de la berline.

Tandis que James et Marc se mettaient à l’aise, il déposa leurs bagages dans le coffre avant de s’installer au volant.

— C’est très gentil à vous d’avoir proposé de venir nous chercher, le remercia James alors qu’ils quittaient l’enceinte de l’aéroport.

— Avec grand plaisir, signor.

— Je vous en prie, appelez-moi simplement James.

— D’accord, James.

— Vous pouvez m’appeler Marco, reprit Marc avec un sourire niais.

Claudio lui fit un nouveau clin d’œil dans le rétroviseur central et Marc piqua un phare.

James leva les yeux au ciel en pouffant de rire pendant que la berline sinuait dans les rues de la ville.

— Combien de temps pour rejoindre Portofino ? demanda James.

— S’il n’y a pas trop de circulation, nous devrions arriver d’ici une heure, signor euh… je veux dire, James.

— Merci, Claudio.

Marc profita d’un silence pour reprendre la conversation au moment où James se tourna vers la vitre. Les bâtiments anciens se mêlaient aux constructions plus modernes et une foule de gens animait les trottoirs. Au détour d’une rue, le somptueux palais royal de Gênes se dressait devant eux. Un chef-d’œuvre de l’architecture romantique italienne avec sa façade terracotta et ses immenses fenêtres aux volets verts. Un peu plus loin, ils traversèrent la piazza Raffaele de Ferrari autour de laquelle s'étiraient de grands bâtiments à arcades. Son immense fontaine en bronze centrale brillait sous le soleil, tandis que l’impressionnant Palazzo Ducale se dressait fièrement à son extrémité.

James resta bouche bée d’émerveillement.

Lorsque Claudio s’arrêta à un feu rouge, Marc sauta hors du véhicule et s’installa sur le siège passager.

— Ça ne te dérange pas si Claudio m’apprend un peu d’italien ?

James sourit et hocha la tête.

— Évidemment que non. Mais ne le déconcentre pas trop, lança-t-il avec un sourire plein de sous-entendus.

Claudio étouffa un rire discret alors que Marc rougissait de plus belle.

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